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Y a des fantômes.

      Libby pensa très fort à ce que disait Papa :

      « Les fantômes, ça n’existe pas. »

      Mais ça n’empêchait pas ses genoux de s’entrechoquer. Elle allait se faire pipi dessus. Maman ne serait pas contente.

      — Et ça, c’est quoi ? demanda Denise.

      Elle montra du doigt des formes sur le sol. On aurait dit des tuyaux recouverts de feuillage.

      — Je sais pas, dit Gary. Ça ressemble aux trucs de sous-marins, pour voir ce qui se passe à la surface. Peut-être que les fantômes s’en servent pour nous regarder. Va voir, Denise.

      Denise poussa un rire effrayé.

      — Non, toi, vas-y !

      — C’est bon, j’y vais.

      Gary s’avança d’un pas prudent dans la clairière et s’approcha. Il s’arrêta à quelques pas, puis il se retourna vers sa cousine et sa sœur.

      — Je sais pas ce que c’est, dit-il.

      Denise éclata de rire.

      — Tu regardes pas d’assez près !

      — Mais si !

      — Mais non ! T’es trop loin.

      — Mais si, je suis assez près. T’as qu’à y aller, si t’es si maligne.

      Denise ne répondit pas. Elle finit par s’avancer à son tour. Elle s’approcha un tout petit peu plus près que Gary, puis fit demi-tour.

      — Moi non plus, je sais pas, dit-elle.

      — C’est ton tour, Libby, dit Gary.

      La peur de Libby lui remontait dans la gorge.

      — Non, elle est trop petite, protesta Denise.

      Gary poussa Libby dans le dos. Elle se retrouva dans la clairière. Elle essaya de faire demi-tour, mais Gary l’en empêcha.

      — Non, non, dit-il. Denise et moi, on est allés. T’y vas aussi.

      Libby avala sa salive. Elle se retourna vers les formes étranges, au milieu de la clairière. Elle avait l’impression que ces trucs la regardaient.

      Elle pensa à nouveau à ce que disait Papa.

      « Les fantômes, ça n’existe pas. »

      Papa ne mentirait pas sur un sujet aussi important. Alors pourquoi avait-elle peur ?

      Et puis, Gary l’avait énervée. Elle était plus en colère qu’effrayée.

      Je vais lui faire voir, pensa-t-elle.

      Sur des jambes flageolantes, elle s’avança courageusement vers le truc métallique.

      Elle s’approcha. Le plus près possible. Plus près que Gary ou Denise. Elle en était très fière, mais elle ne savait toujours pas ce que c’était que ce truc.

      Elle tendit la main pour le toucher. Ses doigts écartèrent les feuilles, en espérant qu’elle ne se ferait pas dévorer la main. Puis elle effleura le métal froid.

      C’est quoi ? se demanda-t-elle.

      Un bruit sortait de ce tuyau.

      Elle approcha son oreille. C’était un bruit très faible, mais ce n’était pas son imagination. C’était réel. On aurait dit une femme qui pleurait.

      Libby s’écarta vivement. L’espace de quelques secondes, la terreur la pétrifia sur place. C’était comme quand elle était tombée d’un arbre, une fois, sur le dos, et qu’elle en avait eu le souffle coupé.

      Elle devait s’en aller, mais elle restait figée comme une statue. Non, elle allait ordonner à son corps de s’en aller.

      Tourne-toi et cours, pensa-t-elle.

      Elle en fut incapable pendant de longues secondes.

      Enfin, ses jambes se mirent à courir toutes seules. Elle se précipita dans les bois, sans s’arrêter, effrayée à l’idée que quelque chose la poursuive et l’attrape par-derrière.

      Quand elle arriva enfin à l’orée de la forêt, elle reprit son souffle.

      — Qu’est-ce qui se passe ? s’exclama Denise.

      — Un fantôme ! hoqueta Libby. J’ai entendu un fantôme.

      Elle n’attendit pas de réponse. Elle se remit à courir aussi vite que possible. Sa cousine et son frère s’élancèrent derrière elle.

      — Eh, Libby, attends nous ! cria Gary.

      Ah non, pas question ! Libby ne s’arrêterait qu’à la maison.

      CHAPITRE QUATRE

      Riley frappa à la porte d’April. Il était midi et grand temps pour sa fille de se lever. Elle n’eut pas la réponse qu’elle espérait :

      — Qu’est-ce que tu veux ? grogna April.

      — Tu vas dormir toute la journée ?

      — C’est bon, je suis levée. Je descends dans une minute.

      Riley redescendit les escaliers en soupirant. Si seulement Gabriela était là ! Mais elle avait toujours un congé le dimanche.

      Riley se laissa tomber sur le canapé. April était très distante, ces derniers jours. Riley ne savait pas comment faire pour briser la glace. Elle avait presque été soulagée de voir sa fille partir faire la fête pour Halloween la nuit dernière. Riley ne s’était pas inquiétée : la fête avait eu lieu à quelques pâtés de maisons… Et puis, April n’était toujours pas rentrée à une heure du matin.

      Alors que Riley se demandait si elle devait appeler la police, sa fille avait fini par revenir. Elle était montée dans sa chambre sans dire un mot. Elle n’avait pas l’air beaucoup plus prête à communiquer ce matin.

      Heureusement, Riley était à la maison pour la surveiller. Elle n’avait pas encore accepté son nouveau dossier. Bill ne cessait de lui envoyer des messages. Il était parti en reconnaissance avec Lucy Vargas pour enquêter sur la disparition de Meara Keagan. Ils avaient interrogé ses employeurs et ses voisins, mais n’avaient trouvé aucune piste.

      Lucy prenait en charge les recherches. Elle faisait distribuer des prospectus avec une photo de Meara. Pendant ce temps, Bill attendait avec impatience que Riley prenne sa décision.

      Mais elle n’était pas obligée de décider tout de suite. Tout le FBI savait qu’elle ne serait de toute façon pas disponible demain. L’un des premiers tueurs qu’elle avait arrêtés avait réclamé une audience. Elle ne pouvait pas rater ça.

      April descendit les escaliers, toute habillée. Elle se précipita dans la cuisine sans accorder un seul regard à sa mère, qui la suivit.

      — On mange quoi ? demanda April en ouvrant le frigo.

      — Je peux te préparer un petit déjeuner, dit Riley.

      — C’est bon, je vais me débrouiller.

      April sortit un morceau de fromage et referma le frigo. Elle s’en coupa un morceau et se versa une tasse de café, qu’elle allongea de sucre et de crème. Puis, elle s’assit à table.

      Riley la rejoignit.

      — C’était comment, la fête ?

      — C’était bien.

      — Tu es rentrée très tard.

      — Mais non…

      Riley décida de ne pas la contredire. Après tout, une heure du matin, ce n’était peut-être pas si tard aux yeux des ados.

      —

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