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       Arthur Schopenhauer

      Aphorismes sur la sagesse dans la vie

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066081898

       INTRODUCTION

       APHORISMES SUR LA SAGESSE DANS LA VIE

       CHAPITRE PREMIER

       CHAPITRE II

       CHAPITRE III

       CHAPITRE IV

       CHAPITRE V

       CHAPITRE VI

      INTRODUCTION

      CHAPITRE Ier.—Division fondamentale.

      CHAPITRE II.—De ce que l'on est.

      I.—La santé de l'esprit et du corps.

      II.—La beauté.

      III.—La douleur et l'ennui.—L'intelligence.

      CHAPITRE III.—De ce que l'on a.

      CHAPITRE IV.—De ce que l'on représente.

      I.—De l'opinion d'autrui.

      II.—Le rang.

      III.—L'honneur.

      IV.—La gloire.

      CHAPITRE V.—Parénèses et maximes.

      I.—Maximes générales.

      II.—Concernant notre conduite envers nous même.

      III.—Concernant notre conduite envers les autres.

      IV.—Concernant notre conduite en face de la marche du monde et en face du sort.

      CHAPITRE VI.—De la différence des âges de la vie.

       Table des matières

      Je prends ici la notion de la sagesse dans la vie dans son acception immanente, c'est-à-dire que j'entends par là l'art de rendre la vie aussi agréable et aussi heureuse que possible. Cette étude pourrait s'appeler également l'Eudémonologie; ce serait donc un traité de la vie heureuse. Celle-ci pourrait à son tour être définie une existence qui, considérée au point de vue purement extérieur ou plutôt (comme il s'agit ici d'une appréciation subjective) qui, après froide et mûre réflexion, est préférable à la non-existence. La vie heureuse, ainsi définie, nous attacherait à elle par elle-même et pas seulement par la crainte de la mort; il en résulterait en outre que nous désirerions la voir durer indéfiniment. Si la vie humaine correspond ou peut seulement correspondre à la notion d'une pareille existence, c'est là une question à laquelle on sait que j'ai répondu par la négative dans ma Philosophie; l'eudémonologie, au contraire, présuppose une réponse affirmative. Celle-ci, en effet, repose sur cette erreur innée que j'ai combattue au commencement du chapitre XLIX, vol. II, de mon grand ouvrage[1]. Par conséquent, pour pouvoir néanmoins traiter la question, j'ai dû m'éloigner entièrement du point de vue élevé, métaphysique et moral auquel conduit ma véritable philosophie. Tous les développements qui vont suivre sont donc fondés, dans une certaine mesure, sur un accommodement, en ce sens qu'ils se placent au point de vue habituel, empirique et en conservent l'erreur. Leur valeur aussi ne peut être que conditionnelle, du moment que le mot d'eudémonologie n'est lui-même qu'un euphémisme. Ils n'ont en outre aucune prétention à être complets, soit parce que le thème est inépuisable, soit parce que j'aurais dû répéter ce que d'autres ont déjà dit.

      Je ne me rappelle que le livre de Cardan: De utilitate ex adversis capienda, ouvrage digne d'être lu, qui traite de la même matière que les présents aphorismes; il pourra servir à compléter ce que j'offre ici. Aristote, il est vrai, a intercalé une courte eudémonologie dans le chapitre V du livre I de sa Rhétorique; mais il n'a produit qu'une œuvre bien maigre. Je n'ai pas eu recours à ces devanciers; compiler n'est pas mon fait; d'autant moins l'ai-je fait que l'on perd par là cette unité de vue qui est l'âme des œuvres de cette espèce. En somme, certainement les sages de tous les temps ont toujours dit la même chose, et les sots, c'est-à-dire l'incommensurable majorité de tous les temps, ont toujours fait la même chose, savoir le contraire, et il en sera toujours ainsi. Aussi Voltaire dit-il: Nous laisserons ce monde-ci aussi sot et aussi méchant que nous l'avons trouvé en y arrivant.

       Table des matières

       Table des matières

      DIVISION FONDAMENTALE

      Aristote (Morale à Nicomaque, I, 8) a divisé les biens de la vie humaine en trois classes, les biens extérieurs, ceux de l'âme et ceux du corps. Ne conservant que la division en trois, je dis que ce qui différencie le sort des mortels peut être ramené à trois conditions fondamentales. Ce sont:

      1° Ce qu'on est: donc la personnalité, dans son sens le plus étendu. Par conséquent, on comprend ici la santé, la force, la beauté, le tempérament, le caractère moral, l'intelligence et son développement.

      2° Ce qu'on a: donc propriété et avoir de toute nature.

      3° Ce qu'on représente: on sait que par cette expression l'on entend la manière dont les autres se représentent un individu, par conséquent ce qu'il est dans leur représentation. Cela consiste donc dans leur opinion à son égard et se divise en honneur, rang et gloire.

      Les différences de la première catégorie dont nous avons à nous occuper sont celles que la nature elle-même a établies entre les hommes; d'où l'on peut déjà inférer que leur influence sur le bonheur ou le malheur sera plus essentielle et plus pénétrante que celle des différences provenant des règles humaines et que nous avons mentionnées sous les deux rubriques suivantes. Les vrais avantages personnels, tels qu'un grand esprit ou un grand cœur, sont par rapport à tous les avantages du rang, de la naissance, même royale, de la richesse et autres, ce que les rois véritables sont aux rois de théâtre. Déjà Métrodore, le premier élève d'Épicure, avait intitulé un chapitre: Περι του μειζονα ειναι την παρ‘ ημας αιτιαν προς ενδαιμονιαν της εχ των πραγματων (Les causes qui viennent de nous contribuent plus au bonheur que celles qui naissent des choses.—Cf. Clément d'Alex., Strom., II, 21, p. 362 dans l'édition de Wurtzbourg des Opp. polem.)

      Et, sans contredit, pour le bien-être de l'individu, même pour toute

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