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Riley et Bill dans la cave. Les nerfs de Riley frémirent.

      Pourquoi fallait-il que ce soit dans une cave ? pensa-t-elle.

      Ces derniers mois, Riley avait développé une phobie légère mais irrationnelle des caves – un reste de son syndrome post-traumatique. Elle avait été retenue prisonnière dans un vide sanitaire sous un plancher et, plus récemment, prise au piège dans une cave plongée dans le noir.

      Toutefois, en suivant Kelsey dans l’escalier, Riley ne vit rien de sinistre. La cave avait été aménagée de façon confortable. Il y avait un coin bureau bien éclairé et rempli de dossiers en papier kraft, ainsi qu’un tableau d’affichage avec de vieilles photographies et des coupures de presse.

      — C’est ici. Tout ce que j’ai sur « Shane la Chaîne », sa carrière et sa chute, dit Kelsey. Servez-vous. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas.

      Riley et Bill se mirent à fouiller. Riley était à la fois surprise et excitée. Les documents n’avaient pas tous été scannés et numérisés dans les archives du FBI. Bien sûr, il y avait aussi des choses qui ne paraissaient pas très importantes, comme des notes prises sur des serviettes de restaurant.

      Riley ouvrit un autre dossier, qui contenait des rapports polycopiés et d’autres documents. Elle réalisa avec amusement que Kelsey n’était pas censée les photocopier. Les originaux avaient sûrement été détruits.

      Comme Bill et Riley examinaient le matériel, Kelsey remarqua :

      — Vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai jamais pu refermer ce dossier. Parfois, je me demande aussi.

      Elle réfléchit quelques instants.

      — C’est cette affaire qui m’a fait découvrir le mal dans sa forme la plus pure, dit-elle. Pendant ces quatorze ans que j’ai passés au Bureau, j’étais surtout là pour faire joli dans la vitrine. Le quota féminin. Mais c’est moi qui ai fait avancer ce dossier, en parlant aux délinquants dans les rues, en prenant l’équipe en charge. Personne ne pensait que je pourrais arrêter Hatcher. En fait, personne ne pensait que quelqu’un pourrait l’arrêter un jour. Mais je l’ai fait.

      Riley feuilletait maintenant un dossier de photos de mauvaise qualité, que le Bureau n’avait probablement pas pris la peine de scanner. Kelsey avait pris soin de ne pas les jeter.

      Sur l’une d’elle, un policier dans un café parlait à un jeune délinquant. Riley reconnut immédiatement Shane Hatcher. Elle eut besoin de plus de temps pour reconnaitre le policier.

      — C’est l’homme que Hatcher a tué, n’est-ce pas ?

      Kelsey hocha la tête.

      — Lucien Wayles, dit-elle. J’ai pris la photo moi-même.

      — Que faisait-il avec Hatcher ?

      Kelsey esquissa un sourire complice.

      — Eh bien, c’est une histoire intéressante…, dit-elle. Vous avez sûrement entendu dire que Wayles était un policier exceptionnel. C’est ce qu’ils veulent nous faire croire, encore maintenant. En fait, il était pourri jusqu’à la moelle. Dans cette photo, vous le voyez parler à Hatcher dans l’espoir de passer un marché avec lui. Une part des bénéfices de son trafic de drogues, en échange de sa tranquillité. Hatcher a dit non. C’est pour ça que Wayles a décidé de le poursuivre.

      Kelsey sortit une photo du cadavre de Wayles.

      — Comme vous le savez déjà, ça ne s’est pas très bien terminé pour Wayles, dit-elle.

      Un frisson de compréhension parcourut le corps de Riley. C’était exactement le genre d’informations qu’elle cherchait et qui la rapprochaient du jeune Shane Hatcher.

      En examinant la photo de Hatcher et du policier, Riley plongea dans l’esprit du jeune homme. Elle imagina ce qui était passé par la tête de Hatcher quand cette photo avec été prise. Ce que Kelsey venait de lui dire résonna dans sa tête :

      « Vous savez, il suivait un code très strict, pour un délinquant. »

      C’était toujours le cas, et Riley l’avait appris au cours de leurs conversations. En regardant cette photo, elle devinait le dégoût de Hatcher devant la proposition de Wayles.

      Il s’est senti insulté, pensa Riley.

      Hatcher avait voulu faire de Wayles un exemple. C’était la seule chose à faire, d’après son code étrange et tordu.

      Riley tomba soudain sur les photos d’identité judiciaire d’un autre délinquant.

      — C’est qui ? demanda-t-elle.

      — Smokey Moran, répondit Kelsey. Le bras droit de Shane la Chaîne, jusqu’à ce que je le coince pour trafic de drogues. Il risquait la prison à vie, et c’est lui qui a fini par donner des preuves contre Hatcher, en échange d’une remise de peine. C’est comme ça que j’ai coincé Hatcher.

      Les nerfs de Riley se mirent picoter.

      — Et qu’est-ce qu’il est devenu ?

      Kelsey secoua la tête d’un air désapprobateur.

      — Il est toujours dehors, dit-elle. J’ai souvent regretté ce marché. Ça fait des années qu’il trempe dans toutes sortes d’affaires. Les jeunes délinquants l’admirent. Il est malin. La police et le Bureau n’ont jamais pu le traîner en justice.

      Le pressentiment de Riley ne fit que croître. Elle plongea dans l’esprit de Hatcher, en prison depuis trente ans à cause de la trahison de Moran. Selon son code de conduite, cet homme ne méritait pas de vivre. Et il était temps de faire justice.

      — Vous avez son adresse ? demanda Riley.

      — Non, mais je suis sûre que le Bureau pourra vous la donner. Pourquoi ?

      Riley prit une grande inspiration.

      — Parce que Shane Hatcher va le tuer.

      CHAPITRE SEPT

      Riley savait que Smokey Moran était en grand danger mais, à dire vrai, elle ne ressentait aucune compassion pour ce délinquant de carrière.

      Shane Hatcher était tout ce qui comptait.

      Elle devait le remettre derrière les barreaux. S’ils pouvaient l’arrêter avant qu’il ne tue Moran, tant mieux. Elle et Bill se rendirent à l’adresse indiquée sans prévenir. Ils avaient appelé le bureau de terrain pour avoir des renforts.

      C’était à une demi-heure de route du quartier de classe moyenne où vivait Kelsey Sprigge. Le coin était un des plus sinistres de Syracuse. Le ciel était voilé, mais la neige ne tombait pas. Et les voitures circulaient.

      Pendant que Bill conduisait, Riley se connecta aux bases de données du FBI et fit quelques recherches sur son téléphone. Les gangs avaient pignon sur rue, par ici. Ils s’y regroupaient depuis le début des années 1980. Du temps de Shane la Chaîne, des locaux régnaient sur le quartier. Depuis ce jour, des gangs nationaux y avaient établi leurs quartiers-généraux et le niveau de violence avait doublé.

      Les drogues qui alimentaient le système étaient de plus en plus dangereuses : maintenant, on vendait des cigarettes trempées dans du fluide d’embaumement et du flakka, une drogue de synthèse qu’on appelait des « sels de bain ». A se demander ce qu’il y aurait sur le marché dans quelques années.

      Quand Bill se gara devant l’immeuble de Moran, Riley vit deux hommes vêtus des vestes du FBI dans une autre voiture – les agents McGill et Newton, qui les avaient accueillis à l’aéroport. Elle devina à leur stature qu’ils portaient des gilets pare-balles. Tous deux étaient armés de fusils de précision.

      — Moran habite au troisième, dit Riley.

      Le groupe pénétra dans le bâtiment par

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