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pas aussi dru qu’ici, mais les routes n’étaient jamais bien dégagées. Elle avait sans doute roulé plus souvent sur des routes verglacées que n’importe quel agent ci-présent.

      Elle préférait laisser Bill conduire. Le plus important, c’était la sécurité de Sprigge. Bill prit les clés.

      — Je dois dire que ça me plait de retravailler avec toi, dit Bill en s’enfermant dans la voiture. C’est égoïste, je sais. J’aime bien travailler avec Lucy, mais ce n’est pas pareil.

      Riley sourit. Elle était aussi contente de retrouver Bill.

      — Quand même, j’aurais préféré que tu ne prennes pas le dossier, ajouta Bill.

      — Pourquoi ? demanda Riley avec surprise.

      Bill secoua la tête.

      — J’ai un mauvais pressentiment, dit-il. Tu te souviens ? J’ai rencontré Hatcher, moi aussi. Il en faut beaucoup pour me faire peur mais… Eh bien, lui, il ne joue pas dans la même catégorie.

      Riley ne répondit pas. Elle ne pouvait pas le contredire. Elle savait que Hatcher avait profondément troublé Bill lors de sa visite. Avec un instinct étonnant, le prisonnier avait fait de perturbantes observations sur la vie personnelle de Bill.

      « N’essayez même pas d’arranger les choses avec votre femme. Ce n’est pas possible. »

      Hatcher avait eu raison, et Bill était maintenant en plein divorce.

      A la fin de cette même visite, il avait dit à Riley quelque chose qui la hantait :

      « Arrêtez de vous voiler la face. »

      Elle ne savait toujours pas ce qu’il avait voulu dire. Elle eut le pressentiment désagréable qu’elle finirait par l’apprendre.

      *

      Quelques instants plus tard, Bill se gara à côté d’un gros tas de neige, devant la maison de Kelsey Sprigge à Searcy. Une voiture de police était arrêtée non loin. Toutefois, les deux policiers à l’intérieur ne lui inspirèrent pas confiance. Le criminel à l’esprit vicieux et brillant qui s’était évadé de Sing Sing n’aurait eu aucun mal à se débarrasser d’eux.

      Bill et Riley descendirent de voiture et montrèrent de loin leurs badges aux policiers, avant de s’engager dans l’allée. C’était une petite maison traditionnelle à deux étages, avec un toit à deux pans et un perron couvert. Elle était décorée de lumières de Noël. Riley sonna.

      Une femme ouvrit avec un charmant sourire. Elle était mince et portait un jogging. Son visage était illuminé.

      — Vous devez être les agents Jeffreys et Paige, dit-elle. Je suis Kelsey Sprigge. Entrez. Ne restez pas dans ce froid de canard.

      Kelsey Sprigge conduisit Riley et Bill dans un salon douillet où brûlait un feu de cheminée.

      — Je peux vous offrir quelque chose ? demanda-t-elle. Je sais que vous êtes de service. Je vous prépare un café.

      Elle disparut dans la cuisine, et Bill et Riley s’assirent. Riley balaya du regard les décorations de Noël et les douzaines de photos encadrées sur le mur. Elles avaient été prises à différents moments de la vie de Kelsey Sprigge, avec des enfants ou des petits-enfants autour d’elle. Dans certains clichés, un homme souriait à ses côtés.

      Flores avait dit qu’elle était veuve. En regardant les photos, Riley devina que le mariage avait été long et heureux. D’une manière ou d’une autre, Kelsey Sprigge avait réussi à construire tout ce qui échappait à Riley. Elle avait passé une vie heureuse auprès d’une famille aimante, tout en travaillant comme agent du FBI.

      Riley aurait voulu lui demander comme elle avait réussi. Bien sûr, ce n’était pas le moment.

      La femme revint dans le salon en portant un plateau avec deux tasses de café, de la crème et du sucre, et – à la surprise de Riley – un scotch pour elle-même.

      Kelsey fascinait Riley. Pour une femme de soixante-dix ans, elle était pleine de vie, et plus solide que la plupart des femmes qu’elle connaissait. Riley eut l’impression d’apercevoir ce qu’elle pourrait devenir.

      — Bien, bien, dit Kelsey en s’asseyant en souriant. J’aurais préféré vous accueillir avec un beau soleil.

      Son hospitalité charmante et tranquille désarmait Riley. Etant donné les circonstances, elle avait cru trouver une femme aux abois.

      — Madame Sprigge…, commença Bill.

      — Je vous en prie, appelez-moi Kelsey, l’interrompit-elle. Et je sais pourquoi vous êtes venus. Vous pensez que Shane Hatcher est à ma poursuite et que je suis sa première cible. Vous pensez qu’il veut me tuer.

      Riley et Bill échangèrent un regard.

      — Et bien sûr, c’est pour ça qu’il y a une voiture de police dehors, dit Kelsey en souriant. Je leur ai proposé de venir se mettre au chaud, mais ils ont refusé. Ils ne m’ont même pas laissé faire mon jogging de l’après-midi ! Quel dommage… Moi qui adore courir dans le frais. Eh bien, je n’ai pas peur de me faire assassiner, et vous ne devriez pas vous inquiéter non plus. Je ne pense vraiment pas que Shane Hatcher fera quoi que ce soit.

      Riley faillit s’exclamer : « Pourquoi ? ».

      Au lieu de quoi, elle demanda prudemment :

      — Kelsey, vous l’avez arrêté. Vous l’avez amené devant la justice. Il a passé sa vie en prison à cause de vous. C’est peut-être pour vous qu’il est sorti.

      Kelsey ne répondit pas tout de suite. Elle regardait le pistolet de Riley dans son étui.

      — Quelle arme portez-vous, ma chère ? demanda-t-elle.

      — Un Glock de calibre quarante, dit Riley.

      — Joli ! s’exclama Kelsey. Je peux y jeter un œil.

      Riley lui tendit son arme. Kelsey sortit le chargeur et examina l’arme. Elle le manipulait avec l’œil d’un vrai connaisseur.

      — Je n’ai pas connu les Glocks pendant ma carrière, dit-elle. Je les aime bien. Bonne prise en main, équilibre idéal, très léger. Et le viseur me plait.

      Elle remit le chargeur en place et rendit l’arme à Riley. Puis elle se dirigea vers son bureau. Elle en sortit un pistolet semi-automatique.

      — J’ai arrêté Shane Hatcher avec ce bébé, dit-elle en souriant.

      Elle tendit l’arme à Riley, avant de se rasseoir.

      — Smith et Wesson, modèle 459. Je l’ai blessé et désarmé. Mon partenaire voulait le tuer – pour venger le flic qu’il avait battu à mort. Eh bien, j’ai dit non. Je lui ai dit que, s’il tirait sur Hatcher, il n’y aurait pas qu’un seul corps à enterrer.

      Kelsey rosit.

      — Oh, dit-elle, je préférais que cette histoire ne sorte pas d’ici !

      Riley lui rendit son arme.

      — J’ai bien vu que Hatcher avait apprécié mon geste, dit Kelsey. Vous savez, il suivait un code très strict, pour un délinquant. Il savait que je ne faisais que mon travail. C’est quelque chose qu’il respectait. Et il était reconnaissant. Bref, il ne s’est jamais intéressé à moi. Je lui ai même écrit quelques lettres, mais il n’a pas répondu. Il ne se souvient sans doute pas de mon nom. Non, je suis certaine qu’il ne veut pas me tuer.

      Kelsey adressa à Riley un regard de curiosité.

      — Mais Riley, vous permettez que je vous appelle Riley ? Vous m’avez dit au téléphone que vous lui aviez rendu visite, que vous aviez appris à le connaître ? Il doit être fascinant.

      Riley crut déceler une pointe d’envie ou de jalousie dans la voix de la femme.

      Kelsey

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