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cents volumes qui furent l'origine de la bibliothèque royale.

      Du côté du nord, ce prince réunit la grosse tour au bâtiment par une galerie en pierre, étroite et élevée, franchissant le fossé dont nous avons parlé, lequel, revêtu de pierre, servait de vivier. Du côté opposé, se trouvait toujours le pont-levis, dont l'entrée s'abritait sous une arcade angulaire, surmontée d'une statue d'un mètre et demi représentant Charles V, son sceptre en main.

      Enfin, ce monarque plaça à la façade extérieure du palais, sur la rivière, une horloge fort admirée; il fit garnir les croisées d'un treillis doré, pour empêcher l'entrée des pigeons dans les appartements. Il dota son palais favori d'une chapelle, d'appartements élégants, de salles de bain, d'un cabinet de joyaux. Ce luxe était prodigieux, comparé au mobilier existant sous Philippe-Auguste, et qui consistait principalement en gerbes de paille, que l'on envoyait rue du Fouarre, à l'Université, pour l'usage des écoliers, quand le roi quittait cette résidence.

      L'empereur Charles IV étant venu à Paris, en 1373, fut reçu et fêté dans le palais de la Cité, nommé alors le Palais-Royal. Le lendemain de l'Épiphanie, le roi voulut montrer le Louvre à son visiteur. Celui-ci souffrant de la goutte, on le fit porter à la pointe de la Cité, et les deux souverains s'embarquèrent dans un bateau du roi, «fait comme une belle maison, dit Christine de Pisan, moult peint par dehors et par dedans. Le roy montra à l'empereur les beaux maçonnages qu'il avoit fait au Louvre édifier. L'empereur, son fils et ses barons moult bien y logea, et partout était le lieu moult bien paré. En salle dîna le roy, les barons avec lui, et l'empereur en sa chambre.»

      Nous insistons sur cette période de l'histoire du Louvre, parce que ce palais prit alors l'aspect et la distribution qu'il offrait, à de légères modifications près, à l'époque où commencera la première partie de notre récit.

      Avant Charles V, les bâtiments intérieurs n'avaient que deux étages; il les fit exaucer de deux autres, ce qui diminua la clarté et la salubrité de la cour. Le dedans de ces bâtiments, où le jour ne pénétrait qu'à travers des fenêtres étroites et grillées, ressemblait plus à celui d'une prison qu'à un logis royal.

      Quatre porte fortifiées, appelées Porteaux, donnaient accès dans le Louvre. L'entrée principale était au midi, sur le bord de la Seine: tout ici respirait la force brutale, le besoin de se défendre et celui de dominer. Entre les bâtiments et la rivière, s'offrait cette porte, flanquée de tours et de tourelles, s'ouvrant sur une avant-cour assez vaste, que l'on parcourait en longeant une partie du fossé du château. Arrivé au milieu de sa façade, on trouvait une autre porte, fortifiée par deux grosses tours peu élevées, couvertes d'une terrasse.

      La porte la plus considérable, après celle-ci, faisait face à Saint-Germain l'Auxerrois, et existait encore après la construction de la colonnade, sous Louis XIV. Elle était fort étroite, défendue par deux tours rondes. Les deux autres portes étaient moins importantes, mais non moins bien abritées.

      Il faut signaler encore les principales pièces des bâtiments qui entouraient le parallélogramme formé par la cour. Elles consistaient en une grande salle, ou salle de Saint-Louis; sa hauteur atteignait le comble de l'édifice; on distinguait ensuite la salle Neuve du roi, la salle Neuve de la reine, la chambre du Conseil, qui consistait en une grande chambre et une garde-robe, nommée garde-robe de la Trappe, et une salle basse immense, ornementée par Charles V avec beaucoup de soin, afin d'y donner des galas et d'y traiter les princes étrangers.

      Nous n'avons garde d'omettre la chambre de la Trappe… Étaient-ce les oubliettes?..

      La chapelle basse, dédiée à la Vierge, n'était pas la seule que renfermât le palais, mais c'était la plus importante et la mieux décorée.

      Charles VI, qui eut souvent besoin de se réfugier au Louvre dans les violentes tempêtes de son règne, ne le jugea pas encore suffisamment fortifié. Il ajouta des bastions à tous les coins, et sacrifia à cet effet la plupart des jardins.

      Après lui, Charles VII, Louis XI, Charles VIII et Louis XII, ne songèrent encore qu'à inventer des moyens de faire de ce château une forteresse inexpugnable.

      Enfin, arriva le règne de François Ier. Le goût barbare de cette citadelle choquait les instincts artistiques de ce prince. Il résolut d'en renouveler les dispositions. Ce dessein fut surtout confirmé en lui, quand il songea à recevoir Charles-Quint, en 1539.

      Il commença donc de très coûteuses réparations, et ce fut lui qui détruisit la grosse tour, afin de donner plus d'air et de lumière aux appartements. Il adopta pour entrée principale la porte vers Saint-Germain l'Auxerrois, et comme ces travaux ne le satisfaisaient pas encore, il se fit présenter des plans de reconstruction quasi complète, entre lesquels ceux de Pierre Lescot, abbé de Clagny, obtinrent la préférence. On était en 1540.

      Lescot conduisit son œig; uvre avec une heureuse activité. Le corps de bâtiment que nous appelons aujourd'hui le vieux Louvre, se trouva presque achevé en 1548. Ce fut Lescot aussi qui construisit une partie du bâtiment en retour du côté de la Seine, et une aile qui, communiquant au Louvre, s'avançait jusqu'au bord de cette rivière. Les magnifiques travaux réalisés, à force de temps et de génie, sur cette berge, ont produit le quai par lequel palais et rivière sont aujourd'hui séparés.

      Tout le monde connaît ce pavillon splendidement restauré de nos jours, en avant duquel s'étend un balcon aux barreaux dorés et fleurdelisés. C'est de la fenêtre par laquelle on y accède, et qui s'ouvre à l'extrémité méridionale de la galerie d'Apollon, que le triste Charles IX déchargeait son arquebuse sur les infortunés qui traversaient la Seine à la nage pour échapper aux massacres de la Saint-Barthélemy.

      Les architectes et les artistes dont le nom se rattache à cette époque du Louvre sont Pierre Lescot, Sébastien Serlio, Italien, qui ne fit guère que présenter des plans, Jean Goujon, victime de la Saint-Barthélemy, et Paul Ponce.

      Le gros bâtiment contigu au pavillon de Charles IX est d'une construction plus récente. Il s'étend du vieux Louvre au quai, et fait angle avec la façade méridionale. Il a longtemps porté le nom de palais de la Reine et de pavillon de l'Infante; l'espace vide enfermé entre lui et la nouvelle grille s'appelait le jardin de l'Infante, titre qui est resté au beau parterre dont le règne de Napoléon III a doté cet emplacement. L'étage supérieur forme la galerie à laquelle le triomphe d'Apollon, représenté au plafond, a valu le nom de cette divinité.

      L'espace qui séparait le Louvre du rudiment des Tuileries, était alors plus pareil à un vaste chaos qu'à un quartier voisin de la résidence royale. Cependant, la position de ce bâtiment avancé jusqu'à la Seine fit naître l'idée d'une galerie, qui, longeant cette rivière, irait aboutir à cet autre résidence, et formerait une communication de l'une à l'autre. Cette œuvre fut entreprise sous Charles IX et continuée sous ses successeurs, jusqu'à l'endroit où se trouve le premier pavillon à campanille, sur la place du Carrousel, c'est-à-dire à environ moitié de son étendue totale. La seconde partie, reprise sous Henri IV, qui y attachait beaucoup de soin, et continuée sous Louis XIII, ne s'acheva que sous Louis XIV.

      François Ier ne toucha d'ailleurs qu'aux anciennes parties du Louvre qui gênaient ses vues; il respecta les autres.

      D'après le plan de Lescot, le Louvre se serait terminé d'une part au pavillon de l'Horloge, et de l'autre à l'entrée actuelle sur la rivière, vis-à-vis le pont des Arts. Ce fut Henri IV qui fit donner à la cour du Louvre la dimension de cent soixante-neuf mètres qu'elle compte. Il fit exhausser la galerie donnant sur le jardin de l'Infante, alors couverte d'une terrasse.

      L'intention de Henri IV était de consacrer la partie inférieure de la grande galerie à l'établissement de diverses manufactures et au logement «des plus experts artisans de toutes les nations.» Ce dessein, digne d'un tel monarque, fut pourtant combattu par Sully, par des arguments qui prouvent que les vues économiques de ce ministre étaient moins bonnes que ses intentions, et qu'il n'était pas, en cette matière, aussi avancé qu'on s'est plu souvent à le proclamer.

      Catherine de Médicis avait contribué à décider son fils Charles IX à entreprendre cette galerie; cette princesse en posa même la première pierre. Androuet-Ducerceau

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