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mobile l'épieu flexible.

      Ainsi que l'arbre a sa vigne pour parure, la vigne ses grappes,

      le troupeau cornu son taureau, une fertile plaine son blé,

      ainsi tu étais la beauté des tiens, et puisque le destin t'a ravi à nous,

      Palès elle-même et Apollon ont fui de nos prés et de nos ruisseaux

      Accusant de cruauté les Grands Dieux, de cruauté les étoiles du ciel

      rend très heureusement ce vers: «Atque deos aique astra vocat crudelia mater.» Et il en est de même de «ainsi tu étais la beauté des tiens» pour: Tu decus omne tuis.

      Voici encore un bon passage du quatrième livre de l'Énéide:

      Et la nuit était venue. Les membres fatigués étaient repliés sur le sol pour le sommeil.

      Le silence régnait sur les forêts et les vagues farouches; aux profondeurs du firmament,

      à mi-chemin de leur course, roulaient les étoiles. Nul bruit n'émouvait les campagnes.

      Toutes les bêtes des champs, tous les oiseaux au plumage de brillantes couleurs

      qui hantent les lacs limpides, ou le désordre des broussailles épineuses,

      s'abandonnaient au paisible sommeil dans le silence de la nuit; Tout,

      Excepté la Reine, désolée. Pas un instant, elle ne cède au repos,

      Elle n'accueille point la nuit tranquille sur ses paupières ou en sa poitrine lasses.

      et un autre fragment du sixième livre mérite d'être cité:

      «Jamais un jeune homme descendu de la race troyenne n'éveillera de nouveau de tels espoirs

      en ses ancêtres du Latium, jamais un adolescent

      N'inspirera plus noble orgueil dans l'antique terre de Romulus.

      Ah! quel amour filial! quelle foi digne des premiers temps, quel bras

      sans rival dans le combat, invulnérable, alors que l'ennemi se présente

      et se dresse sur sa route, lorsqu'il fond à pied sur les rangs adverses,

      ou quand il plonge l'éperon dans le flanc couvert d'écume de son coursier,

      Enfant du deuil d'un peuple, si tu peux tromper les âpres décrets

      du destin, et briser pour un temps ses barrières,

      Il t'est réservé d'être Marcellus. Je t'en prie, apporte-moi

      des lis à poignées que je puisse épandre en abondance des fleurs sur mon fils,

      épandre au moins sur l'ombre de l'enfant qui naîtra, ces présents

      que je rende au mort ce suprême, ce vain office.»

      Il se tut

      «Il t'est réservé d'être Marcellus» n'a guère la simplicité d'émotion du: Tu Marcellus eris, mais «Enfant du deuil d'un peuple» est un gracieux équivalent de: Ileu, miserande puer.

      Il faut le dire, il y a bien du sentiment dans toute la traduction, et la tendance du mètre à se tourner en couplets, et dont nous avons déjà parlé, est atténuée jusqu'à un certain point dans le passage cité plus haut et emprunté aux Églogues, par l'usage incidentel du triplet, ainsi que, dans certains endroits, par l'emploi de rimes croisées, et non point successives.

      Sir Charles Bowen doit être félicité du succès de sa traduction.

      Elle se recommande à la fois par le style et la fidélité.

      Le mètre, qu'il a choisi, nous semble mieux fait pour la majesté soutenue de l'Énéide que pour l'accent pastoral des Églogues.

      Il est capable de nous rendre un peu de l'énergie de la lyre, mais il n'est guère fait pour saisir la douceur de la flûte.

      Malgré tout, à bien des points de vue, c'est une traduction pleine de charme, et nous nous empressons de lui souhaiter la bienvenue, comme à une contribution très estimable à la littérature des échos.

      L'unité des arts

Conférence à un Five o'clock. 14

      Samedi dernier, l'après-midi, dans les Salons de Willis, M. Selwyn Image a fait la première de quatre conférences sur l'art moderne, devant un auditoire select et distingué.

      Le point principal, sur lequel il s'est étendu, était l'Unité absolue de tous les arts, et dans le but d'exprimer cette idée, il a élaboré une définition assez large pour enfermer le Roi Lear de Shakespeare, la Création de Michel-Ange, le tableau de Paul Véronese représentant Alexandre et Darius, et la description par Gibbon de l'entrée d'Héliogabale dans Rome.

      Il a envisagé toutes ces œuvres comme autant d'expressions des idées et des émotions de l'homme au sujet de belles choses, exprimées par des moyens visibles ou auditifs.

      Partant de ce point, il a abordé la question du vrai rapport entre la littérature et la peinture, sans jamais perdre de vue le motif principal de son symbole: Credo in unam artem multipartitam, indivisibilem15, et en insistant sur les ressemblances plus que sur les différences.

      Le résultat final auquel il est arrivé fut celui-ci:

      Les Impressionnistes, avec leur franche et artistique acceptation de la forme et de la couleur comme choses absolument satisfaisantes par elles-mêmes, ont produit œuvre fort belle, mais la peinture a quelque chose de plus à nous donner que le simple aspect visible des choses.

      Les hautes visions spirituelles de William Blake, le merveilleux roman de Dante Gabriel Rossetti, peuvent trouver leur parfaite expression en peinture. Chaque état d'esprit a sa couleur, chaque rêve sa forme.

      La principale qualité de la conférence de M. Image est une loyauté absolue, mais ce fut son plus grand défaut pour une certaine partie de l'auditoire.

      – La douceur dans la raison, dit quelqu'un, est toujours admirable chez un spectateur, mais de la part d'un guide, nous attendons quelque chose de plus.

      – C'est tout simplement un commissaire-priseur qui admirerait toutes les écoles d'art, dit un autre.

      Et un troisième soupirait sur ce qu'il appelait «la fatale stérilité de l'esprit critique» et exprimait une crainte tout à fait dépourvue de fondement, que la Century Guild ne devint raisonnable.

      Car, avec une courtoisie et une générosité que nous recommandons vivement aux autres conférenciers, M. Image offrit des rafraîchissements à son auditoire après avoir terminé son discours, et il fut extrêmement intéressant d'entendre les différentes opinions exprimées par la Grande École de critique des Five o'clock, qui était largement représentée.

      Pour notre compte, nous avons trouvé la conférence de M. Image extrêmement suggestive.

      Il était parfois difficile de comprendre en quel sens exact il entendait le mot «littéraire» et nous ne pensons pas qu'un cours de dessin, d'après un moulage en plâtre du Gaulois mourant, put, si peu que ce soit, perfectionner le critique d'art ordinaire.

      La véritable unité des arts doit être découverte, non point dans la ressemblance d'un art avec un autre, mais dans le fait que, pour une nature véritablement artistique, tous les arts ont la même chose à dire et tiennent le même langage, au moyen d'idiomes différents.

      On aura beau barbouiller un mur de cave, on ne fera jamais comprendre à un homme le mystère des Sibylles de Michel-Ange, et il n'est point nécessaire d'écrire un seul drame en vers blanc pour être en état d'apprécier la beauté d'Hamlet.

      Il faut qu'un critique d'art ait un tempérament susceptible de recevoir les impressions de beauté, et une intuition suffisante pour reconnaître un style, quand il le rencontre, et la vérité, lorsqu'elle lui

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<p>14</p>

Pall Mall Gazette, 12 décembre 1887.

<p>15</p>

Je crois en un seul art en plusieurs parties, indivisible.