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préféré, Masters avait accepté à contrecœur, mais seulement s’il pouvait la désigner comme l’une de ses sous-fifres, ce qui lui donnait le droit de la tuer si jamais elle s’écartait du droit chemin ou essayait de quitter le groupe.

      Alors, Vincent l’avait regardée calmement par-dessus son épaule ensanglantée en lui demandant :

      - C’est soit ça, soit il ne te laissera pas sortir vivante de cette pièce. Es-tu d’accord avec cette entente ?

      Son grand-père lui avait appris à ne jamais passer d’accord avec un démon, mais elle n’était pas assez stupide pour être en désaccord avec celui qui était devant elle. Comme elle avait regardé dans ses yeux noirs, elle savait qu’il la tuerait et l’oublierait très vite.

      Une fois qu’ils eurent quitté l’immense domaine de Masters, elle se retourna pour pouvoir mieux observer Vincent, pensant qu’il était lui aussi un démon… ou, du moins, une sorte de démon hybride, et qu’il ne l’avait pas prévenue. Elle jugea utile d’informer ce beau salaud qu’elle lui était reconnaissante de lui avoir sauvé la vie, mais qu’elle avait pour principe de ne pas coucher avec les démons.

      Vincent la prit alors doucement par les épaules et lui demanda de regarder attentivement le sang qui avait taché sa chemise… du sang rouge. S’il avait été un démon, il aurait été noir. Une fois qu’elle se fut calmée, il expliqua ses… circonstances inhabituelles, en disant qu’il était complètement humain, dans tous les sens du terme, mais que des anges l’avaient maudit.

      Elle n’était pas certaine d’avoir compris ce qu’il entendait par « anges » puisqu’il ne voulait pas s’étendre là-dessus, mais elle avait bien gardé en tête que Vincent ne pouvait pas mourir. Non, en fait… il pouvait mourir, mais il ne restait pas mort longtemps. Il avait même déboutonné sa chemise pour lui montrer que sa blessure avait déjà cessé de saigner et guérissait rapidement.

      Lacey compatit, car elle avait appris à mieux le connaître, comprenant qu’il avait vécu tellement longtemps qu’il s’ennuyait, qu’il n’avait peur de rien, et qu’il se sentait seul… mais aussi, très en colère d’être encore en vie alors que tous ceux qui comptaient pour lui étaient morts.

      Elle et Vincent avaient conclu plusieurs accords concernant leur partenariat et leur amitié. La première était qu’elle n’essaierait pas de s’enfuir parce que même s’il ne pouvait pas mourir, Vincent était presque sûr qu’elle le pouvait et qu’elle le ferait une fois que Masters l’aurait rattrapée. L’autre accord était qu’ils continuent leur relation sans condition, chose qu’elle avait énormément appréciée.

      Ce n’est pas qu’elle ne l’aimait pas… parce qu’elle l’aimait. Mais il était plus comme son meilleur ami, ce qui était une bonne chose depuis le moment où il avait admis avoir perdu la capacité de donner son cœur il y a des siècles. Pour lui, tomber amoureux de quelqu’un ne ferait que de l’attrister parce qu’il devrait voir cette personne vieillir et mourir… le laissant seul au bout d’un certain temps. Et cela, elle le comprenait parfaitement.

      C’est là qu’elle apprit certaines choses au sujet du plus grand voleur de l’époque… son grand-père. Il se faisait appeler « le Caméléon » et c’est le seul nom qu’il avait donné. Et d’ailleurs, il avait été tellement doué dans l’art de la tromperie qu’il n’avait jamais raté une seule mission pour laquelle il avait été embauché… mais aussi pour celles qu’il avait secrètement acceptées.

      En fait, il était reconnu comme étant un maître dans l’art du camouflage et le fait qu’il se soit fait appeler « le Caméléon » lui confirma qu’il s’agissait de son grand-père, et tout ça, elle ne le dit à personne, pas même à Vincent. La théorie la plus acceptée était qu’il était métamorphe, ce qui, selon elle, était proche de la vérité, puisque personne ne savait que son grand-père avait le don de pouvoir devenir invisible.

      Les démons étaient toujours à sa recherche, mais beaucoup le croyaient mort. Après sa dernière mission, qui était de voler une âme d’orbe à un original, il est tout simplement parti en prenant l’orbe avec lui. Depuis, aucun d’entre eux n’a été en mesure de le trouver… et pourtant, ils l’avaient bien cherché… Lacey n’en doutait pas une seconde ! Par contre, ce qu’ils ne savaient pas, c’était que l’âme de l’orbe en question était rangée dans un coffre en béton à Los Angeles, au beau milieu d’un quartier infesté de démons.

      Et c’est pour cela qu’elle savait mieux que quiconque qu’il aurait été dangereux pour elle de contacter n’importe quel membre de sa famille, de peur que les démons trouvent son grand-père. Toujours en allant dans ce sens, c’était aussi certainement mieux qu’elle ne le contacte pas du tout non plus. Il n’aurait pas compris pourquoi, et il serait probablement venu la chercher et il se serait sûrement fait tué.

      Elle avait gardé le silence pendant plus d’un an, n’indiquant jamais à personne où elle se trouvait alors qu’elle s’impliquait de plus en plus dans ce réseau de voleurs de haut niveau. Dès qu’elle remarqua qu’elle n’était plus surveillée de ses moindres faits et gestes, elle commença à planifier son évasion. Elle avait même prévenu Vincent qu’elle le ferait dès qu’elle en aurait l’occasion.

      Il lui rappela que Masters l’avait marquée sur l’épaule, mais elle avait déjà réfléchi à ce qu’elle devait faire par rapport à ça : elle le rassura en lui disant qu’elle ferait en sorte que son prochain arrêt serait d’aller prendre dans un coffre qu’elle connaissait tenir un grimoire qui l’aiderait avec cette marque de démon… sans lui dire qu’il s’agissait de celui de son grand-père. Et d’ailleurs, pour Vincent, elle n’avait même pas de grand-père.

      Les deux dernières missions qui leur avaient été assignées avaient été si dangereuses qu’elle avait failli se faire tuer les deux fois. Mais c’est Vincent qui a pris les risques à sa place en se rendant pendant qu’elle s’enfuyait. Et chaque fois, il se faisait brutalement tuer. Une fois son corps abandonné quelque part, il revenait toujours complètement guéri.

      Du coup, reconnaissant qu’il devenait trop dangereux pour elle de rester dans les parages, Vincent lui avait proposé de l’aider à s’échapper. Et par hasard, leur mission suivante les ramena au musée où ils s’étaient rencontrés. Le travail consistait à voler un appareil censé neutraliser tous les démons qui se trouvaient à une centaine de mètres de lui quand il était déclenché. Et ça, ça les arrangeait bien, en même temps.

      Ils avaient prévu, pour cette mission, qu’un seul d’entre eux rentrerait. Leurs espoirs se fondaient principalement sur le fait que quand Vincent donnerait l’appareil à Masters, le démon se concentrerait dessus, mais, comme il s’agissait d’une arme contre ceux de son espèce, il n’irait pas après Lacey tout de suite, ce qui lui donnerait le temps d’aller trouver la formule magique dont elle avait besoin pour contrebalancer la marque qu’il lui avait faite.

      Ils étaient parvenus à voler l’objet facilement. Aux yeux de Lacey, celui-ci ressemblait beaucoup à un Rubik’s Cube en métal à dix côtés couverts de symboles dorés au lieu de couleurs. Ils en profitèrent pour assommer les gardes et leur voler leurs armes. C’est à ce moment-là que Vincent se tourna vers elle pour lui faire un joli petit discours d’adieu et un baiser sur la joue.

      Les ennuis commencèrent quand ils sortirent du musée pour trouver des maîtres démons qui les attendaient avec toute leur horde. Masters avait beaucoup ri en disant que la marque qu’il avait faite à Lacey l’avait averti de ce qu’elle planifiait… jusqu’au fait qu’elle soit la petite-fille du Caméléon et qu’elle courait vers lui et son coffre-fort, rempli de choses très intéressantes… comme, par exemple, l’âme de l’orbe.

      Puis il a hoché la tête en direction de Vincent pour le remercier de ne pas lui avoir dit quels étaient les vrais pouvoirs de la marque.

      Elle avait regardé Vincent d’un air accusateur, puis lui avait arraché l’appareil

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