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dit :

      — C’est peut-être moi qui suis maso. J’espère que je pourrai faire la route de brique jaune avec l’énergie de Riley quand j’aurai son grand âge.

      Riley lança à Bill d’un ton taquin :

      — Je suis partante pour recommencer. Tu viens avec moi ?

      Bill secoua la tête, en étouffant un rire.

      — Non, non, dit-il. J’ai toujours ma vieille brique jaune et je m’en sers pour caler les portes. Une seule, ça me suffit. Par contre, j’aimerais tenter la brique verte. Qui est avec moi ?

      Riley éclata de rire. La fameuse brique verte, c’était une blague du FBI : on la promettait aux agents qui fumaient trente-cinq cigares pendant trente-cinq nuits d’affilée.

      — Non merci, dit-elle.

      Bill redevint soudain sérieux.

      — Je suis sur une nouvelle affaire, Riley, dit-il. Et j’ai besoin de ton aide. J’espère que ça ne te dérange pas. Je sais que tu viens de terminer la précédente.

      Bill avait raison. Riley avait l’impression d’avoir arrêté Orin Rhodes seulement la veille.

      — Tu sais, je viens de ramener Jilly à la maison. J’essaye de la mettre à l’aise dans sa nouvelle vie. Nouvelle école… Tout est nouveau.

      — Comment va-t-elle ? demanda Bill.

      — Elle est imprévisible, mais elle fait des efforts. Elle est contente d’appartenir à une famille. Je pense qu’elle va avoir besoin d’aide.

      — Et April ?

      — Elle va très bien. Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle se soit défendue comme ça face à Rhodes. Elle est devenue plus forte. Et elle aime beaucoup Jilly.

      Après un bref silence, elle ajouta :

      — Sur quoi tu travailles, Bill ?

      Bill ne répondit pas tout de suite.

      — J’allais justement voir le chef, dit-il. J’ai vraiment besoin de ton aide, Riley.

      Riley dévisagea son partenaire et ami. Son désarroi était évident. Quand il disait une chose pareille, c’était qu’il le pensait vraiment. Riley se demanda ce qui se passait.

      — Donne-moi le temps de prendre une douche et d’enfiler des vêtements secs, dit-elle. Je te retrouve au bureau.

      CHAPITRE CINQ

      Le chef d’équipe Brent Meredith n’était pas du genre à perdre du temps avec les banalités d’usage. Riley le savait d’expérience. En entrant dans son bureau après sa course, elle ne s’attendait pas à des questions polies sur sa santé, sa maison ou sa famille. Il pouvait se montrer prévenant et chaleureux, mais ces moments étaient rares. Aujourd’hui, il irait droit au but. Ce qu’il avait à dire était toujours urgent.

      Bill était déjà là. Il paraissait inquiet. Elle saurait bientôt pourquoi.

      Dès que Riley fut assise, Meredith se pencha vers elle, par-dessus son bureau, son anguleuse mâchoire et ses traits afro-américains plus intimidants que jamais.

      — Commençons par le commencement, agent Paige, dit-il.

      Riley attendit qu’il reprenne la parole, pour lui poser une question ou lui donner un ordre. Au lieu de cela, il la fixa du regard.

      Riley comprit rapidement ce qu’il avait en tête.

      Meredith prenait soin de ne pas poser la question à voix haute. Riley lui en fut reconnaissante. Un tueur était toujours dans la nature. Il s’appelait Shane Hatcher. Il s’était évadé de Sing Sing, et Riley avait été chargée de le retrouver. C’était même sa dernière mission.

      Elle avait échoué. En vérité, elle n’y avait pas mis tout son cœur, et on avait confié le dossier à d’autres agents. Eux non plus n’avaient pas encore réussi.

      Shane Hatcher était un génie criminel, devenu en prison un expert en criminologie. Riley lui avait parfois rendu visite pour lui demander son avis sur des dossiers difficiles. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu’il ne représentait pas un danger pour la société. Hatcher suivait un code moral étrange mais très strict. Il avait tué un homme depuis son évasion – un vieil ennemi qui était également un dangereux criminel. Riley pensait qu’il ne tuerait personne d’autre.

      Meredith lui demandait en silence si elle avait des nouvelles de lui. C’était une affaire qui faisait du bruit, et Hatcher était en passe de devenir une légende urbaine – un génie du mal capable de tout.

      Riley appréciait la discrétion de Meredith à propos de Hatcher. Cependant, la simple vérité, c’était qu’elle ne savait pas du tout où il était, ni ce qu’il faisait ces derniers temps.

      — Rien de neuf, monsieur, dit-elle en réponse à la question silencieuse de Meredith.

      Meredith hocha la tête et parut se détendre.

      — Très bien, dit-il. J’irai droit au but. J’envoie l’agent Jeffreys sur une enquête à Seattle. Il vous demande comme partenaire. Je veux savoir si vous êtes disponible pour l’accompagner.

      Riley devait refuser. Sa vie était difficile à gérer en ce moment. Il paraissait difficile de partir enquêter dans une ville lointaine. Elle avait encore des flashs, des rechutes psychotraumatiques dues à son enfermement. Sa fille, April, avait souffert aux mains du même homme, et elle devait affronter ses propres démons. Et maintenant, Riley avait une deuxième fille qui avait, elle aussi, vécu des moments terribles.

      Si elle pouvait se contenter d’enseigner pendant quelque temps, ce serait plus simple.

      — Je ne peux pas, dit Riley. Pas pour le moment.

      Elle se tourna vers Bill.

      — Tu sais ce qui se passe.

      — Je sais. J’espérais juste que…, dit-il avec un regard implorant.

      Il était grand temps de savoir ce qui se passait.

      — De quoi s’agit-il ?

      — Il y a eu au moins deux empoisonnements à Seattle, dit Meredith. Il s’agit certainement d’un tueur en série.

      Riley comprit aussitôt ce qui bouleversait Bill. Quand il était petit, sa mère était morte empoisonnée. Riley ne connaissait pas les détails de l’affaire, mais elle savait que c’était une des raisons pour lesquelles il travaillait maintenant au FBI. Ce meurtre l’avait hanté pendant des années. Ce dossier réveillait une vieille blessure.

      Quand il lui avait dit qu’il avait besoin d’elle, il n’avait pas menti.

      Meredith poursuivit :

      — Nous ne connaissons que deux victimes pour le moment : un homme et une femme. Il y en aura peut-être d’autres, ou il y en a eu.

      — Pourquoi Quantico ? demanda Riley. Le FBI a un bureau à Seattle. Ils ne peuvent pas s’en charger ?

      Meredith secoua la tête.

      — Cela ne fonctionne pas. Apparemment, le FBI et la police n’arrivent pas à s’entendre. C’est pour ça qu’on a besoin de vous, que vous le vouliez ou non. Vous y allez, agent Paige ?

      Tout lui parut soudain très clair. Malgré ses problèmes personnels, Riley devait accepter ce dossier.

      — J’y vais.

      Bill hocha la tête, en poussant un soupir de soulagement et de gratitude.

      — Bien, dit Meredith. Vous partez à Seattle demain matin.

      Les doigts de Meredith tambourinèrent sur la table pendant quelques

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