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       Anna de Noailles

      Les vivants et les morts

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066084769

       PARIS

       DU MÊME AUTEUR

       COMTESSE DE NOAILLES

       A MA MÈRE

       I

       II

       III

       IV

      «L'âme des poètes lyriques fait réellement ce qu'ils se vantent de faire.»

      Platon.

       Table des matières

       Table des matières

      POESIES

      LE COEUR INNOMBRABLE (Ouvrage couronné par l'Académie française.) 1 vol.

      L'OMBRE DES JOURS 1 vol.

      LES EBLOUISSEMENTS 1 Vol.

      ROMANS

      LA NOUVELLE ESPERANCE 1 vol.

      LE VISAGE EMERVEILLE 1 vol.

      LA DOMINATION 1 vol.

       Table des matières

      LES VIVANTS ET LES MORTS

      «L'âme des poètes lyriques fait réellement ce qu'ils se vantent de faire.»

      PLATON.

      PARIS

      ARTHÈME FAYARD & Cie, EDITEURS 18-20, rue du Saint-Gothard, 18-20

       Table des matières

       Table des matières

      LES PASSIONS

      EUPHORION.—Je ne veux pas plus longtemps tenir à terre; laissez mes mains, laissez mes boucles, laissez donc mes vêtements, ils sont à moi…

      HELÈNE ET FAUST.—O pétulance! ô délire! On dirait un cor qui sonne sur la vallée et sur le bois. A peine un jour serein donné tu tends à t'élancer, du point où le vertige t'a pris, dans un espace plein de douleurs…

      Goethe.

      TU VIS, JE BOIS L'AZUR…

      Tu vis, je bois l'azur qu'épanche ton visage,

       Ton rire me nourrit comme d'un blé plus fin,

       Je ne sais pas le jour, où, moins sûr et moins sage,

       Tu me feras mourir de faim.

      Solitaire, nomade et toujours étonnée,

       Je n'ai pas d'avenir et je n'ai pas de toit,

       J'ai peur de la maison, de l'heure et de l'année

       Où je devrai souffrir de toi.

      Même quand je te vois dans l'air qui m'environne,

       Quand tu sembles meilleur que mon coeur ne rêva,

       Quelque chose de toi sans cesse m'abandonne,

       Car rien qu'en vivant tu t'en vas.

      Tu t'en vas, et je suis comme ces chiens farouches

       Qui, le front sur le sable où luit un soleil blanc,

       Cherchent à retenir dans leur errante bouche

       L'ombre d'un papillon volant.

      Tu t'en vas, cher navire, et la mer qui te berce

       Te vante de lointains et plus brûlants transports.

       Pourtant, la cargaison du monde se déverse

       Dans mon vaste et tranquille port.

      Ne bouge plus, ton souffle impatient, tes gestes

       Ressemblent à la source écartant les roseaux.

       Tout est aride et nu hors de mon âme, reste

       Dans l'ouragan de mon repos!

      Quel voyage vaudrait ce que mes yeux t'apprennent,

       Quand mes regards joyeux font jaillir dans les tiens

       Les soirs de Galata, les forêts des Ardennes,

       Les lotus des fleuves indiens?

      Hélas! quand ton élan, quand ton départ m'oppresse,

       Quand je ne peux t'avoir dans l'espace où tu cours,

       Je songe à la terrible et funèbre paresse

       Qui viendra t'engourdir un jour.

      Toi si gai, si content, si rapide et si brave,

       Qui règnes sur l'espoir ainsi qu'un conquérant,

       Tu rejoindras aussi ce grand peuple d'esclaves

       Qui gît, muet et tolérant.

      Je le vois comme un point délicat et solide

       Par delà les instants, les horizons, les eaux,

       Isolé, fascinant comme les Pyramides,

       Ton étroit et fixe tombeau;

      Et je regarde avec une affreuse tristesse,

       Au bout d'un avenir que je ne verrai pas,

       Ce mur qui te résiste et ce lieu où tu cesses,

       Ce lit où s'arrêtent tes pas!

      Tu seras mort, ainsi que David, qu'Alexandre,

       Mort comme le Thébain lançant ses javelots,

       Comme ce danseur grec dont j'ai pesé la cendre

      

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