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Le dangereux jeune homme. Boylesve René
Читать онлайн.Название Le dangereux jeune homme
Год выпуска 0
isbn 4064066085544
Автор произведения Boylesve René
Жанр Языкознание
Издательство Bookwire
«—Je vais passer une fraîche après-midi au musée.»
»Elle adopta un air sérieux; puis elle sourit avec une grâce inoubliable qui pouvait être autant ironie compatissante qu'espèce de promesse.
»Et j'allai au musée, ce jour-là, en un si parfait espoir de la rencontrer, que, ne la rencontrant, au bout d'une heure, dans aucune des salles à température exquise, je revins, dépité, à l'hôtel, par la plus grande chaleur du jour.
»Et je me souviens que, dans l'escalier qui conduisait au deuxième étage occupé par nous, je m'arrêtai aux avant-dernières marches afin de m'éponger le front et de me remettre un peu la figure en ordre, de peur de paraître ridicule à madame des Noullis si un hasard voulait que je la rencontrasse avant d'atteindre ma chambre.
»Dans l'instant où je posais le pied afin de me livrer à cette opération d'homme épris, je la vis, elle, tout entière: ses cheveux blonds, sa nuque, sa taille, et un kimono soyeux sous les plis duquel elle m'était déjà précédemment apparue... Et, tout entière, reconnaissable à ne pouvoir s'y méprendre, je la vis entrer dans une chambre qui n'était ni la sienne, ni celle de son mari, ni celle de monsieur, ni celle de madame de la Biquerie... Rassurez-vous! ce n'était pas non plus la mienne.
»Je restai là, sidéré, mon mouchoir à la main et le front ruisselant. Je poussai un juron, et puis, tout à coup, bondis jusqu'à ma chambre dont j'eus soin de ne pas fermer la porte, afin de rester attentif au moindre bruit du corridor. Je me lavai, me changeai, venant à tout instant à ma porte entr'ouverte, risquant un œil au dehors, jusqu'à la chambre numéro 125,—hundert fünf und zwanzig—dont je me répétais mentalement le chiffre, en français et en allemand, je ne sais absolument pas pourquoi.
»J'étais depuis beau temps remis en état, essuyé, lavé et habillé pour la promenade au Prater, quand, à la suite de nombreuses alertes dans le corridor, je vis de nouveau madame des Noullis qui regagnait tranquillement sa chambre. Elle me tournait le dos et ne me vit point. J'étais tout habillé pour la promenade. Je m'apprêtai à descendre, ne tenant pas outre mesure à éclaircir un mystère probablement banal. Mais, comme je passais devant la chambre numéro 125,—hundert fünf und zwanzig,—j'en vis sortir... M. de la Biquerie.
»Je regardai encore une fois, involontairement, le numéro 125,—hundert fünf und zwanzig,—et je dis au beau cousin:
«—Tiens, vous avez changé de chambre?»
»Il ne me dit ni oui ni non, et poursuivit son pas tranquille et mesuré dans le corridor. Ah! j'eus tout loisir d'aller réfléchir dans le hall, car je m'étais mis en une folle avance sur l'heure de la promenade.
»Vous jugez que ma dignité me commandait de battre en retraite et par le plus court? Messieurs, c'est faire injure à la puissance de séduction de madame des Noullis. Une heure après les petits événements que j'ai rapportés, consentez à me voir assis, je vous prie, dans une voiture à deux chevaux, en compagnie des personnages que j'avais vus l'un et l'autre sortir de la chambre numéro 125. Je me niais à moi-même un dépit atroce, mais que sa grandeur précisément rendait apte à atténuer ses propres ravages.
»Vous me voyez donc sur la banquette, à côté de madame des Noullis et vis-à-vis de M. de la Biquerie, bons cousins. Nul motif de rien modifier à nos attitudes respectives. Madame des Noullis me demanda:
«—Eh bien, faisait-il frais au musée?»
»Et elle continua avec moi son habituel et galant manège. J'y répondis en badinant, avec une ardeur que fouettait ma fièvre. Mais du galant manège je comprenais désormais l'abominable malignité.
»Toute la question était pour moi de décider si je continuerais à me prêter au jeu, ou si j'attendrais une occasion propice à montrer que je l'avais découvert. Entre nous, il est vraisemblable que j'eusse prolongé l'état d'expectative, moitié pour le plaisir de contempler plus longtemps de beaux yeux, moitié pour le ragoût de constater jusqu'à quel bas usage une femme pouvait domestiquer un quidam. Oui, sans doute, j'eusse honteusement temporisé, si, le soir même, sous des traits surprenants, la divinité protectrice des familles ne m'était apparue.
»Nous avions à peine réintégré nos cellules, après l'échange des «bonne nuit», dans le corridor, que j'entendis frapper à ma porte. Ho! Ho!...
»Je me précipitai. Je vous laisse à deviner qui frappait à ma porte... Non. Vous ne brûlez pas...
»C'était madame de la Biquerie.
»Madame de la Biquerie, émue, hésitante à la fois et résolue, roulant des yeux, portant la main à son cœur, son mouchoir à ses yeux avant que la pluie en tombât, enfin plus laide que jamais, venait m'exposer qu'il n'échappait ni à elle, ni à son cher mari, ni à son frère, que je me livrais avec la trop charmante des Noullis à un divertissement dangereux. A croire ma visiteuse, la jeune des Noullis était une femme qui avait semé jusqu'ici le bonheur autour d'elle, qui avait choisi son mari entre cent soupirants, contracté par conséquent un mariage d'amour, et donné l'exemple de la plus touchante tendresse. M. des Noullis souffrait, paraissait-il, de voir sa femme bien-aimée se livrer à de petites «excentricités de voyage» qui, hélas! étaient de nature à leurrer un étranger (à qui le disiez-vous, ma belle!...). M. des Noullis n'eût pas voulu, par une intervention personnelle, donner de l'importance à ce qui n'en saurait avoir, aussi la sœur, compatissante avait-elle pris sur soi de me venir avertir, «quitte à se compromettre», prononça-t-elle sérieusement, assurée qu'elle était qu'un galant homme de ma sorte renoncerait à jeter la perturbation en une famille aussi exemplairement unie...
»Cette dernière expression allait me faire pouffer au nez de madame de la Biquerie, quand je pensai que rien n'était plus exact que les termes employés par elle, attendu que c'était pour que le contact demeurât plus intime et parfait entre les membres de sa famille, que madame des Noullis s'était servi de moi comme chandelier.
»Je reconduisis donc poliment jusqu'à ma porte madame de la Biquerie en lui faisant grâces et salamalecs et lui jurant que sa «famille exemplairement unie» ne me retrouverait plus sur son chemin.
»Et en effet, le lendemain, dans la matinée, je quittai Vienne avant qu'eût ouvert l'œil aucun Biquerie, aucun Noullis.
»Vous vouliez une mésaventure. La mienne est cuisante.
—Elle ne l'est pas que pour vous! dit M. Briçonnet, car elle prouve que mon Hélène des Gaudrées, deux ans après mon séjour en son manoir, avait bel et bien un amant.
—Rien n'est moins certain que cette dernière proposition, dit M. Bernereau, et malgré de remarquables coïncidences. Songez que jamais je n'entendis parler d'une vieille mère, et que la musique ne parut pas un moment tenir quelque place dans les préoccupations de mes Biquerie. Outre cela, qu'une femme s'élance des bras de son mari en ceux de son cousin, voilà qui ne dérange rien aux lois de la nature, mais qu'elle passe du goût éminemment sédentaire de la pêche, à la frénésie de la locomotion rapide, quelle entorse à la logique! Les goûts ne sont-ils pas une des rares choses stables du monde? On les apporte en naissant, on les tient de famille, et on les transmet à ses héritiers.
—Heu...! heu!... fredonna M. de Soucelles.
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