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humaines étaient avec elle. Du moins avaient-elles l’air encore humain. On aurait dit trois adolescentes, aux visages émaciés. Presque des squelettes. L’une d’elle était à peine consciente et dodelinait de la tête. Ça lui rappela les photos de prisonniers de camps de concentration.

      Etaient-elles vraiment vivantes ? Oui, sans doute. Meara les avait entendues parler.

      — On est où ? demanda-t-elle.

      — Bienvenue en enfer, souffla l’une d’elles.

      CHAPITRE UN

      Riley Paige ne vit pas le coup venir, mais ses réflexes la sauvèrent. Le temps parut ralentir. Elle évita le poing qui voulait la frapper au ventre. Un crochet du gauche fila vers sa mâchoire. Elle fit un pas de côté. Enfin, ses gants de boxe amortirent le dernier coup.

      Cela avait duré moins de deux secondes.

      — Bien, dit Rudy.

      Riley sourit. Rudy était prêt à esquiver sa contre-attaque. Elle feinta plusieurs fois, souple sur les genoux.

      — Inutile de se dépêcher, dit Rudy. Réfléchis bien. C’est une partie d’échecs.

      Sa remarque l’agaça. Il n’y allait pas à fond. Pourquoi ?

      C’était peut-être mieux ainsi. C’était la première fois qu’elle montait sur le ring contre un véritable adversaire. Elle avait jusque là testé ses combinaisons contre un sac de frappe. Elle débutait. Mieux valait y aller doucement.

      C’était une idée de Mike Nevins. Ce psychiatre, qui travaillait avec le FBI, était un bon ami de Riley. Il l’avait aidée à traverser des moments difficiles.

      Elle lui avait confié qu’elle avait du mal à gérer son agressivité. Elle perdait facilement son sang-froid.

      — Essaye la boxe, avait dit Mike. C’est un bon moyen d’évacuer la pression.

      Mike avait raison. C’était agréable de combattre un véritable adversaire, de prendre des coups au corps, plutôt que des coups à l’âme. Et c’était agréable de combattre sans être réellement en danger.

      Ça lui permettait également de sortir des locaux du FBI. Elle passait trop de temps là-bas.

      Non, elle n’avait pas réagi assez vite. Rudy préparait une nouvelle attaque. Elle le voyait dans ses yeux.

      Elle choisit mentalement sa prochaine combinaison. Direct du gauche, contré par un crochet qui effleura son casque. Puis, direct du droit. Elle ne trouva que son gant. Elle conclut sa combinaison par un crochet du gauche, qu’il évita adroitement.

      — Bien, dit encore Rudy.

      Non, ce n’était pas bien. Elle ne l’avait pas touché une seule fois. Lui, il l’avait effleurée, alors qu’il était en défense. Ça commençait à l’agacer. Elle tâcha de se rappeler ce que lui avait dit Rudy dès le début :

      « N’espère pas me toucher. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Pas à l’entraînement, en tout cas. »

      Elle regardait ses gants, à présent. Il allait passer à l’attaque. Ce fut alors qu’une image s’imposa dans son esprit.

      Les gants se changèrent en flamme. Une seule flamme blanche. Celle d’un chalumeau au propane. Elle était à nouveau plongée dans les ténèbres, prisonnière d’un tueur sadique nommé Peterson. Il jouait avec elle et l’obligeait à se tourner de tous côtés pour éviter la flamme.

      Elle en avait marre d’être humiliée. Il était temps de contre-attaquer. Quand la flamme plongea vers elle, elle se baissa et lança un féroce direct qui ne trouva que le vide. La flamme l’évita. Elle para le coup avec un crochet, qui ne trouva également que le vide. Avant que Peterson n’ait eu le temps d’enchaîner, elle le frappa au menton avec un uppercut.

      — Eh ! s’écria Rudy.

      Sa voix ramena Riley au moment présent. Rudy était au tapis.

      Comment est-il arrivé là ? se demanda Riley.

      Elle comprit alors qu’elle l’avait frappé. Fort.

      — Oh merde ! s’écria-t-elle. Rudy, je suis désolée !

      Rudy était hilare.

      — Mais non, dit-il, c’était super.

      Ils se repositionnèrent. Le reste de l’entraînement se déroula sans incident. Aucun d’eux ne toucha l’autre. Oui, Mike Nevins avait raison. C’était tout ce dont elle avait besoin.

      Serait-elle jamais capable de se débarrasser de ces souvenirs ?

      Sans doute pas, pensa-t-elle.

      *

      Riley attaqua son steak avec enthousiasme. Le chef de Blaine’s Grill avait un très bon menu mais, après son entraînement de boxe, elle n’avait envie que d’une bonne pièce de viande et d’une salade. Sa fille, April, et son amie, Crystal, avaient commandé des hamburgers. Blaine Hildreth, le père de Crystal, était en cuisine, mais il reviendrait d’une minute à l’autre pour finir son mahi mahi.

      Riley balaya la salle du regard avec un profond sentiment de satisfaction. Elle s’était rendue compte qu’elle ne consacrait pas assez de temps aux loisirs, aux amis et à la famille. Elle se laissait trop souvent submerger par l’horreur de son travail.

      Dans quelques jours, elle témoignerait à l’audience de libération d’un tueur d’enfants qui voulait sortir plus tôt de prison. Elle devait s’assurer que ce ne serait pas le cas.

      Quelques semaines plus tôt, elle avait bouclé une affaire particulièrement troublante à Phoenix. Avec l’aide de son partenaire, Bill Jeffreys, elle avait arrêté un tueur qui s’attaquait aux prostituées. Riley n’était toujours pas certaine d’avoir vraiment aidé ces femmes de la rue. Elle avait entraperçu un monde terrible, peuplé de femmes et de gamines exploitées…

      Non, elle ne laisserait pas ses pensées lui gâcher la soirée. Elle se détendait peu à peu. Manger aux restaurant avec un ami et deux ados lui rappelait ce que c’était qu’avoir une vie normale. Elle avait une jolie maison, dans un quartier sympathique.

      Blaine revint et s’assit à nouveau. Riley ne put s’empêcher de penser qu’il était, décidément, très attirant. Il perdait un peu ses cheveux, mais ça lui donnait un air de maturité très agréable. De plus, il était mince et musclé.

      — Désolé, dit-il. Le restaurant tourne très bien quand je ne suis pas là mais, dès que j’arrive, tout le monde a besoin de moi…

      — Je sais ce que c’est, dit Riley. Si je reste loin assez longtemps, le FBI finira peut-être par m’oublier.

      April intervint :

      — Aucune chance ! Ils vont bientôt t’appeler. Tu vas encore partir à l’autre bout du pays.

      Riley soupira.

      — Un peu de détente, ça ne me fait pourtant pas de mal…

      Blaine engloutit une bouchée de mahi mahi.

      — Tu pourrais changer de carrière ? demanda-t-il.

      Riley haussa les épaules.

      — Et pour faire quoi ? J’ai été agent toute ma vie.

      — Oh, je suis sûr que tu trouverais…, dit Blaine. Tu as de la ressource. Tu pourrais faire un travail moins dangereux.

      Il parut réfléchir.

      — Je t’imagine bien professeur, ajouta-t-il.

      Riley étouffa un rire.

      — Moins dangereux, on a dit…

      — Ça dépend

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