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plus. Rhea était sa cible, personne d'autre. Et je suis confiant, la police va bientôt le trouver.

      Il s'adossa contre l'arrête du bureau.

      — Je peux vous dire encore une chose, peut importe où se trouve le tueur en ce moment, peu importe ce qu'il fait, il ne ressent pas ce que chacun d'entre-vous semble ressentir. Il est incapable d'éprouver de la sympathie pour la souffrance de quelqu'un d'autre, encore moins la vraie empathie que je ressens dans cette pièce.

      Il écrivit les mots « sympathie » et « empathie » sur le grand tableau blanc.

      — Quelqu'un voudrait-il me rappeler la différence entre ces deux mots ? demanda-t-il.

      Riley fut légèrement surprise de voir la main de Trudy se lever.

      — La sympathie, c'est quand on se préoccupe de ce que ressent quelqu'un d'autre, dit-elle. L'empathie, c'est quand vous partagez réellement les sentiments de quelqu'un d'autre.

      Zimmerman hocha la tête et nota les définitions de Trudy.

      — Exactement, répondit-il. Je suggère donc que nous mettions tous de côté notre sentiment de culpabilité. Concentrons-nous à la place sur notre capacité d'empathie. C'est ce qui nous sépare du monde des monstres les plus terribles. C'est précieux, d'autant plus dans des périodes comme celle-ci.

      Hayman semblait satisfait des observations faites par Zimmerman.

      — Si c'est bon pour tout le monde, dit-il, je pense que nous devrions raccourcir le cours d'aujourd'hui. Il a été assez intense, mais j'espère que cela vous a aidé. Rappelez-vous simplement que vous devez tous digérer des sentiments assez puissants en ce moment, même ceux qui n'étaient pas très proches de Rhea. Ne vous attendez pas à ce que le chagrin, le choc et l'horreur disparaissent de sitôt. Laissez-les faire leur chemin. Ils font partie du processus de guérison. Et n'ayez pas peur de demander de l'aide aux conseillers de l'école. Ou entre vous. Ou au Dr. Zimmerman et à moi-même.

      Alors que les élèves se levaient pour partir, Zimmerman lança...

      — En passant, faites un câlin à Riley et Trudy. Elles pourraient en avoir besoin.

      Pour la première fois depuis le début du cours, Riley se senti contrariée.

      Qu'est-ce qui lui fait penser que j'ai besoin d'un câlin ?

      A vrai dire, les câlins étaient la dernière chose qu'elle voulait en ce moment.

      Soudainement, elle se rappela que c'était ce qui l'avait gênée à propos du Dr. Zimmerman lorsqu'elle avait eu cours avec lui. Il était bien trop sentimental à son goût, il était tellement sensible à propos de plein de choses, et il aimait dire aux étudiants de se faire des câlins.

      Cela semblait un peu bizarre de la part d'un psychologue spécialisé en pathologie criminelle.

      Cela semblait aussi étrange de la part d'un homme tellement porté sur l'empathie.

      Après tout, comment savait-il si elle ou Trudy voulaient recevoir des câlins ou pas ? Il n'avait même pas pris la peine de demander.

      En quoi est-ce empathique ?

      Riley ne pouvait s'empêcher de penser que le gars était bidon au fond.

      Néanmoins, elle se tint là, stoïque, tandis que les élèves défilaient pour lui faire un câlin de sympathie. Certains pleuraient. Et elle pouvait voir que cette attention ne gênait pas du tout Trudy. Elle continuait de sourire malgré ses larmes à chaque câlin.

      C'est peut-être juste moi, pensa Riley.

      Y avait-il quelque chose qui n'allait pas chez elle ?

      Elle n'avait peut-être pas les mêmes sentiments que les autres personnes.

      Bientôt, tous les câlins furent finis, et la plupart des étudiants avaient quitté la salle, y compris Trudy. Ainsi que le Dr. Zimmerman.

      Riley était contente d'avoir un moment, seule avec le Dr. Hayman. Elle marcha jusqu'à lui.

      — Merci pour la discussion sur la culpabilité et la responsabilité, lui dit-elle. J'avais vraiment besoin d'entendre ça.

      Il lui sourit.

      — Content d'avoir aidé, lui répondit-il. Je sais que cela doit être très dur pour vous.

      Riley baissa la tête un moment, rassemblant son courage pour dire quelque chose qu'elle voulait vraiment dire.

      — Dr. Hayman, dit-elle enfin, vous ne vous en rappelez probablement pas, mais j'étais dans votre cours d'introduction à la psycho lors de ma première année.

      — Je m'en souviens, lui dit-il.

      Riley ravala sa nervosité pour lui répondre.

      — Eh bien, j'ai toujours voulu vous dire... vous m'avez vraiment inspirée à faire une licence en psychologie.

      Hayman avait l'air un peu surpris à présent.

      —Waouh, dit-il, cela fait vraiment plaisir à entendre. Merci.

      Ils continuèrent à se regarder pendant un moment embarrassant. Riley espérait qu'elle ne passait pas pour une imbécile.

      —Écoutez, dit enfin Hayman, j'ai prêté attention à vous pendant les cours, à ce que vous écrivez, les questions que vous posez, les idées que vous partagez avec tout le monde. Vous avez un bon esprit. Et j'ai le sentiment... que vous vous posez des questions sur ce qui est arrivé à votre amie auxquelles la plupart des autres élèves ne pensent pas, peut-être même ne veulent pas penser.

      Riley déglutit à nouveau. Il avait raison, bien sûr, presque de façon inouïe.

      Maintenant, c'est de l'empathie, pensa-t-elle.

      Elle revint à la nuit du meurtre, lorsqu'elle s'était tenue devant la chambre de Rhea, espérant qu'elle pourrait aller à l'intérieur, ayant l'impression qu'elle pourrait apprendre quelque chose d'important si elle passait la porte à ce moment précis.

      Mais ce moment était passé. Lorsque Riley avait enfin pu y pénétrer, la chambre avait été nettoyée, comme si rien ne s'y était jamais passé.

      Elle dit lentement...

      —Je veux vraiment comprendre... pourquoi. Je veux vraiment savoir...

      Sa voix s'estompa. Oserait-elle dire la vérité à Hayman, ou qui que ce soit d'autre ?

      Qu'elle voulait comprendre l'esprit de l'homme qui avait assassiné son amie ?

      Qu'elle voulait presque avoir de l'empathie pour lui ?

      Elle fut soulagée lorsque Hayman hocha la tête, semblant comprendre.

      —Je sais exactement ce que vous ressentez, dit-il. Je ressentais ça aussi.

      Il ouvrit un tiroir à son bureau, sorti un livre et lui tendit.

      —Vous pouvez emprunter ça, lui dit-il. C'est une bonne base pour commencer.

      Le titre du livre était Esprits Obscurs : la personnalité homicide révélée.

      Riley fut surprise de voir que l'auteur n'était autre que le Dr. Dexter Zimmerman lui-même.

      —Cet homme est un génie, lui dit Hayman. Vous ne pouvez même pas imaginer les perspectives qu'il révèle dans son livre. Il faut absolument que vous le lisiez. Cela pourrait changer votre vie. En tout cas, cela a changé la mienne.

      Riley se sentit bouleversée par le geste d'Hayman.

      —Merci, dit-elle humblement.

      —N'en parlons pas, répondit Hayman en souriant.

      Riley quitta la salle de classe, et se mit à accélérer le pas en sortant du bâtiment, partant en direction de la bibliothèque, impatiente de s'asseoir avec le livre.

      En même temps, elle sentit un pic d'appréhension.

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