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l’avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport international Seattle-Tacoma, une averse battait les hublots. Riley regarda sa montre. A la maison, il était deux heures de l’après-midi, mais il n’était encore que onze heures du matin à Seattle. Ils avaient le temps d’avancer sur le dossier.

      Alors qu’ils se dirigeaient vers la porte, le pilote sortit de la cabine et leur donna à chacun un parapluie.

      — Vous en aurez besoin, dit-il en souriant. L’hiver, c’est la pire saison dans cette région.

      En sortant, Riley se dit qu’il devait avoir raison. Elle lui fut reconnaissante de lui avoir donné un parapluie. Elle aurait dû s’habiller plus chaudement. Il faisait froid et humide.

      Un SUV se gara au bord de la piste d’atterrissage. Deux hommes en pardessus en sortirent et se précipitèrent vers l’avion. Ils se présentèrent comme étant les agents Havens et Trafford du bureau de Seattle.

      — Nous vous emmenons chez le médecin légiste, dit l’agent Havens. Le chef de l’équipe d’investigation vous attend là-bas.

      Bill et Riley montèrent dans la voiture, et l’agent Trafford démarra sous la saucée. Riley apercevait à peine des hôtels au bord de la route. Il devait y avoir beaucoup d’activité, mais on n’y voyait goutte.

      Elle se demanda si elle pourrait seulement voir Seattle pendant son séjour.

      *

      Dès qu’ils furent assis dans la salle de conférence du département de la médecine légale, Riley sentit qu’il y avait un problème. Elle échangea un regard entendu avec Bill. Lui aussi avait senti la tension dans l’air.

      Le chef d’équipe Maynard Sanderson était un homme imposant, à la mâchoire carrée. On aurait dit un croisement entre un militaire de haut-rang et un prêcheur évangélique.

      Sanderson foudroyait du regard un homme corpulent, affublé d’une énorme moustache qui lui donnait l’air contrarié. On l’avait présenté à Riley et Bill sous le nom de Perry McCade. C’était le chef de la police de Seattle.

      Le langage corporel des deux hommes, ainsi que la place qu’ils avaient choisie autour de la table, révélait de nombreuses informations. Pour une raison encore inconnue, les deux hommes ne voulaient pas se voir, encore moins se parler. Et Riley sentit qu’ils ne voulaient pas non plus parler aux agents de Quantico.

      Elle se rappela ce que lui avait dit Brent Meredith.

      « Ne vous attendez pas à un accueil chaleureux. Ni les flics du coin, ni les fédéraux ne seront contents de vous voir. »

      Dans quel guêpier Bill et Riley s’étaient-ils fourrés ?

      Une lutte sans merci pour le pouvoir faisait rage, dans le plus grand silence. Et dans quelques minutes, ce serait une bataille des mots.

      Le chef du département de la médecine légale Prisha Shankar semblait étonnamment à l’aise. C’était une femme à la peau foncée, de l’âge de Riley, visiblement d’un tempérament stoïque et imperturbable.

      Après tout, elle est sur son territoire, se dit Riley.

      L’agent Sanderson prit la liberté de lancer la réunion.

      — Agents Paige et Jeffreys, dit-il. Je suis ravi que vous aillez pu venir.

      Le ton glacé de sa voix disait tout le contraire.

      — Ravi de vous aider, dit Bill d’un ton hésitant.

      Riley se contenta de sourire.

      — Messieurs, reprit Sanderson, ignorant la présence de deux femmes. Nous sommes réunis pour enquêter sur deux meurtres, qui pourraient être l’œuvre d’un tueur en série basé ici, dans la région de Seattle. C’est à nous de l’arrêter avant qu’il ne fasse d’autres victimes.

      Le chef de police McCade grogna assez fort pour qu’on l’entende.

      — Vous avez un commentaire, McCade ? demanda froidement Sanderson.

      — Ce n’est pas un tueur en série, marmonna McCade, et ce n’est pas une affaire pour le FBI. Mes policiers ont la situation sous contrôle.

      Riley commençait à comprendre. Meredith leur avait dit que les autorités locales pataugeaient. La raison devenait évidente. Personne ne parvenait à se mettre d’accord.

      Le chef de police McCade en voulait au FBI de s’imposer sur une affaire de meurtre. Et Sanderson était vexé que le FBI lui ait envoyé des agents de Quantico pour mettre tout le monde au pas.

      Une vraie tempête, pensa Riley.

      Sanderson se tourna vers le médecin et dit :

      — Docteur Shankar, peut-être pourriez-vous nous résumer les informations.

      Visiblement insensible à la tension ambiante, le docteur Shankar appuya sur le bouton d’une télécommande pour faire apparaître une image sur le mur du fond. C’était une photo d’identité d’une femme au physique assez banal, avec des cheveux raides de couleur châtain.

      Shankar dit :

      — Il y a un mois et demi, une femme nommée Margaret Jewell est morte chez elle, dans son sommeil, de ce qui semblait être une attaque cardiaque. Elle se plaignait depuis la veille de douleurs articulaires mais, selon sa conjointe, cela n’avait rien d’inhabituel. Elle souffrait de fibromyalgie

      Shankar appuya à nouveau sur le bouton et fit apparaître une autre photo d’identité. Celle-ci montrait un homme d’âge mûr, au visage doux et mélancolique.

      Elle dit :

      — Il y a quelques jours, Cody Woods a été admis à l’hôtel de South Hills pour des douleurs à la poitrine. Il se plaignait aussi de douleurs articulaires, mais ce n’était pas non plus surprenant : il avait de l’arthrite et on l’avait opéré du genou une semaine plus tôt. Quelques heures après, il est mort à son tour de ce qui semblait être une attaque cardiaque.

      — Aucun rapport entre les deux morts…, marmonna McCade.

      — Alors, maintenant, vous dites que ce ne sont pas des meurtres, ni l’un, ni l’autre ? dit Sanderson.

      — Margaret Jewell, sans doute, dit McCade. Cody Woods, certainement pas. Ça brouille les pistes. Si vous nous laissiez bosser, moi et mes gars, on finirait par découvrir le fin mot de l’histoire.

      — Vous avez enquêté pendant un mois et demi sur le dossier Jewell, dit Sanderson.

      Le docteur Shankar esquissa un sourire énigmatique devant la dispute de McCade et Sanderson. Puis elle appuya à nouveau sur le bouton. Deux photos apparurent.

      Toute la salle se tut, et Riley sursauta.

      Les hommes sur les photos semblaient venir du Moyen-Orient. Riley ne connaissait pas l’un d’eux, mais elle reconnaissait l’autre.

      C’était Saddam Hussein.

      CHAPITRE HUIT

      Riley fixa du regard l’image sur l’écran. Où le médecin légiste voulait-elle en venir avec cette photo de Saddam Hussein ? L’ancien chef d’état en Irak avait été exécuté en 2006 pour crimes contre l’humanité. Quel rapport avec le tueur en série de Seattle ?

      Après avoir fait son petit effet, le docteur Shankar reprit la parole.

      — Je suis sûre que vous reconnaissez l’homme à gauche. A droite, il s’agit de Majidi Jehad, un dissident chiite au régime de Saddam. En mai 1980, Jehad a reçu l’autorisation de se rendre à Londres. Quand il est allé récupérer son passeport dans un commissariat de Bagdad, on lui a proposé un verre de jus d’orange. Il a quitté le pays, visiblement sain et sauf. Il est mort peu après son arrivée à Londres.

      Le docteur

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