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la souscription fut close, le comité de surveillance et le conseil d’administration se réunirent.

      Les comptes généraux, présentés par le nouveau caissier, lui valurent des compliments.

      La réunion fut suivie d’un dîner au café Riche.

      Le caissier s’excusa de ne pouvoir accepter l’invitation de ces messieurs. Il remonta chez lui, car il demeurait dans les appartements occupés par la banque, et y trouva Iza qui l’attendait.

      –Eh bien? lui demanda-t-elle.

      –Tout est approuvé. Maintenant que vas-tu faire?

      –Ce que je t’ai dit.

      –Quand?

      –Oh! dans quelques jours seulement; il faut que la catastrophe soit complète. Il faut être riche sans avoir rien à redouter, et pour cela il faut que je dispose tout. Toi ici, ta mission est d’éviter ou d’ajourner toute sortie de fonds. Dans quelques jours, je te dirai ce qu’il faudra faire.

      Maintenant ne parlons plus affaires; on en parle assez chez nous. Je suis venue, pendant qu’ils sont ensemble, pour passer la soirée avec toi. J’ai besoin de t’aimer. J’ai besoin de parler la langue de mon pays. Oh! que je suis lasse de tous ces gens! Si tu savais combien j’ai souffert de la réserve que j’ai gardée tous ces jours, évitant de te parler, n’osant venir! C’était trop!.

      –Pourquoi ne venais-tu pas?

      –J’avais peur.

      –Peur!. De qui donc?

      Et, en disant ces mots, Carl avait un regard sauvage.

      –D’un homme que je croyais venu ici pour me poursuivre encore. Mais, maintenant, je suis plus tranquille; je sais que je n’ai rien à redouter, au contraire. Celui que je prenais pour un ennemi pourra peut-être me servir.

      –De qui parles-tu là?

      –Je te raconterai cela une autre fois. Causons de nous, là, . bien près l’un de l’autre.

      La Grande Iza passait ses mains dans les cheveux et sur le visage du beau garçon; on eût dit qu’elle caressait un fauve. Elle reprit:

      –C’est comme cela que je t’aime, avec ton regard farouche, tes mouvements d’audace. Quand je me plains, je te vois prêt à me défendre. Tu m’aimes bien, mon Carl?

      –Oh! oui, . oui.

      Ils s’embrassèrent longuement.

      C’était juste l’heure où Oscar de Verchemont, debout devant la table, au café Riche, levait son verre et répondait à la santé qui venait de lui être portée, en disant:

      «Messieurs, je vous remercie de vos compliments trop élogieux. Le plan nouveau que nous avons conçu, pour la réorganisation de la banque Flamande, n’est pas seulement de moi, il est aussi de mon ami Van Ber-Costeinn. C’est par ses précieux conseils et sous sa haute direction que la maison que nous reconstituons pourra retrouver sa prospérité.

      » Je vous propose donc, messieurs, de boire à la santé de Van Ber-Costeinn et au succès de la banque Flamande.»

      C’était aussi à la prospérité de la banque Flamande que Carl, le caissier, et la Grande Iza buvaient, dans le même verre, dans l’appartement situé au-dessus des caisses pleines de la banque.

       LES

       BEAUX JOURS DE LA BANQUE FLAMANDE

       Table des matières

      Les actions et les obligations de la banque Flamande faisaient prime sur tous les marchés; c’était, en bourse, valeur de premier ordre; cela dura quelques semaines, au bout desquelles une baisse sensible se produisit. De mauvais propos, des calomnies peut-être, avaient été répandus sur le fameux comité d’administration, composé des honnêtes gens que nous avons esquissés.

      Verchemont, très inquiet, en parla le soir même à son conseil suprême, c’est-à-dire à sa Lolotte. C’est que, désormais, la vie possible était là; c’était dans la banque Flamande qu’était toute la fortune de Verchemont, et, si cette affaire périclitait, il était ruiné.

      De ce conseil, qui se tenait le plus souvent la nuit dans la chambre d’Iza, il résulta qu’on devait se débarrasser au plus tôt de ceux qui pourraient discréditer la banque.

      Iza redevenait alors la veuve Seglin, la veuve du grand financier parisien; elle discutait comme si elle n’avait vécu que dans ce monde; elle se plaçait en rouée sachant les affaires; elle décida qu’il ne fallait pas compromettre une affaire brillante par de la sentimentalité, et elle dit:

      –Les affaires sont les affaires; ces gens sont venus nous offrir la gestion de la banque, nous l’avons acceptée, nous l’avons prise, nous l’avons relevée; le crédit, c’est à toi et à Van Ber-Costeinn qu’on le doit.

      Il n’y a pas à hésiter, il faut se débarrasser de ces gens. Au reste, l’affaire est fructueuse, tu n’as aucune inquiétude sur elle; c’est notre vie, notre fortune; en l’ayant personnellement, tu rattraperas très rapidement les sacrifices que nous serons obligés de faire. Il faut que ces gens disparaissent au plus tôt. Toi et le baron, c’est la confiance immédiatement rétablie. Tu vois chaque jour les états que t’apporte Zintsky; tu es certain que l’affaire, pleine de promesses aujourd’hui, va donner bientôt d’immenses résultats. Les anciens actionnaires n’ont repris confiance que sur vos deux noms; les nouveaux souscripteurs ne sont venus que par vous. Une assemblée acceptera par acclamation tout ce que vous proposerez et même applaudira à tout ce que vous aurez fait. N’es-tu pas complètement persuadé de ce que je dis là?

      –J’en suis convaincu, répondit de Verchemont.

      Puis, avec gêne, il ajouta:

      –Mais comment obtenir la retraite de ces messieurs?

      –Ce sont des hommes d’argent: en payant, ils feront ce qu’on voudra.

      –Encore faudrait-il justifier notre décision par un fait, et nous ne pouvons, dans une assemblée, révéler les motifs qui nous font agir.

      –Nous avons un fait: le rachat des mines de l’Arly et l’exploitation des Mines savoyardes ont produit des résultats désastreux.

      –Mais, c’est vrai cela, dit naïvement Verchemont.

      –Je le sais bien.

      –Cela est suffisant.

      –Tu dis au conseil que la réussite de la banque Flamande est une question d’honneur pour toi; tu la prends sous ta responsabilité absolue, et tu es certain que le départ de ces messieurs, te laissant libre d’agir, te permettra de donner à l’affaire une importance nouvelle.

      –Voudront-ils partir ainsi? demanda Verchemont en hochant la tête.

      –C’est moi qui ai commencé l’affaire; si tu veux me donner la commisson de traiter avec eux, je me charge d’obtenir leur démission. Je les connais tous; ils étaient souvent en relation avec M. Seglin. Cela coûterà cher.

      De Verchemont interrompit:

      –Oh! coûte que coûte, il faut nous défaire de ces gens. Ils ne sont pas calomniés, ils sont découverts.

      La Grande Iza eut un singulier air pour dire:

      –Les financiers de cet ordre ne sont jamais scrupuleux; c’est presque toujours dans les annales judiciaires qu’on cherche leur biographie.

      Le mot fit faire la grimace au comte Oscar de Verchemont; il fut suivi d’un silence de quelques

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