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La reine Margot. Alexandre Dumas
Читать онлайн.Название La reine Margot
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Alexandre Dumas
Жанр Зарубежная классика
Издательство Public Domain
de Mouy jeta un coup d’œil autour de lui et s’avança en s’effaçant comme un homme qui se prépare à un duel; mais voyant que rien ne venait:
– Ça, dit-il, il paraît, monsieur le donneur d’avis, que vous avez oublié votre arquebuse à ma porte. Me voilà, que me voulez-vous?
– Ah! ah! se dit Coconnas, voici en effet un brave.
– Eh bien, continua de Mouy, amis ou ennemis, qui que vous soyez, ne voyez-vous pas que j’attends? La Hurière garda le silence. Maurevel ne répondit point, et les trois Suisses demeurèrent cois.
Coconnas attendit un instant; puis, voyant que personne ne soutenait la conversation entamée par La Hurière et continuée par de Mouy, il quitta son poste, s’avança jusqu’au milieu de la rue, et mettant le chapeau à la main:
– Monsieur, dit-il, nous ne sommes pas ici pour un assassinat, comme vous pourriez le croire, mais pour un duel… J’accompagne un de vos ennemis qui voudrait avoir affaire à vous pour terminer galamment une vieille discussion. Eh! mordi! avancez donc, monsieur de Maurevel, au lieu de tourner le dos: monsieur accepte.
– Maurevel! s’écria de Mouy; Maurevel, l’assassin de mon père! Maurevel, le Tueur du roi! Ah! pardieu, oui, j’accepte.
Et, ajustant Maurevel qui allait frapper à l’hôtel de Guise pour y chercher du renfort, il perça son chapeau d’une balle.
Au bruit de l’explosion, aux cris de Maurevel, les gardes qui avaient ramené la duchesse de Nevers sortirent, accompagnés de trois ou quatre gentilshommes suivis de leurs pages, et s’avancèrent vers la maison de la maîtresse du jeune de Mouy.
Un second coup de pistolet, tiré au milieu de la troupe, fit tomber mort le soldat qui se trouvait le plus proche de Maurevel; après quoi de Mouy se trouvant sans armes, ou du moins avec des armes inutiles, puisque ses pistolets étaient déchargés et que ses adversaires étaient hors de la portée de l’épée, s’abrita derrière la galerie du balcon.
Cependant çà et là les fenêtres commençaient de s’ouvrir aux environs, et, selon l’humeur pacifique ou belliqueuse de leurs habitants, se refermaient ou se hérissaient de mousquets ou d’arquebuses.
– À moi, mon brave Mercandon! s’écria de Mouy en faisant signe à un homme déjà vieux qui, d’une fenêtre qui venait de s’ouvrir en face de l’hôtel de Guise, cherchait à voir quelque chose dans cette confusion.
– Vous appelez, sire de Mouy? cria le vieillard; est-ce à vous qu’on en veut?
– C’est à moi, c’est à vous, c’est à tous les protestants; et, tenez, en voilà la preuve.
En effet, en ce moment de Mouy avait vu se diriger contre lui l’arquebuse de La Hurière. Le coup partit; mais le jeune homme eut le temps de se baisser, et la balle alla briser une vitre au-dessus de sa tête.
– Mercandon! s’écria Coconnas, qui à la vue de cette bagarre tressaillait de plaisir et avait oublié son créancier, mais à qui cette apostrophe de de Mouy le rappelait: Mercandon, rue du Chaume, c’est bien cela! Ah! il demeure là, c’est bon; nous allons avoir affaire chacun à notre homme.
Et tandis que les gens de l’hôtel de Guise enfonçaient les portes de la maison où était de Mouy; tandis que Maurevel, un flambeau à la main, essayait d’incendier la maison; tandis que, les portes une fois brisées, un combat terrible s’engageait contre un seul homme qui, à chaque coup de rapière, abattait son ennemi, Coconnas essayait, à l’aide d’un pavé, d’enfoncer la porte de Mercandon, qui, sans s’inquiéter de cet effort solitaire, arquebusait de son mieux à sa fenêtre.
Alors tout ce quartier désert et obscur se trouva illuminé comme en plein jour, peuplé comme l’intérieur d’une fourmilière; car, de l’hôtel de Montmorency, six ou huit gentilshommes huguenots, avec leurs serviteurs et leurs amis, venaient de faire une charge furieuse et commençaient, soutenus par le feu des fenêtres, à faire reculer les gens de Maurevel et ceux de l’hôtel de Guise, qu’ils finirent par acculer à l’hôtel d’où ils étaient sortis.
Coconnas, qui n’avait point encore achevé d’enfoncer la porte de Mercandon quoiqu’il s’escrimât de tout son cœur, fut pris dans ce brusque refoulement. S’adossant alors à la muraille et mettant l’épée à la main, il commença non seulement à se défendre, mais encore à attaquer avec des cris si terribles, qu’il dominait toute cette mêlée. Il ferrailla ainsi de droite et de gauche, frappant amis et ennemis, jusqu’à ce qu’un large vide se fût opéré autour de lui. À mesure que sa rapière trouait une poitrine et que le sang tiède éclaboussait ses mains et son visage, lui, l’œil dilaté, les narines ouvertes, les dents serrées, regagnait le terrain perdu et se rapprochait de la maison assiégée.
de Mouy, après un combat terrible livré dans l’escalier et le vestibule, avait fini par sortir en véritable héros de sa maison brûlante. Au milieu de toute cette lutte, il n’avait pas cessé de crier: À moi, Maurevel! Maurevel, où es-tu? l’insultant par les épithètes les plus injurieuses. Il apparut enfin dans la rue, soutenant d’un bras sa maîtresse, à moitié nue et presque évanouie, et tenant un poignard entre ses dents. Son épée, flamboyante par le mouvement de rotation qu’il lui imprimait, traçait des cercles blancs ou rouges, selon que la lune en argentait la lame ou qu’un flambeau en faisait reluire l’humidité sanglante. Maurevel avait fui. La Hurière, repoussé par de Mouy jusqu’à Coconnas, qui ne le reconnaissait pas et le recevait à la pointe de son épée, demandait grâce des deux côtés. En ce moment, Mercandon l’aperçut, le reconnut à son écharpe blanche pour un massacreur.
Le coup partit. La Hurière jeta un cri, étendit les bras, laissa échapper son arquebuse, et, après avoir essayé de gagner la muraille pour se retenir à quelque chose, tomba la face contre terre.
de Mouy profita de cette circonstance, se jeta dans la rue de Paradis et disparut.
La résistance des huguenots avait été telle, que les gens de l’hôtel de Guise, repoussés, étaient rentrés et avaient fermé les portes de l’hôtel, dans la crainte d’être assiégés et pris chez eux.
Coconnas, ivre de sang et de bruit, arrivé à cette exaltation où, pour les gens du Midi surtout, le courage se change en folie, n’avait rien vu, rien entendu. Il remarqua seulement que ses oreilles tintaient moins fort, que ses mains et son visage se séchaient un peu, et, abaissant la pointe de son épée, il ne vit plus près de lui qu’un homme couché, la face noyée dans un ruisseau rouge, et autour de lui que maisons qui brûlaient.
Ce fut une bien courte trêve, car au moment où il allait s’approcher de cet homme, qu’il croyait reconnaître pour La Hurière, la porte de la maison qu’il avait vainement essayé de briser à coups de pavés s’ouvrit, et le vieux Mercandon, suivi de son fils et de ses deux neveux, fondit sur le Piémontais, occupé à reprendre haleine.
– Le voilà! le voilà! s’écrièrent-ils tout d’une voix. Coconnas se trouvait au milieu de la rue, et, craignant d’être entouré par ces quatre hommes qui l’attaquaient à la fois, il fit, avec la vigueur d’un de ces chamois qu’il avait si souvent poursuivis dans les montagnes, un bond en arrière, et se trouva adossé à la muraille de l’hôtel de Guise. Une fois tranquillisé sur les surprises, il se remit en garde et redevint railleur.
– Ah! ah! père Mercandon! dit-il, vous ne me reconnaissez pas?
– Oh! misérable! s’écria le vieux huguenot, je te reconnais bien, au contraire; tu m’en veux! à moi, l’ami, le compagnon de ton père?
– Et son créancier, n’est-ce pas?
– Oui, son créancier, puisque c’est toi qui le dis.
– Eh bien, justement, répondit Coconnas,