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       Émile Gaboriau

      Les cotillons célèbres

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066086237

       I

       LA COUR DE LOUIS XIV.

       II

       PREMIÈRES AMOURS.

       III

       MADEMOISELLE DE LA VALLIÈRE.

       IV

       MADAME DE MONTESPAN.

       MADEMOISELLE DE FONTANGES.

       V

       MADAME DE MAINTENON.

       VI

       LES FEMMES DE LA RÉGENCE. MADAME D'ARGENTON.—LA MARQUISE DE PARABÈRE.

       VII

       LOUIS XV LE BIEN-AIMÉ. LES DEMOISELLES DE NESLE.

       VIII

       LA MARQUISE DE POMPADOUR.

       IX

       LA COMTESSE DU BARRY.

       FIN.

       Table des matières

       Table des matières

      Trois femmes, à elles seules, résument et personnifient le long règne de Louis XIV, ce règne aux fortunes si diverses. La différence de leurs passions, de leur humeur, de leurs goûts, explique et symbolise les changements de politique du monarque. Comme trois génies, elles président aux trois grandes phases de l'existence du roi-soleil.

      La Vallière, l'humble, la timide, la dévouée, c'est l'amour, la poésie, la jeunesse; elle inspire les idées qui peuvent paraître généreuses et chevaleresques. Le soleil se lève, l'horizon se colore de lueurs splendides, on dirait l'aurore d'un grand règne.

      La fière, la bruyante Montespan arrive à l'heure de la toute-puissance; c'est l'épanouissement de la gloire. La France découvre en elle des forces et des richesses ignorées, l'Europe tremble, les courtisans adorent à genoux en se voilant la face. Le vertige d'un orgueil insensé trouble la raison de Louis XIV; alors il foule aux pieds toutes les lois divines et humaines, que dis-je? il croit être lui-même la loi et la divinité. L'astre est à son zénith, il suffit à plusieurs mondes: Nec pluribus impar.

      Avec madame de Maintenon, la huguenote convertie, la prude ambitieuse, Tartufe en cotillons, nous assistons à la décadence. Tout croule, l'édifice prodigieux de tant de fausse grandeur craque et se disjoint. C'est la période du sang et des crimes; on violente les consciences, on massacre de tous côtés, au nom de Dieu et du roi. La veuve de Scarron le cul-de-jatte, c'est l'expiation, le remords, le châtiment, l'anathème; l'avenir est terrible de menaces, le soleil s'éteint dans l'orage.

      Crayonner la vie de ces trois femmes, c'est donc esquisser l'histoire de ce roi qui, pour tant de gens encore, en dépit de toute morale, de toute vérité, de toute justice, est resté le roi par excellence,—le grand roi.

      Grand roi, soit, mais alors seulement comme ceux de la tragédie, monarque au diadème de clinquant, qui de la queue de leur manteau de pourpre balayent les planches du théâtre.

      Et que fut Louis XIV, en effet, sinon un roi de théâtre? Tout son règne est-il autre chose qu'une représentation pompeuse au bénéfice de l'Europe, et dont la France, de son travail, de ses sueurs et de son sang, paie les somptueux décors et les nobles acteurs?

      Poser, voilà la grande, l'unique préoccupation de Louis XIV. Il pose pour la cour, pour la France, pour le monde, pour la postérité; mais là s'arrêtent ses succès. À un demi-siècle de distance, la splendeur de la mise en scène n'éblouit plus. La postérité envahit la scène, fouille dans les coulisses, dans les coins obscurs, dans les dessous et jusque dans le trou du souffleur. Alors, elle trouve les costumes en loques, les masques éraillés, les perruques chauves, les manuscrits des rôles avec les ratures au crayon, et, indignée, elle s'écrie: Comédie! comédie!

      Et depuis des années, on la siffle, cette comédie, que Louis XIV commence dans le Parlement un fouet de poste à la main, pour la finir dans la chambre de madame de Maintenon par la révocation de l'édit de Nantes. On a mis un siècle à élever un piédestal à la statue de Louis, il s'est écroulé en un jour. Il y a longtemps déjà que l'arc-de-triomphe élevé Ludovico Magno s'appelle la porte Saint-Denis.

      On a fait justice, enfin, de ce que tant d'historiens ont appelé le génie de Louis XIV. Un orgueil à peine croyable, une ignorance crasse[1], une infatuation prodigieuse de soi, voilà son génie. À ces trois éléments il a dû sa renommée et ses succès inespérés. Ne doutant jamais de soi, étranger aux connaissances les plus élémentaires, il peut, sans réflexion, prendre un parti, là où n'osent se prononcer les plus hardis et les plus sages.

      «Trancher,» tel est selon lui le dernier mot du métier de roi. Aussi, voyez comme il tranche! pourquoi? parce que tel est son bon plaisir. Pourquoi une décision plutôt qu'une autre? parce que ce jour-là plus pénible est la digestion, ou que la Montespan fait la moue, ou que Lauzun devient insupportable. La cause est toujours personnelle.

      Les autres hésitent, se consultent; lui, jamais. À quoi donc servirait la supériorité de son essence! il a reçu l'omniscience avec la couronne. Lorsqu'il est au conseil, Dieu le père descend du ciel tout exprès pour l'inspirer. Vous avez cru entendre le roi, Dieu lui-même parlait.

      Dans un curieux Manuel, Ad usum Delphini, Louis XIV a pris la peine de nous

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