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à Moscou était la suite d’un raisonnement de lui; raisonnement qui se trouva juste comme toujours. Nous avons donc procédé à une enquête dont nous avons gardé jalousement le secret.

      «Le ou les coupables se sont hissés sur la coupole de la rotonde. Comment ont-ils pu réaliser ce tour de force et s’en aller sans être signalés par personne. Cela ne nous a pas été révélé.

      «Mais voici ce que nous pouvons affirmer avec certitude:

      «La coupole vitrée est formée de deux parties, dont l’une tourne sur galets et peut venir s’emboîter sous l’autre. C’est ainsi seulement qu’il est possible de renouveler l’air de la rotonde Nicolaieff.

      «Quand la partie mobile est fermée, elle est maintenue par un verrou intérieur. Ce verrou était bien poussé à bloc, mais il avait été actionné du dehors au moyen d’un électro-aimant. Les ferrures ayant conservé une certaine aimantation, comme il advient toujours en pareil cas, ce fait a trahi pour nous l’opérateur.

      «Dès lors, rien de plus simple. La demi-coupole a tourné au-dessus de la tête des commissaires qui, tout à leur besogne, ne se sont probablement pas aperçus de ce mouvement insolite.

      «Le ou les criminels ont projeté au ce centre de la table le projectile qui fait mourir de rire. La poussière micacée signalée à Trieste d’abord et maintenant à Moscou, nous semble appartenir à l’enveloppe d’un projectile inédit. Qu’est ce projectile? Cela je ne saurais le dire.

      «Puis les malheureux envoyés du Czar ayant succombé, rien n’a été plus facile que d’enlever par un moyen quelconque, les papiers.

      «Voilà. J’ajoute que Moscou, dès le lendemain, fut terrifié par une inexplicable épidémie de typhus, qui frappa en premier lieu et dans la même journée, la plupart des invités du gouverneur et des militaires ayant pénétré dans la rotonde.

      «Cette fois la maladie entraîne la mort pour beaucoup de malades.

      «L’expérience de Trieste se modifie dans le sens du tragique.

      «Je frissonne à la pensée du génie du mal qui frappe ainsi. Je frissonne car, de par notre volonté, notre soif de justice et de bonté, il est notre ennemi.

      «Songez à ces choses, car, je vous le promets, le moment venu, vous serez appelé à assister au combat. Nous voulons que notre ami ait sa part de gloire dans notre expédition.

      «Et ce m’est satisfaction de lui dire: À bientôt peut-être.

      «Je veux être pour vous celle qui s’appelle:

      «TANAGRA».

      Je ne me vanterai pas du succès foudroyant qu’obtint ma révélation dans le Time de tout ce que la marquise m’avait autorisé à publier.

      Je note seulement qu’à partir de ce moment, la Tanagra eût pu revendiquer un premier triomphe.

      Le souvenir de ma fiancée Niète n’était plus mon unique pensée.

      IV. LA MODE MACABRE S’ACCENTUE

      Désormais, mon imagination allait accompagner X. 323 et la belle Tanagra, emportés dans une lutte extraordinaire contre un… inconnu dont il m’était impossible de deviner la nature.

      Durant les mois qui suivirent, les faits se succédèrent épaississant sans cesse le mystère, amenant peu à peu l’Europe à un état de malaise anxieux, que la presse traduisait par les plus violents appels à la vigilance des gouvernements.

      La vigilance, mot vague, de sens imprécis. Que peut la vigilance contre l’inexplicable?

      Mais les appels de ce genre sont un bon moyen de capter la confiance du public.

      Les peuples sont des enfants. Est-ce là le fond de la nature humaine?

      Les gouvernements, naturellement, annoncèrent qu’ils ouvraient des enquêtes, cela est plus facile à ouvrir qu’une huître pied de cheval, mais la mort hilare sembla se soucier de cette ouverture comme un policeman d’un verre d’eau pure.

      Le 3 Mars, la superbe nourrice qui allaitait la fillette de sa Majesté Wilhelmine, reine de Hollande, était découverte, morte de rire, dans la chambre où elle aurait dû passer la nuit auprès de la petite princesse héritière.

      Un hasard seul avait sauvé cette dernière qui, souffrant de la dentition, avait inquiété sa maman, S. M. Wilhelmine, et avait décidé cette royale et jolie maman à garder l’enfant dans ses propres appartements.

      Faute de cet accroc à l’étiquette néerlandaise, le prince consort allemand, époux de la reine, eût hérité des droits à la couronne des Pays-Bas.

      Ainsi, le crime de Trieste, commis sur un député italien irrédentiste avait paru de nature à profiter à la maison d’Autriche.

      Le trépas des délégués russes de Moscou semblait avantageux pour l’autorité ecclésiastique du Saint-Synode.

      L’attentat de Hollande, commis à la Haye, paraissait servir les intérêts de l’Allemagne, représentée dans l’espèce par le prince consort.

      Comme on le voit, chaque étape de l’affaire augmentait les ténèbres.

      Le rire homicide s’abattit sur les leaders socialistes des différents pays.

      Le 27 mars, El señor Romero, chef des républicains espagnols, succombait à la gaieté mortelle, à Barcelone, dans la logette du téléphone.

      Le 6 avril, les chefs de la «Sociale française», Gaurès, Juesde et Airvé, déjeunant ensemble au pavillon Henri IV à Saint-Germain, sautaient, au milieu d’un éclat de rire, de la table dans l’éternité.

      Le 15 du même mois, c’était le tour de Colebridge et de Jakson, les guides écoutés des trade-unions britanniques.

      Le 21, Rebel, chef de la Social-Démocratie allemande, succombait avec son cocher, dans la voiture qui le promenait, à Berlin, parmi les ombrages du parc de Thiergarten.

      Et comme les journaux d’opposition de toutes les nations, s’inspirant du vieil adage juridique: le coupable est celui qui bénéficie du crime, se livraient à un chœur accusateur, mettant sur la sellette les ministères espagnol, français, anglais et allemand, voilà que, les 3 et 17 mai, deux morts foudroyantes rappelèrent l’attention sur les menaces militaires de la Triplice, sur les agissements politico-religieux du Saint-Synode.

      Le 8, M. Gustave Ledon, l’illustre physicien français qui, quinze jours auparavant avait fait à l’Académie une communication, dont toute l’Europe avait retenti, trouvait la mort riante dans son laboratoire.

      Sa communication ayant trait à la projection des ondes hertziennes déterminant la production d’éclairs sur toutes les surfaces métalliques, et ayant pour effet de supprimer les armées telles qu’elles sont comprises et équipées actuellement, tout naturellement on vit dans son trépas, la main de la Triplice, qui n’existe que par son armée.

      De même, on mit en cause le Saint-Synode, quand, le 17, le romancier russe Georki, ayant osé écrire que, le rôle de l’Église étant exclusivement spirituel, les popes devraient être déférés aux tribunaux lorsqu’ils incursionnent dans le temporel…, fut découvert déjà froid, contorsionné par l’épouvantable hilarité, dans le modeste cabinet de travail où il confiait sa pensée au papier.

      Seulement, l’accusation avait beau planer sur la carte d’Europe, personne ne pouvait expliquer la gaieté macabre figée sur les traits des victimes.

      Brusquement, le 11 juin, une lettre de la «Tanagra». La voici:

      «Je vous assure, ami, une avance de vingt-quatre heures sur tous vos confrères.

      «Avant-hier, à Freiburg-en-Brisgau, où il était en villégiature dans sa famille, Josephel Sternaü, secrétaire à la chancellerie allemande, a été trouvé évanoui sur la route de Bâle.

      «Ceux qui l’ont découvert ont cherché à pénétrer son identité. Ils ont, à cet effet, exploré

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