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écrit cela: l'auteur est postérieur aux juges.

      Deutéronome (chap. 2, vers. 12), il est dit: «Nous tournâmes la montagne de Séir sans l'attaquer, parce qu'elle est habitée par nos frères, les enfants d'Ésaü. Or Séir était d'abord habitée par les Horiens, que chassèrent les enfants d'Ésaü, qui ont habité ce pays jusqu'à ce jour (verset 32), comme les enfants d'Israël ont habité celui que le Seigneur leur a donné

      Ceci est manifestement postérieur à'ia conquête par Josué.

      L'auteur des Rois (livre I, chap. 9, vers. 9), en parlant de Saül qui alla consulter le voyant, dit: «Autrefois, lorsqu'on allait consulter Dieu, l'usage était de dire, Allons au voyant; car, on appelait voyant ce qu'aujourd'hui on appelle prophète.» Or puisque l'usage durait encore du temps de David, qui appela Gad son voyant et non son prophète; et puisque dans tout le Pentateuque, Moïse est toujours appelé le prophète et non le voyant, il s'ensuit clairement que la rédaction du Pentateuque est postérieure au temps de David.

      Enfin un passage frappant est celui du chapitre 36 de la Genèse, où, parlant de la postérité d'Ésaü, l'auteur dit (verset 31 et suivants): «Voici les rois qui régnèrent sur la terre d'Édon avant qu'Israël eût des Rois, etc.»

      Or si, comme il est de fait, Israël n'eut de rois que depuis Saül, il est évident que l'auteur historique est postérieur à cette époque, et que cet auteur n'a pu être Moïse, par toutes les raisons ci-dessus. Ainsi nous avons une masse de preuves incontestables que le Pentateuque, tel qu'il est en nos mains, n'a point été rédigé par Moïse, mais par un écrivain anonyme dont l'époque n'a pu précéder le temps des rois David et Salomon; bientôt nous verrons encore d'autres preuves de cette posthumité, lorsque l'époque de cette rédaction nous sera connue: il s'agit maintenant de la connaître.

      Quelques écrivains critiques,48 qui comme nous ont senti que le Pentateuque n'a pu être rédigé par Moïse, ont essayé d'en deviner l'auteur, et ils ont cru l'apercevoir dans le lévite Esdras, qui, au temps d'Artaxercès roi de Perse, ranima chez les Juifs attiédis l'observance et l'étude de la loi. Sur l'autorité accréditée de ces écrivains, nous avions d'abord admis cette opinion; mais l'intérêt qu'excite ce sujet nous ayant engagé à de nouvelles recherches, nous avons trouvé, dans une lecture attentive des livres hébreux, des raisons de penser différemment, et d'attribuer le Pentateuque à un autre auteur, indiqué par les textes mêmes avec plus d'évidence que le lévite Esdras.

      D'abord on cherche vainement des indices quelconques de l'existence du Pentateuque, soit dans le livre de Josué, l'un des plus anciens, soit dans le livre dit des Juges, soit dans les deux livres intitulés Samuel, soit enfin dans l'histoire des premiers rois juifs. Ce silence, surtout au temps de Salomon, est d'autant plus remarquable, que l'auteur de la Chronique, en nous apprenant que les Tables de la Loi de Moïse furent déposées dans le temple bâti par ce prince, ne dit pas un mot des livres de Moïse; et cependant si le Pentateuque eût été l'ouvrage de Moïse, le manuscrit autographe devait encore exister, et il est inconcevable qu'un livre si précieux fût laissé dans un oubli absolu; surtout lorsqu'en cette inauguration du temple, une foule d'objets moins importants, moins appropriés au sujet, sont relatés et mentionnés.

      Une autre circonstance encore digne de remarque, est que dans les livres de Salomon, dans les psaumes réellement de David,49 et même dans les prophéties d'Isaïe, l'on ne trouve presque aucune citation que l'on puisse rapporter avec évidence au Pentateuque. Il faut descendre jusqu'au règne de Josias, pour en découvrir une indication probable; le passage qui la contient mérite d'être cité en entier, pour en bien scruter les détails. (Voyez Reg., lib. 2, cap. 22.)

      CHAPITRE VII

      Époque de l'apparition du Pentateuque

      APRÈS la mort du roi Amon, son fils Josiah devint roi à l'âge de 8 ans; on sent qu'un roi de 8 ans eut un tuteur régent, qui n'est point nommé, mais qui naturellement et par l'indication des faits, fut le grand-prêtre Helqiah.

      La 18e année de son règne, Josiah envoie, sans motif apparent, Saphan, scribe ou secrétaire du temple, vers le grand-prêtre, pour lui dire de'recueillir tout l'argent donné par le peuple aux portiers du temple, et de le remettre aux entrepreneurs et ouvriers des réparations, sans leur faire rendre compte, et en se reposant sur leur bonne foi. Pour réponse, le grand-prêtre Helqiah dit au secrétaire: «J'ai trouvé un livre (ou le livre) de la loi dans le temple du Seigneur;» et il donne ce livre au secrétaire qui le lit. Saphan retourne vers le roi, et lui dit: «Vos ordres sont exécutés…; (de plus), Helqiah m'a remis un livre;» et il (commença) de le lire devant le roi…; et lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements, et il dit à Helqiah, à Ahiqom, à Akbour, à Saphan, secrétaire, et à Achih, serviteur du roi: «Allez et consultez Dieu sur moi et sur tout le peuple juif, au sujet des paroles de ce livre qu'on a trouvé; car la colère de Dieu est allumée contre nous de ce que nos pères n'ont point pratiqué ses préceptes.... Et ils-se rendirent tous ensemble chez Holdah, prophétesse, qui demeurait à Jérusalem, et dans la rue Seconde. Holdah leur annonça, de la part de Dieu, de grands maux contre le pays et la ville. Mais, ajouta-t-elle, parce que le roi a écouté la parole du Seigneur, qu'il a pleuré et déchiré ses vêtements, ces maux n'arriveront point de son vivant.... Helqiah et les autres envoyés portent cette réponse au roi.... Le roi envoie de tous côtés des ordres dans la ville. Tous les anciens et gens notables se rassemblent dans le palais.... Le roi va ensuite au temple, et il y est suivi des prêtres et des anciens, et de tout le peuple depuis le plus grand jusqu'au plus petit; et là on fait une lecture solennelle de ce livre trouvé. Le roi monte ensuite aux degrés (de l'autel), et fait un sacrifice d'alliance pour pratiquer tout ce qui est dans le livre....; et le peuple en prend l'engagement.... Alors en exécution de ce pacte et des préceptes du livre, l'on jette hors du temple les vases de Baal; on souille les lieux hauts où l'on sacrifiait, et celui où l'on passait les enfants par la flamme…; on chasse des portiques du temple les chevaux sacrés que les rois entretenaient en l'honneur du soleil; on brûle les chars consacrés au soleil; on détruit les autels élevés par Achaz et Manassé, et ceux élevés par Salomon sur les hauts lieux aux dieux de ses femmes. Josiah, présent à tous ces actes qu'il commande et dirige, fait déterrer même les morts sur les hauts lieux, et égorger tous les prêtres de Baal qu'il y trouve… De retour à Jérusalem, il fait célébrer une pâque si solennelle, qu'il n'y en eut point de telle depuis les juges d'Israël et pendant tout le temps des rois.»

      Pesons les mots et les circonstances de ce récit; et d'abord remarquons que Josiah, enfant couronné dès l'âge de 8 ans, fut élevé par le grand prêtre Helqiah, qui pendant 10 ou 12 ans fut le véritable régent de l'État et du prince: par conséquent Josiah, maintenant âgé de 25 à 26 ans, est encore sous l'influence morale du pontife et de l'éducation sacerdotale qu'il en a reçue. A cet âge et l'an 18 de son règne, il fait un message solennel au grand-prêtre: l'objet de ce message est de remettre aux entrepreneurs des réparations du temple, des sommes d'argent sans leur en faire rendre compte. Pourquoi cette faveur d'un genre singulier, même injuste et imprudent? Elle a certainement un motif, un objet en vue; cet objet est de se concilier ces gens: et leurs familles, et, par suite, leurs amis et le peuple dont ils font partie: pour réponse, le grand-prêtre présente un livre, qu'il dit être le livre de la loi, et qu'il dit avoir trouvé dans le temple. Où est la preuve qu'il a trouvé ce livre? at-il des témoins? On ne le dit pas; mais il est clair que s'il a besoin d'appui, tous les ouvriers du temple qu'il a gratifiés lui seront dévoués. Admettons qu'il ait trouvé ce livre, et qu'il ne l'ait pas lui-même composé; du moins il l'a eu en main, seul et aussi long-temps qu'il a voulu: n'y a-t-il pas fait des changements? C'est un manuscrit unique; personne ne l'a contrôlé; rien n'établit son authenticité. Ce manuscrit dut être un rouleau de papyrus ou de vélin; quelle main l'a écrit? est-ce la main de Moïse? Helqiah ne le dit pas, il dit seulement le livre de la loi: cela est remarquable. S'il fût venu de Moïse, Helqiah

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<p>48</p>

Voyez l'Histoire critique du Vieux-testament, par R. Simon, chap. 5 et 6, etc., et le Tractatus philos. polit., chap. 8, 9 et 10, traduit sous le nom de Recherches curieuses d'un esprit desintéressé, etc., Cologne, 1672, in-12.

<p>49</p>

On sait, et le texte hébreu déclare, qu'un grand nombre ne sont pas de David: plusieurs chapitres d'Isaïe sont évidemment dans le même cas. Au chap. 12, v. 2, on trouve un demi-verset tiré du cantique composé à l'occasion du passage de la mer Rouge (Exod., chap. 15, v. 2); mais ce cantique, qui nous est indiqué par le texte même comme devenu chant populaire, a pu et dû se conserver en d'autres livres.