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bouclé Molenbeek. Parfois je me demande de quel côté ils sont. »

      Luke leva les mains en l’air. « Susan… »

      « Luke, » dit-elle. « J’ai besoin de vous sur cette affaire. Il y a quelque chose qui n’a pas été mentionné lors de la réunion, et qui rend la situation bien plus urgente que vous le pensez. Kurt est au courant, moi aussi, mais personne d’autre. »

      « Qu’est-ce que c’est ? »

      Elle hésita. « Luke… »

      « Susan, vous m’avez appelé hier et vous m’avez demandé de prendre un avion pour le Colorado. Ce que j’ai fait. Et maintenant, vous voulez que j’aille en Belgique. Vous dites que c’est important mais vous ne voulez pas me dire pourquoi. Vous savez que ma femme a un cancer ? Je vous le dis pour que vous sachiez exactement ce que vous êtes occupée à me demander. »

      Pendant une fraction de seconde, il pensa qu’il allait lui en dire plus, peut-être même tout lui dire. Que son couple avait éclaté. Que sa femme venait d’une famille riche, mais que Luke ne voulait pas d’argent de sa part. Il voulait juste voir son fils de manière régulière et Becca le menaçait de lui retirer ce droit. Elle s’était préparée à lutter pour avoir la garde de Gunner et maintenant, elle avait soudain un cancer. Elle allait probablement mourir. Et elle voulait quand même continuer à se battre. Toute cette histoire avait pris Luke par surprise. Il ne savait pas quoi faire. Il se sentait complètement perdu.

      « Luke, je suis vraiment désolée. »

      « Merci. C’est dur. On a eu beaucoup de problèmes entre nous, et maintenant… ça. »

      Elle le regarda droit dans les yeux. « Si ça peut vous consoler, je veux que vous sachiez que je comprends très bien. Mes parents sont morts quand j’étais jeune. Mon mari a visiblement déserté notre mariage et s’est reclus de son côté. Je ne lui en veux même pas. C’est normal qu’il n’ait pas envie de continuer à supporter toutes ces attaques. Mais il a emmené nos filles avec lui. Je sais ce que ça fait d’être seule – j’imagine que c’est ce que j’essaye de vous dire. »

      Luke fut surpris qu’elle se confie comme ça à lui. Il réalisa combien elle lui faisait confiance et ça lui donna encore plus envie de l’aider.

      « OK, » dit Luke. « Alors dites-moi pourquoi c’est si important. »

      « Il y a eu une fuite de données au Ministère de l’énergie. Personne n’en connaît encore l’étendue, si c’était un accident ou si c’était planifié. Personne ne sait rien. Beaucoup d’informations ont tout simplement disparu, y compris des milliers d’anciens codes nucléaires. Personne ne sait même dire si c’est vraiment grave – s’ils fonctionnent encore. Ça va prendre du temps pour mettre de l’ordre dans tout ça, mais en attendant, il est hors de question qu’on égare une arme nucléaire. »

      Il s’enfonça dans son siège. Il allait y aller. Avec un peu de chance, il lui suffirait de mettre la pression sur quelques personnes, d’accroître les protocoles de sécurité et il serait de retour dans deux jours. Il vit mentalement Gunner jouer au basket dans la cour arrière.

      Tout seul.

      « OK, » dit Luke. « Mais j’ai besoin de mon équipe. Ed Newsam, Mark Swann. Et il me manque un membre. J’ai besoin d’un officier des renseignements pour remplacer Trudy Wellington. Quelqu’un de bon. »

      Susan hocha la tête et lui décocha un sourire de gratitude.

      « Je m’en occupe. »

      CHAPITRE HUIT

      17h15 (Heure d’été de l’Est)

      Le ciel au-dessus de l’océan Atlantique

      « Vous êtes prêts à l’action, les enfants ? »

      Le Learjet à six places fonçait à travers le ciel, en direction du Nord-est. L’avion était bleu foncé, avec le sceau des services secrets sur le côté. Derrière eux, le soleil commençait à se coucher. Luke regarda par le hublot, en direction de l’Est. Il faisait déjà noir devant eux – c’était l’automne et les jours raccourcissaient. En-dessous d’eux, le vaste océan s’étendait à l’infini.

      Luke avait utilisé sa phrase habituelle de motivation, mais il l’avait fait de manière machinale. Il n’y avait pas mis beaucoup de cœur. Il était éveillé depuis trop longtemps et il avait trop de poids sur ses épaules. Et en plus de ça, il avait accepté un boulot qu’il n’avait probablement pas besoin de faire.

      Avec son équipe, il utilisait les quatre sièges passagers à l’avant en tant que zone de réunion. Ils avaient empilé leurs bagages et leur équipement sur les sièges à l’arrière.

      Dans le siège qui se trouvait de l’autre côté de l’allée, était assis Ed Newsam. Il portait un pantalon kaki, un t-shirt à longues manches et une veste légère. Il avait mis ses lunettes de soleil, pour se protéger des rayons qui passaient par le hublot. Quand il était détendu, comme il l’était à l’instant présent, toute la tension musculaire disparaissait de son corps hyper athlétique et musclé. Ed était spécialiste en armement et en tactique, et Luke avait rarement rencontré un homme plus qualifié que lui – il était en lui-même une arme des plus dévastatrices.

      En face de lui, se trouvait Mark Swann. Il était grand et fin, avec de longs cheveux châtain clair attachés en queue de cheval, et d’élégantes lunettes rectangulaires noires Calvin Klein. Il avait étendu ses jambes dans l’allée. Il portait un vieux jean délavé et une paire de bottines noires de combat Doc Marten. Le choix de ces bottines fit sourire Luke – Mark n’avait jamais vécu une seule seconde de combat dans sa vie. Swann était spécialiste en systèmes informatiques – c’était un ancien hacker qui avait été arrêté et engagé par le gouvernement pour éviter une longue peine de prison.

      Swann et Newsam étaient rentrés du Grand Canyon quelques jours plus tôt – ils trouvaient que ce n’était pas la même chose sans Luke et Gunner.

      « Surveiller quelques ogives nucléaires obsolètes ? » dit Swann. « Je suppose que je suis prêt pour ça. »

      « Pire, » dit Luke. « On va garder un œil sur des Belges, qui sont chargés de surveiller quelques ogives nucléaires obsolètes. »

      « Tu penses vraiment que c’est tout ? » dit Ed.

      Luke secoua la tête. « Non. Je pense que c’est trompeur. Il va falloir qu’on garde les yeux bien ouverts et qu’on reste… »

      « Très vigilants, » dit Swann.

      Ils jouaient chacun leur rôle et c’était très bien comme ça. Swann et Newsam avaient évité de mentionner le sujet du cancer de Becca. Plutôt qu’offrir leur sympathie quand ils étaient montés à bord, ils s’étaient contentés de ne rien dire et Luke comprenait très bien. C’était un sujet difficile à aborder.

      Juste en face de Luke, était assis le membre le plus récent de l’équipe – enfin, pour être tout à fait exact, elle n’était pas encore vraiment un membre à part entière. C’était la première fois qu’elle travaillait avec eux. Les services secrets l’avaient empruntée au FBI sur recommandation de ses supérieurs. Elle avait à peine prononcé un mot depuis qu’ils étaient montés dans l’avion. Luke tourna maintenant son attention vers elle.

      Il avait vu son dossier. Elle s’appelait Mika Dolan. Elle était née en Chine mais ses parents l’avaient donnée en adoption car ils voulaient un fils. Elle avait été adoptée par un couple de hippies vieillissants, qui s’étaient rendu compte tard dans leur vie qu’ils avaient envie d’avoir un enfant. Elle a d’abord grandi sur la côte Ouest, dans le Nord de la Californie, puis dans le comté de Marin, à côté de San Francisco. Elle était jeune – probablement trop jeune. Vingt et un ans et ça faisait déjà un an qu’elle était sortie de MIT, avec un dix-huit de moyenne.

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