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Le mystère de la chambre jaune. Гастон Леру
Читать онлайн.Название Le mystère de la chambre jaune
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Гастон Леру
Издательство Public Domain
«Cétait le malheur! On aurait perdu la tête à moins. La porte de la chambre fermée à clef «à lintérieur», les volets de lunique fenêtre fermés, eux aussi, «à lintérieur», et, par-dessus les volets, les barreaux intacts, des barreaux à travers lesquels vous nauriez pas passé le bras… Et mademoiselle qui appelait au secours! … Ou plutôt non, on ne lentendait plus… Elle était peut-être morte… Mais jentendais encore, au fond du pavillon, monsieur qui essayait débranler la porte…
«Nous avons repris notre course, la concierge et moi, et nous sommes revenus au pavillon. La porte tenait toujours, malgré les coups furieux de M. Stangerson et de Bernier. Enfin elle céda sous nos efforts enragés et, alors, quest-ce que nous avons vu?«Il faut vous dire que, derrière nous, la concierge tenait la lampe du laboratoire, une lampe puissante qui illuminait toute la chambre.
«Il faut vous dire encore, monsieur, que la «Chambre Jaune» est toute petite. Mademoiselle lavait meublée dun lit en fer assez large, dune petite table, dune table de nuit, dune toilette et de deux chaises. Aussi, à la clarté de la grande lampe que tenait la concierge, nous avons tout vu du premier coup doeil. Mademoiselle, dans sa chemise de nuit, était par terre, au milieu dun désordre incroyable. Tables et chaises avaient été renversées montrant quil y avait eu là une sérieuse «batterie». On avait certainement arraché mademoiselle de son lit; elle était pleine de sang avec des marques dongles terribles au cou – la chair du cou avait été quasi arrachée par les ongles – et un trou à la tempe droite par lequel coulait un filet de sang qui avait fait une petite mare sur le plancher. Quand M. Stangerson aperçut sa fille dans un pareil état, il se précipita sur elle en poussant un cri de désespoir que ça faisait pitié à entendre. Il constata que la malheureuse respirait encore et ne soccupa que delle. Quant à nous, nous cherchions lassassin, le misérable qui avait voulu tuer notre maîtresse, et je vous jure, monsieur, que, si nous lavions trouvé, nous lui aurions fait un mauvais parti. Mais comment expliquer quil nétait pas là, quil sétait déjà enfui? … Cela dépasse toute imagination. Personne sous le lit, personne derrière les meubles, personne! Nous navons retrouvé que ses traces; les marques ensanglantées dune large main dhomme sur les murs et sur la porte, un grand mouchoir rouge de sang, sans aucune initiale, un vieux béret et la marque fraîche, sur le plancher, de nombreux pas dhomme. Lhomme qui avait marché là avait un grand pied et les semelles laissaient derrière elles une espèce de suie noirâtre. Par où cet homme était-il passé? Par où sétait-il évanoui? Noubliez pas, monsieur, quil ny a pas de cheminée dans la «Chambre Jaune». Il ne pouvait sêtre échappé par la porte, qui est très étroite et sur le seuil de laquelle la concierge est entrée avec sa lampe, tandis que le concierge et moi nous cherchions lassassin dans ce petit carré de chambre où il est impossible de se cacher et où, du reste, nous ne trouvions personne. La porte défoncée et rabattue sur le mur ne pouvait rien dissimuler, et nous nous en sommes assurés. Par la fenêtre restée fermée avec ses volets clos et ses barreaux auxquels on navait pas touché, aucune fuite navait été possible. Alors? Alors… je commençais à croire au diable.
«Mais voilà que nous avons découvert, par terre, «mon revolver». Oui, mon propre revolver… Ça, ça ma ramené au sentiment de la réalité! Le diable naurait pas eu besoin de me voler mon revolver pour tuer mademoiselle. Lhomme qui avait passé là était dabord monté dans mon grenier, mavait pris mon revolver dans mon tiroir et sen était servi pour ses mauvais desseins. Cest alors que nous avons constaté, en examinant les cartouches, que lassassin avait tiré deux coups de revolver. Tout de même, monsieur, jai eu de la veine, dans un pareil malheur, que M. Stangerson se soit trouvé là, dans son laboratoire, quand laffaire est arrivée et quil ait constaté de ses propres yeux que je my trouvais moi aussi, car, avec cette histoire de revolver, je ne sais pas où nous serions allés; pour moi, je serais déjà sous les verrous. Il nen faut pas davantage à la justice pour faire monter un homme sur léchafaud!»
Le rédacteur du matin fait suivre cette interview des lignes suivantes:
«Nous avons laissé, sans linterrompre, le père Jacques nous raconter grossièrement ce quil sait du crime de la «Chambre Jaune». Nous avons reproduit les termes mêmes dont il sest servi; nous avons fait seulement grâce au lecteur des lamentations continuelles dont il émaillait sa narration. Cest entendu, père Jacques! Cest entendu, vous aimez bien vos maîtres! Vous avez besoin quon le sache, et vous ne cessez de le répéter, surtout depuis la découverte du revolver. Cest votre droit et nous ny voyons aucun inconvénient! Nous aurions voulu poser bien des questions encore au père Jacques – Jacques-Louis Moustier – mais on est venu justement le chercher de la part du juge dinstruction qui poursuivait son enquête dans la grande salle du château. Il nous a été impossible de pénétrer au Glandier, – et, quant à la Chênaie, elle est gardée, dans un large cercle, par quelques policiers qui veillent jalousement sur toutes les traces qui peuvent conduire au pavillon et peut-être à la découverte de lassassin.
«Nous aurions voulu également interroger les concierges, mais ils sont invisibles. Enfin nous avons attendu dans une auberge, non loin de la grille du château, la sortie de M. de Marquet, le juge dinstruction de Corbeil. À cinq heures et demie, nous lavons aperçu avec son greffier. Avant quil ne montât en voiture, nous avons pu lui poser la question suivante:
«– Pouvez-vous, Monsieur De Marquet, nous donner quelque renseignement sur cette affaire, sans que cela gêne votre instruction?
«– Il nous est impossible, nous répondit M. de Marquet, de dire quoi que ce soit. Du reste, cest bien laffaire la plus étrange que je connaisse. Plus nous croyons savoir quelque chose, plus nous ne savons rien!
«Nous demandâmes à M. de Marquet de bien vouloir nous expliquer ces dernières paroles. Et voici ce quil nous dit, dont limportance néchappera à personne:
«– Si rien ne vient sajouter aux constatations matérielles faites aujourdhui par le parquet, je crains bien que le mystère qui entoure labominable attentat dont Mlle Stangerson a été victime ne soit pas près de séclaircir; mais il faut espérer, pour la raison humaine, que les sondages des murs, du plafond et du plancher de la «Chambre Jaune», sondages auxquels je vais me livrer dès demain avec lentrepreneur qui a construit le pavillon il y a quatre ans, nous apporteront la preuve quil ne faut jamais désespérer de la logique des choses. Car le problème est là: nous savons par où lassassin sest introduit, – il est entré par la porte et sest caché sous le lit en attendant Mlle Stangerson; mais par où est-il sorti? Comment a-t-il pu senfuir? Si lon ne trouve ni trappe, ni porte secrète, ni réduit, ni ouverture daucune sorte, si lexamen des murs et même leur démolition – car je suis décidé, et M. Stangerson est décidé à aller jusquà la démolition du pavillon – ne viennent révéler aucun passage praticable, non seulement pour un être humain, mais encore pour un être quel quil soit, si le plafond na pas de trou, si le plancher ne cache pas de souterrain, «il faudra bien croire au diable», comme dit le père Jacques!»
Et le rédacteur anonyme fait remarquer, dans cet article —article que jai choisi comme étant le plus intéressant de tous ceux qui furent publiés ce jour-là sur la même affaire – que le juge dinstruction semblait mettre une certaine intention dans cette dernière phrase: il faudra bien croire au diable, comme dit le père Jacques.
Larticle se termine sur ces lignes: «nous avons voulu savoir ce que le père Jacques entendait par: «le cri de la Bête du Bon Dieu». On appelle ainsi le cri particulièrement sinistre, nous a expliqué le propriétaire de lauberge du Donjon, que pousse, quelquefois, la nuit, le chat dune vieille femme, la mère «Agenoux», comme on lappelle dans le pays. La mère «Agenoux «est une sorte de sainte qui habite une cabane, au coeur de la forêt, non loin de la «grotte de Sainte-Geneviève».
«La «Chambre Jaune»,