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Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal. Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
Читать онлайн.Название Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal
Год выпуска 0
isbn 4064066084158
Автор произведения Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
Жанр Книги о Путешествиях
Издательство Bookwire
«Comme les avenues qui conduisent à ces temples sont ordinairement plantées de cyprès, si ces arbres ont eu autrefois, comme parmi les anciens Romains, quelque chose de funèbre, on pourrait dire que les Mias étaient à leur origine les tombeaux des Camis, les seuls dieux que les Japonais ont adorés pendant plusieurs siècles, et que les cyprès ne sont devenus des arbres de bon augure que depuis que ces tombeaux sont devenus des temples pour l'apothéose de ceux dont ils renfermaient les cendres[20]. On monte ordinairement aux Mias par un escalier de pierre qui conduit à une espèce d'esplanade, où l'on entre par une seconde porte semblable à la première, et sur laquelle il y a souvent plusieurs de ces temples ou des chapelles qui accompagnent le temple principal..... L'édifice est soutenu sur des piliers de bois et communément carré; les poutres en sont fort grosses, et il règne tout autour, en dehors, une galerie où l'on monte par quelques degrés..... Le lieu prétendu saint est ordinairement fermé, si ce n'est les jours de fêtes; la plupart des sanctuaires ont un pronaos. Les portes et fenêtres de ce pronaos sont grillées et le pavé en est couvert de nattes fines. Le toit des temples est couvert de tuiles de pierre ou de bois; il avance assez de chaque côté pour couvrir la galerie, et il diffère de celui des autres bâtiments en ce qu'il est recourbé avec plus d'art et composé de plusieurs couches de belles poutres dont l'arrangement a quelque chose de fort singulier. À la cime du toit, il y a quelquefois une poutre plus grosse que les autres; elle est posée de long; et à ses extrémités, elle en reçoit deux autres qui se croisent, et souvent une troisième derrière qui est en travers.
«Cette structure est faite sur le modèle du premier temple, qui est à Ixò, où Jasanami, le dernier des sept grands esprits célestes et le père de Tensiò Dai Dsin, a fait, dit-on, quelque temps sa résidence. Quoique cette structure soit très-simple, elle est très-ingénieuse et presque inimitable. En effet, le poids et les liaisons de toutes ces poutres entrelacées les unes dans les autres servent beaucoup à affermir tout l'édifice et le rendent moins sujet à être renversé par les tremblements de terre.....»
Si les monuments du Mexique que nous allons examiner ne sont pas construits en bois, il est impossible de ne pas reconnaître, dans leur disposition générale et dans certains de leurs membres architectoniques, la tradition des constructions de bois. Si, à côté de ces traditions, nous constatons la présence de types de figures humaines appartenant aux races blanches, il faudra bien admettre que ces étranges monuments ont été élevés par des peuplades formées d'un mélange de races blanches venues du nord-est et de races jaunes aborigènes ou venues du nord-ouest, celles-ci établies sur le sol du Mexique avant l'arrivée des premières, soumises et prêtant leurs bras à l'édification de ces vastes constructions sous la domination de leurs nouveaux maîtres. Mais il ne faudrait pas s'y tromper, il y a dans les monuments du Mexique et de l'Yucatan photographiés par M. Charnay deux époques, ou plutôt deux écoles différentes qui paraissent être l'expression d'art de deux populations, produits de mélanges de races à doses inégales. Il y a certainement dans les monuments de l'Yucatan une influence des races blanches plus forte que dans ceux de Mitla et de Palenqué; c'est un fait que nous pensons pouvoir éclaircir aux yeux de nos lecteurs. Encore aujourd'hui, les indigènes de l'Yucatan présentent des types remarquablement beaux relativement à ceux des populations étrangement mêlées des plateaux du Mexique. On observe également des types de races très-diverses dans les vastes contrées situées entre le golfe de la Californie et le Nouveau-Mexique ou le Mexique du Nord. Certaines tribus indiennes se composent d'individus de petite taille, agiles, aux membres grêles; d'autres, comme les Osages, sont grands, robustes; d'autres encore, plus à l'est dans la prairie, sont presque blancs, les hommes sont barbus, et le colonel Emory[21] signale des Indiens rappelant les plus belles races blanches de l'Europe. Or le Nouveau-Mexique a été sillonné par ces migrations venant du nord et se rendant vers les régions méridionales, et par celles postérieures, quittant le Mexique proprement dit, pour revenir, à une époque plus récente, vers le Mississipi et dans la Floride. Ces diverses tribus ne sont-elles pas des débris, restés en chemin, de ces colonnes mobiles?
«Les Néo-Mexicains, dit M. l'abbé Brasseur de Bourbourg[22], paraissent au premier abord parfaitement étrangers aux peuples dont ils sont entourés aujourd'hui. Dernier reste d'un groupe antérieur, ils n'ont de rapport qu'avec les races déjà éteintes ou déplacées. Leur industrie, si supérieure à celle des nomades de la plaine[23], conservait, au xvie siècle, et même aujourd'hui conserve encore quelque ressemblance avec celle des Toltèques, ainsi que des nations inconnues dont les forteresses et les pyramides subsistent dans la région des lacs et sur les deux rives du Mississipi. Mais la preuve la plus frappante de leur ancienneté, c'est que, hors de la contrée qu'ils habitaient et de quelques parages plus méridionaux de la basse Californie, de la Sonora et de Chihuahua, les traces de leurs hautes constructions et de leurs vastes souterrains n'ont été retrouvées nulle part....»
Castañeda, dans sa relation d'un voyage à Cibola[24], parlant du pays d'où ces Néo-Mexicains prétendaient être sortis, fournit de fortes présomptions en faveur d'une origine septentrionale: «D'après la route qu'ils ont suivie, dit-il, ils ont dû venir de l'extrémité de l'Inde orientale et d'une contrée inconnue, qui, d'après la configuration des côtes, serait située très-avant dans l'intérieur des terres, entre la Chine et la Norvége. Il doit y avoir, en effet, une immense distance d'une mer à l'autre, suivant la forme des côtes, comme l'a découvert le capitaine Villalobos, qui alla dans cette direction à la recherche de la Chine. Il en est de même quand on suit la côte de la Floride; elle se rapproche toujours de la Norvége, jusqu'à ce que l'on soit arrivé au pays des Bacallaos[25].»
Ouvrons le Popol-Vuh[26], le Livre sacré. Nous trouvons, dans ce curieux récit héroïque de l'histoire des Quichés, des rapports frappants avec les habitudes des races blanches des plateaux septentrionaux de l'Inde, qui ont successivement poussé leurs conquêtes jusqu'à l'Égypte et dans toute l'Europe occidentale. Il s'agit de la création d'une race supérieure[27]; Celui qui engendre et Celui qui donne l'être, le Créateur et le Formateur pensent à faire sortir l'homme du néant.
«Peu s'en fallait encore, dit le texte, que le soleil, la lune et les étoiles se manifestassent au-dessus d'eux, du Créateur et du Formateur.» C'est-à-dire que l'ordre des temps n'était pas encore fixé. «En Paxil et en Cayala, ainsi qu'on nomme (ce lieu)[28], vinrent les épis de maïs jaune et les épis de maïs blanc.—Or, voici les noms des barbares qui allèrent chercher l'alimentation: le Renard, le Chacal, la Perruche et le Corbeau, quatre barbares qui leur apprirent la nouvelle des épis de maïs jaune et des épis de maïs blanc qui venaient en Paxil et qui leur montrèrent le chemin de Paxil[29]....»
C'est dans le Paxil, c'est-à-dire dans la partie orientale du Mexique, que ces premiers humains supérieurs trouvent leur nourriture et se fortifient. «Il y avait des aliments de toute sorte, aliments petits et grands; plantes petites et grandes, dont le chemin leur avait été montré par les barbares. Alors on commença à moudre le maïs jaune, le maïs blanc, et Xmucané en composa neuf boissons.... Aussitôt ils commencèrent à parler de faire (le Créateur et le Formateur), et de former notre première mère et notre premier père...» Les premiers hommes créés sont au nombre de quatre[30]. Ces êtres supérieurs, non engendrés par la femme, apparaissent tout à coup; leur intelligence embrasse tout, leur sagesse est infinie, leurs connaissances sans limites, ils mesurent et voient ce qui est aux quatre angles dans le ciel et sur la terre. L'Édificateur et le Formateur en furent effrayés: «Ce n'est pas bien ce que disent nos créatures. Elles savent toutes choses, grandes et petites... Elles seront autant de dieux... Troublons un peu notre œuvre, afin qu'il leur manque quelque chose... Voudraient-ils par hasard s'égaler à nous qui les avons faits, à nous dont la sagesse s'étend au loin et connaît tout?... Alors un nuage leur fut soufflé sur la prunelle des yeux par le Cœur du Ciel, et elle se voila comme la face d'un miroir qui se couvre de vapeur...; ils ne virent plus que ce qui était rapproché...—Ainsi fut détruite leur sagesse ainsi que toute la science des quatre hommes, son principe et son commencement. Ainsi furent formés nos premiers aïeux et pères par le Cœur du Ciel, le Cœur de la Terre...—Alors existèrent aussi leurs