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Histoire de la magie. Eliphas Levi
Читать онлайн.Название Histoire de la magie
Год выпуска 0
isbn 4064066084929
Автор произведения Eliphas Levi
Жанр Документальная литература
Издательство Bookwire
Le Sohar est une genèse de lumière, le Sépher Jézirah est une échelle de vérités. Là s'expliquent les trente-deux signes absolus de la parole, les nombres et les lettres; chaque lettre reproduit un nombre, une idée et une forme, en sorte que les mathématiques s'appliquent aux idées et aux formes, non moins rigoureusement qu'aux nombres par une proportion exacte et une correspondance parfaite. Par la science du Sépher Jézirah, l'esprit humain est fixé dans la vérité et dans la raison, et peut se rendre compte des progrès possibles de l'intelligence par les évolutions des nombres. Le Sohar représente donc la vérité absolue, et le Sépher Jézirah donne les moyens de la saisir, de se l'approprier et d'en faire usage.
CHAPITRE II.
MAGIE DES MAGES.
SOMMAIRE.--Mystères de Zoroastre ou magie des mages.--La science du feu.--Symboles et enchantements des Perses et des Assyriens.--Les mystères de Ninive et de Babylone.--Domaine de la foudre.--Art de charmer les animaux.--Le bûcher de Sardanapale.
Zoroastre est très probablement un nom symbolique, comme celui de Thot ou d'Hermès. Eudoxe et Aristote le font vivre six mille ans avant la naissance de Platon; d'autres, au contraire, le font naître cinq cents ans avant la guerre de Troie. Les uns en font un roi de la Bactriane, les autres affirment l'existence de deux ou de trois Zoroastres différents. Eudoxe et Aristote seuls nous semblent avoir compris le personnage magique de Zoroastre en mettant l'âge kabbalistique d'un monde entre l'éclosion de son dogme et le règne théurgique de la philosophie de Platon. Il y a, en effet, deux Zoroastres, c'est-à-dire, deux révélateurs, l'un fils d'Oromase et père d'un renseignement lumineux, l'autre fils d'Arimane et auteur d'une divulgation profane; Zoroastre est le Verbe incarné des Chaldéens, des Mèdes et des Perses. Sa légende semble une prédiction de celle du Christ, et il a dû avoir aussi son antéchrist, suivant la loi magique de l'équilibre universel.
C'est au faux Zoroastre qu'il faut attribuer le culte du feu matériel et le dogme impie du dualisme divin qui a produit plus tard la gnose monstrueuse de Manès, et les principes erronés de la fausse maçonnerie. Le faux Zoroastre est le père de cette magie matérialiste qui a causé le massacre des mages, et fait tomber le vrai magisme sous la proscription et dans l'oubli. L'Église, toujours inspirée par l'esprit de vérité, a dû proscrire sous les noms de magie, de manichéisme, d'illuminisme et de maçonnerie, tout ce qui se rattachait de près ou de loin à cette profanation primitive des mystères. L'histoire jusqu'à présent incomprise des templiers, en est un exemple éclatant.
Les dogmes du vrai Zoroastre sont les mêmes que ceux de la pure kabbale, et ses idées sur la divinité sont les mêmes que celles des Pères de l'Église. Les noms seuls diffèrent: ainsi il nomme triade ce que nous appelons trinité, et dans chaque nombre de la triade, il retrouve le ternaire tout entier. C'est ce que nos théologiens appellent la circum-insession des personnes divines. Zoroastre renferme dans cette multiplication de la triade par elle-même la raison absolue du nombre neuf et la clef universelle de tous les nombres et de toutes les formes. Ce que nous appelons les trois personnes divines, Zoroastre le nomme les trois profondeurs. La profondeur première ou paternelle est la source de la foi; la seconde ou celle du Verbe est la source de la vérité; la troisième ou l'action créatrice est la source d'amour. On peut consulter, pour se convaincre de ce que nous avançons ici, l'exposition de Psellus sur les dogmes des anciens Assyriens, dans la Magie philosophique de François Patricius, page 2, édition de Hambourg, 1593.
Sur cette échelle de neuf degrés, Zoroastre établit la hiérarchie céleste et toutes les harmonies de la nature. Il compte par trois toutes les choses qui émanent de l'idée, par quatre tout ce qui se rattache à la forme, ce qui lui donne le nombre sept pour type de la création. Ici finit l'initiation première, et commencent les hypothèses de l'école; les nombres se personnifient, les idées prennent des emblèmes qui plus tard deviendront des idoles. Voici venir les Synochées, les Télétarques et les Pères, serviteurs de la triple Hécate, puis les trois Amilictes, et les trois visages d'Hypézocos; puis les anges, puis les démons, puis les âmes humaines. Les astres sont les images et les reflets des splendeurs intellectuelles, et notre soleil est l'emblème d'un soleil de vérité, ombre lui-même de cette source première d'où jaillissent toutes les splendeurs. C'est pour cela que les disciples de Zoroastre saluaient le lever du jour, et passaient parmi les barbares pour des adorateurs du soleil.
Tels étaient les dogmes des mages, mais ils possédaient, en outre, des secrets qui les rendaient maîtres des puissances occultes de la nature. Ces secrets, dont l'ensemble pourrait s'appeler une pyrotechnie transcendentale, se rattachaient tous à la science profonde et au gouvernement du feu. Il est certain que les mages connaissaient l'électricité, et avaient des moyens de la produire et de la diriger qui nous sont encore inconnus.
Numa, qui étudia leurs rites et fut initié à leurs mystères, possédait, au dire de Lucius Pison, l'art de former et de diriger la foudre. Ce secret sacerdotal dont l'initiateur romain voulait faire l'apanage des souverains de Rome, fut perdu par Tullus Hostilius qui dirigea mal la décharge électrique et fut foudroyé. Pline rapporte ces faits comme une ancienne tradition étrusque 2, et raconte que Numa se servit avec succès de sa batterie foudroyante contre un monstre nommé Volta, qui désolait les campagnes de Rome. Ne croirait-on pas, en lisant cette révélation, que notre physicien Volta est un mythe, et que le nom des piles voltaïques remonte au siècle de Numa?
Note 2: (retour) Plin., liv. II, ch. 53.
Tous les symboles assyriens se rapportent à cette science du feu qui était le grand arcane des mages; partout nous retrouvons l'enchanteur qui perce le lion et qui manie les serpents. Le lion c'est le feu céleste, les serpents sont les courants électriques et magnétiques de la terre. C'est à ce grand secret des mages qu'il faut rapporter toutes les merveilles de la magie hermétique, dont les traditions disent encore que le secret du grand oeuvre consiste dans le gouvernement du feu.
Le savant François Patricius a publié, dans sa Magie philosophique, les oracles de Zoroastre recueillis dans les livres des platoniciens, dans la théurgie de Proclus, dans les commentaires sur Parménide, dans les commentaires d'Hermias sur Phèdre, dans les notes d'Olympiodore sur le Philèbe et le Phédon. Ces oracles sont d'abord la formule nette et précise du dogme que nous venons d'exposer, puis viennent les prescriptions du rituel magique, et voici en quels termes elles sont exprimées:
LES DÉMONS ET LES SACRIFICES.
«La nature nous enseigne par induction qu'il existe des démons incorporels, et que les germes du mal qui existent dans la matière, tournent au bien et à l'utilité commune.
»Mais ce sont là des mystères qu'il faut ensevelir dans les replis les plus impénétrables de la pensée.
»Le feu toujours agité et bondissant dans l'atmosphère peut prendre une configuration semblable à celle des corps.
»Disons mieux, affirmons l'existence d'un feu plein d'images et d'échos.
»Appelons, si vous le voulez, ce feu une lumière surabondante qui rayonne, qui parle, qui s'enroule.
»C'est le coursier fulgurant de la lumière, ou plutôt c'est l'enfant aux larges épaules qui dompte et soumet le coursier céleste.
»Qu'on l'habille de flamme et d'or ou qu'on le représente nu comme l'Amour en lui donnant aussi des flèches.