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plus confiance en elle-même.

      “Anka, Anka, Anka !” commença Oreth. Les autres ne tardèrent pas à l'imiter comme les rebelles l'avaient fait après la bataille.

      Entendant le nom du chef des rebelles résonner dans la salle, Sartes se joignit à eux. Il ne s'arrêta que lorsqu'Anka demanda le silence d'un geste.

      “Nous nous sommes bien débrouillés”, dit Anka avec un sourire qui lui était propre. Depuis la bataille, c'était une des premières fois que Sartes l'avait vue sourire. Juste après, elle avait été trop occupée à s'efforcer d'organiser le retrait de leurs morts et de leurs blessés du cimetière en toute sécurité. Elle avait le talent de s'occuper de tout dans le détail et ce talent avait fait prospérer la rébellion.

      “Bien débrouillés ?” demanda Edrin. “On les a écrasés.”

      Sartes entendit l'homme frapper du poing contre sa paume pour mettre l'accent sur le fait.

      “Nous les avons détruits”, convint Yeralt, “grâce à tes qualités de commandant.”

      Anka secoua la tête. “Nous les avons battus ensemble. Nous les avons battus parce que nous avons tous joué notre rôle et parce que Sartes nous a apporté les plans.”

      Sartes se sentit poussé en avant par son père. Il n'avait pas prévu ça.

      “Anka a raison”, dit Oreth. “Nous devons des remerciements à Sartes. Il nous a apporté les plans et c'est lui qui a persuadé les appelés de ne pas se battre. C'est grâce à lui que la rébellion a grossi ses rangs.”

      “Cela dit, ce sont des appelés à moitié entraînés”, dit Hannah, “pas de vrais soldats.”

      Sartes tourna la tête vers elle. Elle s'était rapidement opposée à ce qu'il intervienne tout court. Il ne l'aimait pas mais, dans la rébellion, ce n'était pas l'essentiel. Ils faisaient tous partie d'une chose qui les dépassait.

      “Nous les avons battus”, dit Anka. “Nous avons remporté une bataille mais nous n'avons pas vaincu l'Empire. Nous avons encore beaucoup à faire.”

      “Et ils ont encore beaucoup de soldats”, dit Yeralt. “Si la guerre se prolongeait, cela pourrait nous coûter cher à nous tous.”

      “Tu comptes tes sous, maintenant ?” répliqua Oreth. “Ce n'est pas un investissement. Tu ne peux pas voir les bilans avant de choisir ou non de t'impliquer.”

      Sartes entendit son agacement. Quand il avait rejoint les rebelles, il s'était attendu à ce qu'ils forment une entité vaste et unie qui ne penserait qu'à son besoin de renverser l'Empire. Il avait découvert que, de beaucoup de façons, ils n'étaient que des êtres humains avec leurs propres espoirs, rêves, souhaits et besoins. Cela ne faisait que rendre plus impressionnant le fait qu'Anka ait trouvé le moyen de maintenir leur cohésion après la mort de Rexus.

      “C'est l'investissement le plus grand qui soit”, dit Yeralt. “Nous apportons tout ce que nous avons. Nous risquons notre vie en espérant que les choses vont s'améliorer. Je cours autant de risques que vous autres en cas d'échec.”

      “Nous n'échouerons pas”, dit Edrin. “Nous les avons battus une fois. Nous les rebattrons. Nous savons où et quand ils vont attaquer. Nous pourrons leur tendre un piège à chaque fois.”

      “Nous pourrons faire mieux que ça”, dit Hannah. “Comme nous avons montré à ces gens que nous pouvions les battre, pourquoi ne pas aller leur reprendre des choses ?”

      “A quoi pensais-tu ?” demanda Anka. Sartes voyait qu'elle envisageait cette possibilité.

      “A reprendre les villages un par un”, dit Hannah. “A nous débarrasser des soldats de l'Empire qui s'y trouvent avant que Lucious ne puisse s'en approcher. Si nous montrons aux gens ce qu'ils peuvent faire, Lucious aura une mauvaise surprise quand ils se révolteront contre lui.”

      “Et quand Lucious et ses hommes les tueront pour s'être révoltés ?” demanda Oreth. “Il se passera quoi ?”

      “Alors, ça montrera simplement que c'est un monstre”, insista Hannah.

      “Ou les gens comprendront que nous ne pouvons pas les protéger.”

      Sartes regarda autour de lui, surpris qu'ils prennent cette idée au sérieux.

      “Nous pourrions stationner des soldats dans les villages pour qu'ils ne tombent pas aux mains de l'Empire”, proposa Yeralt. “Nous avons des appelés de notre côté, maintenant.”

      “Ils ne tiendraient pas longtemps contre l'armée si elle venait les chercher”, répliqua Oreth. “Ils mourraient avec les villageois.”

      Sartes savait qu'il avait raison. Les appelés n'avait pas bénéficié du même entraînement que les soldats les plus forts de l'armée. Pire encore, ils avaient tellement souffert aux mains de l'armée que la plupart d'entre eux seraient probablement terrifiés.

      Il vit Anka demander le silence. Cette fois-ci, il mit un peu plus longtemps à venir.

      “Oreth a raison”, dit-elle.

      “Évidemment, c'est lui que tu soutiens”, répliqua Hannah.

      “Je le soutiens parce qu'il a raison”, dit Anka. “Nous ne pouvons pas simplement entrer dans les villages, leur dire qu'ils sont libres et espérer que tout se passera bien. Même avec les appelés, nous n'avons pas assez de combattants. Si nous nous rassemblons à un seul endroit, nous donnerons à l'Empire l'occasion de nous écraser. Si nous allons dans tous les villages, ils nous captureront l'un après l'autre.”

      “Si on peut persuader assez de villages de se soulever et si je persuade mon père d'embaucher des mercenaires …” proposa Yeralt. Sartes remarqua qu'il ne finissait pas sa phrase. Le fils du marchand n'avait pas vraiment de réponse.

      “Alors quoi ?” demanda Anka. “Nous aurons assez de soldats ? Si c'était aussi simple, nous aurions renversé l'Empire il y a des années.”

      “Nous avons maintenant de meilleures armes grâce à Berin”, souligna Edrin. “Nous connaissons leurs plans grâce à Sartes. Nous avons l'avantage ! Dis-lui, Berin. Parle-lui des épées que tu as forgées.”

      Sartes se tourna vers son père, qui haussa les épaules.

      “Il est vrai que j'ai fait de bonnes épées et que les autres compagnons en ont fait beaucoup de passables. Il est vrai que certains d'entre vous vont maintenant avoir des armures, ce qui vaut toujours mieux que se faire faucher par l'ennemi. Cependant, écoutez bien : ce n'est pas seulement une histoire d'épées. Ce qui compte le plus, c'est la main qui manie l'épée. Une armée, c'est comme une épée. Vous pouvez la faire aussi grande que vous le voulez mais, si l'acier qui la constitue est de mauvaise qualité, elle se brisera dès que vous la testerez.”

      Si les autres avaient passé plus de temps à fabriquer des armes, ils auraient peut-être perçu tout le sérieux que son père mettait dans ses paroles, mais Sartes voyait qu'ils n'étaient pas convaincus.

      “Que pouvons-nous faire d'autre ?” demanda Edrin. “Nous n’allons pas renoncer à l'avantage que nous avons gagné en restant inactifs et en attendant que ça se passe. Je dis qu'il faut se mettre à dresser une liste de villages à libérer. A moins que vous n'ayez une meilleure idée, Anka ?”

      “Moi, j'en ai une”, dit Sartes.

      Il s'exprimait d'une voix plus calme qu'il n'aurait cru. Il s'avança, le cœur battant la chamade, surpris d'avoir pris la parole. Il n'était que trop conscient d'être bien plus jeune que tous les gens présents en ce lieu. Il avait joué son rôle dans la bataille, il avait même tué un homme, mais il y avait encore en lui quelque chose qui lui disait qu'il n'aurait pas dû prendre la parole à cette réunion.

      “Donc, c'est d'accord”, commença à dire Hannah. “Nous —”

      “J'ai dit que j'avais une meilleure idée”, dit Sartes et,

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