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la porte des employés s’ouvrit finalement. Deux femmes en sortirent, accompagnées d’un homme qui avait l’air d’être agent de sécurité pour l’établissement. Il observa l’homme, en se demandant s’il allait poser problème. Il gardait une arme sous son siège qu’il utiliserait si c’était absolument nécessaire mais il préférait éviter de le faire. Il n’avait pas encore été obligé de l’utiliser. En fait, il détestait les armes. Il y avait quelque chose d’impur à leur sujet, quelque chose de corrompu.

      Ils finirent par se séparer, monter dans leurs voitures et s’éloigner.

      Il vit d’autres personnes sortir, puis soudainement il se redressa sur son siège. Il sentit son cœur s’emballer. C’était elle. C’était celle qu’il attendait.

      Elle était de petite taille, une fausse blonde avec une coupe au carré jusqu’au niveau des épaules. Il la regarda monter dans sa voiture mais ne démarra que lorsque ses feux arrière passèrent le coin de la rue.

      Il contourna l’édifice par l’autre côté afin de ne pas attirer l’attention sur lui. Il se plaça juste derrière elle et son coeur commença à s’emballer. Instinctivement, il tendit la main sous son siège et toucha les brins de la corde. Ça le calmait.

      Ça le calmait aussi de savoir qu’après la poursuite, viendrait le moment du sacrifice.

      Et il viendrait, ça c’est sûr.

      CHAPITRE QUATRE

      Mackenzie était assise dans le siège passager, avec des nombreux dossiers étalés sur les genoux. Porter était derrière le volant, tapotant des doigts au rythme d’une chanson des Rolling Stones. Il avait toujours la même chaîne de rock allumée lorsqu’il conduisait et Mackenzie lui jeta un regard ennuyé, finalement déconcentrée. Elle regarda la trajectoire des phares se projetant sur la route devant eux à cent-trente kilomètres à l’heure puis elle se tourna vers lui.

      « Tu peux baisser le son, s’il te plaît ? » dit-elle sèchement.

      En général, ça ne la dérangeait pas mais elle essayait de se mettre dans un état d’esprit particulier afin de comprendre le mode opératoire du tueur.

      Avec un soupir et un hochement de tête, Porter baissa le son de la radio. Il la regarda de manière dédaigneuse.

      « Qu’est-ce que tu espères trouver, de toutes façons ? » demanda-t-il.

      « Je n’espère pas trouver quelque chose, » dit Mackenzie. « J’essaie de rassembler les différentes pièces du puzzle afin de mieux comprendre la personnalité du tueur. Si nous parvenons à penser comme lui, nous avons plus de chances de l’attraper. »

      « Ou, » dit Porter, « tu peux attendre qu’on arrive à Omaha et qu’on parle avec les enfants et la soeur de la victime comme Nelson nous l’a demandé. »

      Sans même le regarder, Mackenzie savait qu’il luttait pour ne pas lui sortir un commentaire paternaliste dans le style du type qui sait tout. Elle devait reconnaître que c’était tout à son honneur. Quand ils n’étaient que tous les deux sur les routes ou à une scène de crime, Porter maintenait les remarques sarcastiques et les comportements dégradants à un minimum.

      Elle ignora Porter pendant un instant et regarda de nouveau les notes étalées sur ses genoux. Elle comparait les notes de l’affaire datant de 1987 et celles du meurtre de Hailey Lizbrook. Plus elle en lisait, plus elle était convaincue que le même type était responsable des deux meurtres. Mais ce qui la frustrait, c’était de ne pas parvenir à identifier un mobile précis.

      Elle continua à examiner les différents documents, en feuilletant les pages et en faisant défiler les informations. Elle commença à murmurer tout haut, en se posant des questions et en énonçant les faits à haute voix. C’était quelque chose qu’elle faisait depuis le lycée, une manie dont elle n’était jamais parvenue à se débarrasser.

      « Aucun indice d’abus sexuel dans les deux affaires, » dit-elle doucement. « Aucun lien manifeste entre les victimes à part leur profession. Pas de possibilité réelle de motivations religieuses. Pourquoi ne pas utiliser un crucifix en entier plutôt que de simples poteaux si c’était lié à la religion ? Les numéros étaient présents dans les deux affaires mais il n’y a pas de liens clairs entre les chiffres et les meurtres. »

      « Ne le prends pas mal, » dit Porter, « mais je préférerais encore écouter les Stones. »

      Mackenzie arrêta de se parler à elle-même et remarqua que le témoin de notification de son téléphone clignotait. Après qu’elle et Porter se soient mis en route, elle avait envoyé un email à Nancy en lui demandant de faire quelques recherches rapides à travers les affaires de meurtres des trente dernières années avec les mots-clés poteau, strip-teaseuse, prostituée, serveuse, maïs, lacérations et la séquence de chiffres N511/J202. Quand Mackenzie jeta un coup d’œil à son téléphone, elle vit que Nancy, comme à son habitude, avait agi rapidement.

      L’email que Nancy lui avait envoyé disait : Pas grand-chose, j’en ai bien peur. J’ai cependant envoyé en attachement les résumés des quelques affaires que j’ai trouvées. Bonne chance !

      Il n’y avait que cinq pièces en attachement et Mackenzie parvint à les survoler assez rapidement. Trois des affaires n’avaient clairement aucun lien avec le meurtre de Lizbrook et l’affaire de 1987. Mais les deux autres présentaient assez d’éléments intéressants pour qu’elles vaillent la peine d’être prises en compte.

      L’une d’entre elles était une affaire datant de 1994 où une femme avait été retrouvée morte derrière une grange abandonnée dans une zone rurale à environ cent-trente kilomètres d’Omaha. Elle avait été attachée à un poteau en bois et son corps était là depuis au moins six jours avant d’être découvert. Le cadavre était rigide et des animaux, probablement des lynx, avaient commencé à lui dévorer les jambes. La victime avait un passé judiciaire assez important, dont deux arrestations pour racolage. À nouveau, il n’y avait aucun signe d’abus sexuel et malgré des lacérations présentes dans son dos, elles étaient loin d’être aussi nombreuses que celles qui avaient été retrouvées sur le corps de Hailey Lizbrook. Le résumé sur l’affaire ne parlait pas non plus de chiffres découverts sur le poteau.

      Le deuxième dossier avec d’éventuels liens avec cette affaire concernait une jeune fille de dix-neuf ans qui avait été portée disparue en 2009 lorsqu’elle n’était pas rentrée chez elle lors de ses vacances de Noël de l’Université du Nebraska. Lorsque son corps fut découvert trois mois plus tard dans un champ désert, partiellement enterré, des lacérations étaient présentes sur son dos. Des images furent plus tard diffusées à la presse, montrant la jeune fille nue et s’adonnant à une sorte de fête sexuelle choquante sur le campus. Les photos avaient été prises une semaine avant qu’elle n’ait été portée disparue.

      Cette dernière affaire présentait moins de similitudes mais Mackenzie estimait que les deux affaires pouvaient avoir des liens potentiels avec le meurtre de 1987 et celui de Hailey Lizbrook.

      « Tu as quelque chose de neuf ? » demanda Porter.

      « Nancy m’a envoyé le compte-rendu de certaines affaires qui pourraient être liées à la nôtre. »

      « Et quelque chose qui tient la route ? »

      Elle hésita puis elle lui fit part des deux liens potentiels. Quand elle eut terminé, Porter hocha la tête, le regard fixé à l’extérieur. Ils passèrent un panneau indiquant qu’Omaha ne se trouvait plus qu’à trente-cinq kilomètres.

      « Je pense que tu t’efforces de trop parfois, » dit Porter. « Tu te démènes à fond et beaucoup de gens l’ont remarqué. Mais soyons honnêtes : peu importe les efforts que tu fasses, toutes les affaires ne se caractérisent pas par un lien énorme qui te permettrait d’avoir affaire à une enquête gigantesque. »

      «

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