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lacéré le dos et le bruit seul de cette chose traînée au sol la faisait paniquer. Elle cria, probablement pour la centième fois cette nuit, mais son cri sembla se perdre et s’éteindre dans le champ de maïs. Au début, elle criait à l’aide, espérant que quelqu’un pourrait l’entendre. Mais au fil des heures, ses cris étaient devenus une sorte de râles d’angoisse, les cris de quelqu’un qui sait que personne ne viendra l’aider.

      « J’envisage de te laisser partir » dit l’homme.

      Il avait la voix d’un fumeur ou de quelqu’un qui avait beaucoup hurlé. Une sorte de zézaiement bizarre était attaché à ses mots.

      « Mais d’abord, tu dois avouer tes crimes. »

      Il avait déjà dit ça à quatre reprises. Elle se creusa de nouveau les méninges, se demandant à quoi il faisait référence. Elle n’avait aucun crime à avouer. Elle avait toujours été quelqu’un de bien, traitant correctement les gens qu’elle connaissait et elle avait essayé d’être une bonne mère même si elle aurait aimé faire mieux.

      Qu’est-ce qu’il voulait d’elle ?

      Elle cria à nouveau et courba le dos contre le poteau. Elle sentit alors un léger relâchement des liens autour de ses poignets. Elle sentit également le sang collé autour de la corde.

      « Avoue tes crimes » répéta-t-il.

      « Je ne sais pas de quoi vous parlez ! » gémit-elle.

      « Tu vas te rappeler » dit-il.

      Il avait déjà dit ça auparavant. Et c’était juste avant chaque…

      Il y eut un léger bruit au moment où le fouet décrivit un arc dans l’air.

      Elle hurla et se tordit de douleur contre le poteau lorsque la chose l’atteignit.

      Du sang neuf jaillit de sa blessure mais elle le sentit à peine. Toute son attention était concentrée sur ses poignets. Le sang accumulé à cet endroit durant les dernières heures s’était mélangé à sa sueur. Elle sentit un vide entre la corde et ses poignets et elle pensa qu’elle pourrait peut-être parvenir à s’échapper. Son esprit tentait de prendre le large afin de s’éloigner de la situation.

      Clac !

      Le coup l’atteignit directement à l’épaule et elle hurla.

      « S’il vous plait » dit-elle. « Je ferai tout ce que vous voulez mais laissez-moi partir ! »

      « Avoue tes… »

      Elle tira de toutes ses forces et parvint à ramener ses bras vers l’avant. Ses épaules étaient extrêmement douloureuses mais elle fut instantanément libérée de ses liens. Elle sentit une légère brûlure au moment où la corde lui effleura le haut de la main mais ça n’avait rien à voir avec la douleur intense qui lui lacérait le dos.

      Elle se jeta en avant si rapidement qu’elle tomba presque à genoux, risquant de gâcher sa fuite. Mais l’instinct primitif de survie prit le dessus et le contrôle de ses muscles et avant même de réaliser ce qu’elle faisait, elle était déjà occupée à courir.

      Elle se mit à courir très vite, stupéfaite d’être parvenue à se libérer et étonnée que ses jambes la portent après avoir été attachée pendant aussi longtemps. Mais elle courut sans s’arrêter pour y penser.

      Elle traversa le champ de maïs en courant, les épis lui fouettant le corps au passage. Les feuilles et les branches lui caressaient le corps, effleurant son dos lacéré comme de vieux doigts flétris. Elle cherchait son souffle et se concentra sur le fait de continuer à mettre un pied devant l’autre. Elle savait que l’autoroute se trouvait à proximité. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était de continuer à courir et d’ignorer la douleur.

      Derrière elle, l’homme se mit à rire, d’un rire qui ressemblait à celui d’un monstre caché depuis des siècles dans le champ de maïs.

      Elle gémit et continua à courir, ses pieds nus martelant le sol et son corps presque dénudé fouetté par les épis de maïs. Sa poitrine rebondissait de façon ridicule et son sein gauche était sorti de son soutien-gorge. Elle se promit à elle-même que si elle s’en sortait vivante, elle ne ferait plus jamais de strip-tease. Elle trouverait un autre boulot et une façon plus digne de subvenir aux besoins de ses enfants.

      Cette pensée la motiva et elle se mit à courir encore plus vite à travers les épis de maïs. Elle courut aussi vite qu’elle le put. Elle serait libre si elle continuait à courir. L’autoroute ne devait pas être très loin, n’est-ce pas ?

      Peut-être. Mais même si c’était le cas, elle n’avait aucune certitude d’y rencontrer quelqu’un. Il n’était même pas six heures du matin et les autoroutes du Nebraska étaient bien souvent désertes à cette heure-ci.

      Devant elle, se profila une ouverture dans le champ. La lumière de l’aube l’atteignit et son coeur bondit à l’idée d’apercevoir l’autoroute.

      Elle traversa l’ouverture et elle entendit incrédule le bruit d’un moteur qui s’approchait. Elle fut soudainement remplie d’espoir.

      Elle vit la lueur de phares s’approchant et elle courut encore plus vite, Elle était si proche qu’elle pouvait sentir le bitume imprégné de chaleur.

      Elle atteignit l’extrémité du champ de maïs au moment où un pickup rouge passait sur la route. Elle hurla et gesticula des bras frénétiquement.

      « S’il vous plaît ! » hurla-t-elle.

      Mais, horrifiée, elle vit le pickup passer en vrombissant.

      Elle gesticula des bras en pleurnichant. Peut-être que le chauffeur allait jeter un coup d’œil dans son rétroviseur…

      Clac !

      Une douleur fulgurante lui lacéra l’arrière du genou gauche et elle tomba à terre.

      Elle hurla et tenta de se remettre debout mais elle sentit une main robuste l’attraper par les cheveux et la traîner de nouveau vers le champ de maïs.

      Elle tenta de bouger, de se libérer mais cette fois-ci, elle n’y parvint pas.

      Un dernier claquement de fouet se fit entendre avant qu’elle ne perde finalement conscience.

      Elle savait que tout se terminerait très bientôt : le bruit, le fouet, la douleur et sa courte vie jalonnée d’épreuves.

      CHAPITRE UN

      La détective Mackenzie White se préparait au pire en traversant le champ de maïs cet après-midi-là. Le bruit des épis la perturbait alors qu’elle s’y frayait un passage. C’était un bruit sourd effleurant sa veste à mesure qu’elle passait d’une rangée à l’autre. La clairière qu’elle cherchait à atteindre lui semblait à des kilomètres de distance.

      Elle finit par y arriver et s’arrêta net à ce qu’elle y vit, souhaitant être n’importe où ailleurs à ce moment-là. Il y avait un cadavre presque nu d’une femme d’une trentaine d’années, attaché à un poteau, le visage figé dans une expression de profonde angoisse. C’était une expression que Mackenzie aurait souhaité n’avoir jamais vue et qu’elle savait qu’elle n’oublierait jamais.

      Cinq policiers s’affairaient dans la clairière mais sans faire quoi que ce soit d’utile. Ils cherchaient à avoir l’air occupés mais elle savait qu’ils essayaient seulement de comprendre à quoi ça rimait. Elle était sûre qu’aucun d’entre eux n’avait jamais rien vu de pareil. Après avoir vu cette jeune femme blonde attachée à ce poteau en bois, Mackenzie sut tout de suite que quelque chose de bien plus important était en jeu. Quelque chose auquel elle n’avait jamais été confrontée. Ce n’était pas le genre de chose qui se passait dans les champs de maïs du Nebraska.

      Mackenzie s’approcha

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