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un noble coeur

      Comme quand il peut voir qu’on le touche en l’honneur.

      Hippolyte

      Il est vrai, je t’ai dit de trop grosses injures :

      Mais que ces deux louis guérissent tes blessures.

      Mascarille

      Eh ! tout cela n’est rien ; je suis tendre à ces coups.

      Mais déjà je commence à perdre mon courroux ;

      Il faut de ses amis endurer quelque chose.

      Hippolyte

      Pourras-tu mettre à fin ce que je me propose

      Et crois-tu que l’effet de tes desseins hardis

      Produise à mon amour le succès que tu dis ?

      Mascarille

      N’ayez point pour ce fait l’esprit sur des épines.

      J’ai des ressorts tout prêts pour diverses machines ;

      Et quand ce stratagème à nos voeux manquerait,

      Ce qu’il ne ferait pas, un autre le ferait.

      Hippolyte

      Crois qu’Hippolyte au moins ne sera pas ingrate.

      Mascarille

      L’espérance du gain n’est pas ce qui me flatte.

      Hippolyte

      Ton maître te fait signe, et veut parler à toi :

      Je te quitte ; mais songe à bien agir pour moi.

      Scène XI

      Lélie, Mascarille.

      Lélie

      Que diable fais-tu là ? Tu me promets merveille ;

      Mais ta lenteur d’agir est pour moi sans pareille.

      Sans que mon bon génie au-devant m’a poussé,

      Déjà tout mon bonheur eût été renversé.

      C’était fait de mon bien, c’était fait de ma joie,

      D’un regret éternel je devenais la proie ;

      Bref, si je ne me fusse en ces lieux rencontré,

      Anselme avait l’esclave, et j’en étais frustré ;

      Il l’emmenait chez lui : mais j’ai paré l’atteinte,

      J’ai détourné le coup, et tant fait que, par crainte,

      Le pauvre Trufaldin l’a retenue.

      Mascarille

      Et trois ;

      Quand nous serons à dix, nous ferons une croix.

      C’était par mon adresse, ô cervelle incurable,

      Qu’Anselme entreprenait cet achat favorable ;

      Entre mes propres mains on devait la livrer ;

      Et vos soins endiablés nous en viennent sevrer.

      Et puis pour votre amour je m’emploierais encore !

      J’aimerais mieux cent fois être grosse pécore,

      Devenir cruche, chou, lanterne, loup-garou,

      Et que monsieur Satan vous vînt tordre le cou.

      Lélie (seul.)

      Il nous le faut mener en quelque hôtellerie,

      Et faire sur les pots décharger sa furie.

      ACTE II

      Scène première

      Lélie, Mascarille.

      Mascarille

      A vos désirs enfin il a fallu se rendre :

      Malgré tous mes serments, je n’ai pu m’en défendre,

      Et pour vos intérêts, que je voulais laisser,

      En de nouveaux périls viens de m’embarrasser.

      Je suis ainsi facile ; et si de Mascarille

      Madame la nature avait fait une fille,

      Je vous laisse à penser ce que ç’aurait été.

      Toutefois n’allez pas, sur cette sûreté,

      Donner de vos revers au projet que je tente,

      Me faire une bévue, et rompre mon attente.

      Auprès d’Anselme encor nous vous excuserons,

      Pour en pouvoir tirer ce que nous désirons ;

      Mais si dorénavant votre imprudence éclate,

      Adieu, vous dis, mes soins pour l’objet qui vous flatte.

      Lélie

      Non, je serai prudent, te dis-je, ne crains rien :

      Tu verras seulement…

      Mascarille

      Souvenez-vous-en bien ;

      J’ai commencé pour vous un hardi stratagème.

      Votre père fait voir une paresse extrême

      A rendre par sa mort tous vos désirs contents

      Je viens de le tuer (de parole, j’entends) :

      Je fais courir le bruit que d’une apoplexie

      Le bonhomme surpris a quitté cette vie.

      Mais avant, pour pouvoir mieux feindre ce trépas,

      J’ai fait que vers sa grange il a porté ses pas ;

      On est venu lui dire, et par mon artifice,

      Que les ouvriers qui sont après son édifice,

      Parmi les fondements qu’ils en jettent encor,

      Avaient fait par hasard rencontre d’un trésor.

      Il a volé d’abord ; et comme à la campagne

      Tout son monde à présent, hors nous deux, l’accompagne,

      Dans l’esprit d’un chacun je le tue aujourd’hui,

      Et produis un fantôme enseveli pour lui.

      Jouez bien votre rôle ; et pour mon personnage,

      Si vous apercevez que j’y manque d’un mot,

      Dites absolument que je ne suis qu’un sot.

      Scène II

      Lélie.

      Lélie

      Son esprit, il est vrai, trouve une étrange voie

      Pour adresser mes voeux au comble de leur joie ;

      Mais quand d’un bel objet on est bien amoureux,

      Que ne ferait-on pas pour devenir heureux ?

      Si l’amour est au crime une assez belle excuse,

      Il en peut bien servir à la petite ruse

      Que sa flamme aujourd’hui me force d’approuver,

      Par la douceur du bien qui m’en doit arriver.

      Juste ciel ! qu’ils sont prompts ! Je les vois en parole[6].

      Allons nous préparer à jouer notre rôle.

      Scène III

      Anselme,

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