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The Life of Oscar Wilde. Frank Harris
Читать онлайн.Название The Life of Oscar Wilde
Год выпуска 0
isbn 4064066051839
Автор произведения Frank Harris
Жанр Зарубежная прикладная и научно-популярная литература
Издательство Bookwire
IOKANAAN. Arrière, fille de Sodome! Ne me touchez pas. Il ne faut pas profaner le temple du Seigneur Dieu.
SALOMÉ. Tes cheveux sont horribles. Ils sont couverts de boue et de poussière. On dirait une couronne d’épines qu’on a placée sur ton front. On dirait un noeud de serpents noirs qui se tortillent autour de ton cou. Je n’aime pas tes cheveux … C’est de ta bouche que je suis amoureuse, Iokanaan. Ta bouche est comme une bande d’écarlate sur une tour d’ivoire. Elle est comme une pomme de grenade coupée par un couteau d’ivoire. Les fleurs de grenade qui fleurissent dans les jardins de Tyr et sont plus rouges que les roses, ne sont pas aussi rouges. Les cris rouges des trompettes qui annoncent l’arrivée des rois, et font peur à l’ennemi ne sont pas aussi rouges. Ta bouche est plus rouge que les pieds de ceux qui foulent le vin dans les pressoirs. Elle est plus rouge que les pieds des colombes qui demeurent dans les temples et sont nourries par les prêtres. Elle est plus rouge que les pieds de celui qui revient d’une forêt où il a tué un lion et vu des tigres dorés. Ta bouche est comme une branche de corail que des pécheurs ont trouvée dans le crépuscule de la mer et qu’ils réservent pour les rois … ! Elle est comme le vermillon que les Moabites trouvent dans les mines de Moab et que les rois leur prennent. Elle est comme l’arc du roi des Perses qui est peint avec du vermillon et qui a des cornes de corail. Il n’y a rien au monde d’aussi rouge que ta bouche … laisse-moi baiser ta bouche.
IOKANAAN. Jamais! fille de Babylone! Fille de Sodome! jamais.
SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan. Je baiserai ta bouche.
LE JEUNE SYRIEN. Princesse, princesse, toi qui es comme un bouquet de myrrhe, toi qui es la colombe des colombes, ne regarde pas cet homme, ne le regarde pas! Ne lui dis pas de telles choses. Je ne peux pas les souffrir … Princesse, princesse, ne dis pas de ces choses.
SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan.
LE JEUNE SYRIEN. Ah! [Il se tue et tombe entre Salomé et Iokanaan.]
LE PAGE D’HÉRODIAS. Le jeune Syrien s’est tué! le jeune capitaine s’est tué! Il s’est tué, celui qui était mon ami! Je lui avais donné une petite boîte de parfums, et des boucles d’oreilles faites en argent, et maintenant il s’est tué! Ah! n’a-t-il pas prédit qu’un malheur allait arriver? … Je l’ai prédit moi-même et il ut arrivé. Je savais bien que la lune cherchait un mort, mais je ne savais pas que c’était lui qu’elle cherchait. Ah! pourquoi ne l’ai-je pas caché de la lune? Si je l’avais caché dans une caverne elle ne l’aurait pas vu.
LE PREMIER SOLDAT. Princesse, le jeune capitaine vient de se tuer.
SALOMÉ. Laisse-moi baiser ta bouche, Iokanaan.
IOKANAAN. N’avez-vous pas peur, fille d’Hérodias? Ne vous ai-je pas dit que j’avais entendu dans le palais le battement des ailes de l’ange de la mort, et l’ange n’est-il pas venu?
SALOMÉ. Laisse-moi baiser ta bouche.
IOKANAAN. Fille d’adultère, il n’y a qu’un homme qui puisse te sauver. C’est celui dont je t’ai parlé. Allez le chercher. Il est dans un bateau sur la mer de Galilée, et il parle à ses disciples. Agenouillez-vous au bord de la mer, et appelez-le par son nom. Quand il viendra vers vous, et il vient vers tous ceux qui l’appellent, prosternez-vous à ses pieds et demandez-lui la rémission de vos péchés.
SALOMÉ. Laisse-moi baiser ta bouche.
IOKANAAN. Soyez maudite, fille d’une mère incestueuse, soyez maudite.
SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan.
IOKANAAN. Je ne veux pas te regarder. Je ne te regarderai pas. Tu es maudite, Salomé, tu es maudite. [Il descend dans la citerne.]
SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan, je baiserai ta bouche.
LE PREMIER SOLDAT. Il faut faire transporter le cadavre ailleurs. Le tétrarque n’aime pas regarder les cadavres, sauf les cadavres de ceux qu’il a tués lui-même.
LE PAGE D’HÉRODIAS. Il était mon frère, et plus proche qu’un frère. Je lui ai donné une petite boîte qui contenait des parfums, et une bague d’agate qu’il portait toujours à la main. Le soir nous nous promenions au bord de la rivière et parmi les amandiers et il me racontait des choses de son pays. Il parlait toujours très bas. Le son de sa voix ressemblait au son de la flûte d’un joueur de flûte. Aussi il aimait beaucoup à se regarder dans la rivière. Je lui ai fait des reproches pour cela.
SECOND SOLDAT. Vous avez raison; il faut cacher le cadavre. Il ne faut pas que le tétrarque le voie.
PREMIER SOLDAT. Le tétrarque ne viendra pas ici. Il ne vient jamais sur la terrasse. Il a trop peur du prophète.
[Entrée d’Hérode, d’Hérodias et de toute la cour.]
HÉRODE. Où est Salomé? Où est la princesse? Pourquoi n’est-elle pas retournée au festin comme je le lui avais commandé? ah! la voilà!
HÉRODIAS. Il ne faut pas la regarder. Vous la regardez toujours!
HÉRODE. La lune a l’air très étrange ce soir. N’est-ce pas que la lune a l’air très étrange? On dirait une femme hystérique, une femme hystérique qui va cherchant des amants partout. Elle est nue aussi. Elle est toute nue. Les nuages cherchent à la vêtir, mais elle ne veut pas. Elle chancelle à travers les nuages comme une femme ivre … Je suis sûr qu’elle cherche des amants … N’est-ce pas qu’elle chancelle comme une femme ivre? Elle ressemble à une femme hystérique, n’est-ce pas?
HÉRODIAS. Non. La lune ressemble à la lune, c’est tout … Rentrons Vous n’avez rien à faire ici.
HÉRODE. Je resterai! Manassé, mettez des tapis là. Allumez des flambeaux. Apportez les tables d’ivoire, et les tables de jaspe. L’air ici est délicieux. Je boirai encore du vin avec mes hôtes. Aux ambassadeurs de César il faut faire tout honneur.
HÉRODIAS. Ce n’est pas à cause d’eux que vous restez.
HÉRODE. Oui, l’air est délicieux. Viens, Hérodias, nos hôtes nous attendent. Ah! j’ai glissé! j’ai glissé dans le sang! C’est d’un mauvais présage. C’est d’un très mauvais présage. Pourquoi y a-t-il du sang ici? … Et ce cadavre? Que fait ici ce cadavre? Pensez-vous que je sois comme le roi d’Égypte qui ne donne jamais un festin sans montrer un cadavre à ses hôtes? Enfin, qui est-ce? Je ne veux pas le regarder.
PREMIER SOLDAT. C’est notre capitaine, Seigneur. C’est le jeune Syrien que vous avez fait capitaine il y a trois jours seulement.
HÉRODE. Je n’ai donné aucun ordre de le tuer.
SECOND SOLDAT. Il s’est tué lui-même, Seigneur.
HÉRODE. Pourquoi? Je l’ai fait capitaine!
SECOND SOLDAT. Nous ne savons pas, Seigneur. Mais il s’est tué lui-même.
HÉRODE. Cela me semble étrange. Je pensais qu’il n’y avait que les philosophes romains qui se tuaient. N’est-ce pas, Tigellin, que les philosophes à Rome se tuent?
TIGELLIN. Il y en a qui se tuent, Seigneur. Ce sont les Stoïciens. Ce sont de