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Vainqueur, Vaincu, Fils . Морган Райс
Читать онлайн.Название Vainqueur, Vaincu, Fils
Год выпуска 0
isbn 9781640292253
Автор произведения Морган Райс
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Lukeman Literary Management Ltd
“Non”, dit-elle. “Je ne suis pas venue parler pour les morts. Je m'appelle Jeva et, aujourd'hui, je souhaite parler pour les vivants.”
CHAPITRE QUATRE
Irrien arpentait les champs de cadavres, regardant autour de lui le carnage que ses armées avaient causé sans le moins du monde ressentir la satisfaction que cela lui donnait habituellement. Autour de lui, les hommes du Nord gisaient, morts ou mourants, écrasés par ses armées, massacrés par ses chasseurs. Irrien aurait dû se sentir triomphant en ce moment-là. Il aurait dû se sentir réjoui par l'étendue de la destruction ou par son pouvoir en voyant ses ennemis morts.
Au lieu de cela, il avait la sensation qu'on lui avait volé sa vraie victoire.
Un homme portant l'armure brillante de ses ennemis gémissait dans la boue, essayant de se raccrocher à la vie malgré les blessures qu'on lui avait infligées. Irrien prit une lance à un autre cadavre avoisinant et en transperça l'homme. Même tuer un faiblard comme celui-là ne le mit pas de meilleure humeur.
En vérité, cela avait été trop facile. Il y avait eu trop peu d'ennemis pour que ce combat vaille la peine d'être mené. Ils s'étaient déchaînés contre le Nord, avaient dévasté les villages et les petits châteaux, avaient même dévasté l'ex-forteresse de Lord West. Partout, ils avaient trouvé des demeures vides et des châteaux encore plus vides, des pièces que les gens avaient abandonnées à temps pour fuir devant la horde qui avait été sur le point de s'abattre sur eux.
Cela n'était pas frustrant seulement parce que cela signifiait qu'il ne pouvait pas jouir des victoires pleines de sens qu'il avait prévu de remporter. C'était aussi frustrant parce que cela signifiait que ses ennemis étaient encore en vie. De plus, Irrien savait où ils étaient parce que le lâche qui était resté dans le château de Lord West le lui avait dit : ils étaient à Haylon et ils renforçaient l'île où il n'avait envoyé qu'une partie de ses forces pour la conquête.
A cause de cela, chaque moment qu'Irrien passait en ce lieu lui donnait une sensation d'énervement. Pourtant, il y avait des choses à faire ici. Il regarda autour de lui et vit ses hommes travailler avec des bandes de d'esclaves capturés récemment pour démolir un des châteaux qui semblaient pousser en ce lieu comme des champignons après la pluie. Irrien ne voulait pas laisser ces bâtiments inoccupés derrière lui parce que cela donnerait à ses ennemis un endroit où se rassembler.
Plus que cela, ses hommes avaient l'air assez satisfaits de cette victoire facile. Irrien voyait ceux qui n'avaient pas été assignés aux équipes de travaux de force se reposer au soleil, jouer avec des pièces volées ou torturer des prisonniers qu'ils avaient capturés pour s'amuser.
Les profiteurs habituels étaient là, bien sûr. Quelqu'un avait installé un camp d'esclavagiste au bord de l'armée comme s'il en était l'ombre, avec ses charrettes et ses cages qui se remplissaient rapidement. Il y avait au milieu un espace dégagé où les esclavagistes négociaient pour acheter les meilleurs esclaves et les plus beaux, alors qu'en fait ils prenaient ce que les soldats voulaient bien leur vendre. Ces hommes étaient des charognards, pas des guerriers authentiques.
Ensuite, il y avait les prêtres de la mort. Ils avaient érigé leur autel au centre du champ de bataille, comme ils le faisaient souvent. Maintenant, les soldats leur apportaient les ennemis blessés qu'ils trouvaient et les traînaient sur la dalle en pierre pour qu'ils s'y fassent trancher la gorge ou arracher le cœur. Leur sang coulait et Irrien imaginait que les dieux des prêtres étaient probablement satisfaits de toute cette agitation. Les prêtres semblaient certainement le penser, eux qui exhortaient les fidèles à se soumettre complètement à la mort, vu que c'était le seul moyen de gagner ses faveurs.
Un homme semblait vraiment les prendre au sérieux. Il avait visiblement reçu des blessures pendant la bataille, dont une tellement grave qu'il avait besoin de l'aide de ses compagnons pour arriver jusqu'à la dalle. Irrien le regarda grimper dessus et exposer sa poitrine pour que les prêtres puissent le poignarder avec un couteau en obsidienne noire.
Irrien méprisait la faiblesse d'un homme incapable de lutter contre ses blessures. Après tout, Irrien ne permettait pas à ses vieilles blessures de le ralentir, n'est-ce pas ? Son épaule le faisait souffrir à chaque mouvement mais il ne s'offrait pas comme sacrifice pour protéger les autres de la mort. Selon son expérience personnelle, la seule chose qui tienne la mort à distance, c'était d'être le plus fort des deux guerriers. La force permettait de vivre. La force permettait de prendre ce qu'on voulait, que ce soit les terres d'un homme, la vie ou des femmes.
Irrien se demanda brièvement ce que les dieux de la mort des prêtres penseraient de lui. Il ne les vénérait que parce qu'ils renforçaient les relations entre ses hommes. Il n'était même pas sûr que ces dieux existent, sauf pour permettre aux prêtres qui ne pouvaient pas contrôler les hommes avec leur propre force d'acquérir du pouvoir.
Il imaginait que ces choses comptaient contre lui pour tous les dieux existants mais Irrien n'avait-il pas envoyé plus d'hommes, de femmes et d'enfants au tombeau que quiconque d'autre ? N'avait-il pas offert aux prêtres leurs sacrifices, n'avait-il pas soutenu leur prêtrise et fait de ce monde un lieu qu'ils puissent approuver ? Même si Irrien ne l'avait pas fait pour eux, il l'avait quand même fait.
Pendant un moment, il s'arrêta pour écouter le prêtre qui parlait.
“Mes frères ! Mes sœurs ! Aujourd'hui, nous avons remporté une grande victoire. Aujourd'hui, nous avons envoyé beaucoup d'ennemis rejoindre le monde d'au-delà par la porte noire. Aujourd'hui, nous avons rassasié les dieux pour qu'ils ne nous choisissent pas demain. La victoire d'aujourd'hui —”
“Ce n'était pas a victoire”, dit Irrien, dont la voix se fit facilement entendre par-dessus celle du prêtre. “Pour qu'il y ait une victoire, il faut qu'il y ait une bataille digne de ce nom. La prise de maisons vides est-elle une victoire ? Et le massacre des idiots qui sont restés alors que les autres ont eu l'intelligence de s'enfuir ?” Irrien regarda ceux qui l'entouraient. “Aujourd'hui, nous avons tué et c'est une bonne chose mais il reste bien mieux à faire. Aujourd'hui, nous allons finir ce que nous avons à faire ici. Nous allons abattre leurs châteaux et livrer leurs familles aux esclavagistes. Cela dit, demain, nous irons là où il y a une victoire à remporter, là où tous leurs guerriers nous ont précédés. Nous irons à Haylon !”
Il entendit ses hommes acclamer ses paroles, leur soif de bataille réveillée par la tuerie. Il se tourna vers le prêtre qui avait parlé.
“Qu'en dis-tu ? Est-ce la volonté des dieux ?”
Le prêtre n'hésita pas. Il prit son couteau, ouvrit le ventre à l'homme mort qui gisait sur l'autel puis sortit ses entrailles pour les lire.
“Oui, Seigneur Irrien. Leur volonté vous soutient dans cette entreprise ! Irrien ! Ir-ri-en !”
“Ir-ri-en !” chantèrent les soldats.
Donc, cet homme connaissait sa place. Irrien sourit et entra dans la foule. Il ne fut pas surpris quand une silhouette en robe se glissa juste à côté de lui et marcha à la même vitesse que lui. Irrien sortit un poignard sans savoir s'il allait en avoir besoin.
“Depuis notre dernière conversation, tu as été bien calme, N’cho”, dit Irrien. “Je n'aime pas qu'on me fasse attendre.”
L'assassin baissa la tête. “J'ai mené des recherches sur ce que vous m'avez demandé, Première Pierre. J'ai posé des questions à mes camarades de prêtrise, j'ai lu des parchemins interdits, j'ai torturé ceux qui refusaient de parler.”
Irrien était sûr que le chef des Douze Morts s'était énormément amusé. De toute la bande qui l'avait attaqué, N’cho était le seul survivant. Irrien commençait à se demander s'il avait fait le bon choix.
“Tu as entendu ce que j'ai dit aux