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abord, comment un plancher, qui est un plan horizontal, peut pousser. Car pour pousser, il faudrait supposer que ce plancher s’étend dans un sens, ce qui ne peut être. Mais voici ce qui arrive. Suivez-moi bien… Autrefois, pour établir un plancher, on posait de grosses poutres d’un mur à l’autre, et, sur ces poutres, des pièces de bois plus légères, qu’on appelle solives; puis on chargeait ces solives d’une couche de terre, de gravier ou de sable, et là-dessus on formait une aire en mortier pour recevoir le carrelage. Tout cela est très lourd. Or, comme une pièce de bois, même d’un fort équarrissage, fléchit à la longue sous son propre poids, c’est-à-dire, de droite qu’elle était, devient courbe, à plus forte raison se courbe-t-elle lorsqu’on la charge. Plus elle se courbe et plus elle exerce une pression sur le parement intérieur des murs dans lesquels on a dû l’encastrer. C’est cette pression sur le parement intérieur qui tend à pousser le mur en dehors. Mais, si comme ici, pour soulager la portée des poutres, on a placé dessous des liens29 de bois (fig. 12), cet effet de poussée est d’autant plus sensible que le bras de levier est plus long. Je vois bien que vous ne comprenez pas parfaitement. Un croquis va vous mettre au fait. Soit A la coupe du mur, ou si vous aimez mieux, son épaisseur. Si la poutre vient à se courber suivant la ligne C D, il se produit une pression en D qui est traduite par une poussée en F et le rondissement du mur comme je vous l’indique par les courbes ponctuées. Supposez même qu’à la place du lien E, nous ayons un corbeau de pierre; l’effet produit sera le même, mais moins puissant, à moins que la queue de ce corbeau ne prenne toute l’épaisseur du mur, comme je vous le marque en I, et que cette queue K soit chargée de telle sorte que cette charge neutralise la pression que la poutre exerce à l’extrémité L. C’est ce qui n’a pas été fait ici, où, à la place du lien de bois, on a mis un corbeau. Ce corbeau n’a qu’une médiocre prise dans le mur, et celui-ci, bâti en petits matériaux assez mal maçonnés, n’a pas une consistance suffisante pour résister à la poussée qu’exerce le rondissement des poutres. Mais pourquoi, me direz-vous, cet effet s’est-il produit à la hauteur du plancher du premier étage et ne s’est-il pas produit au-dessus? Parce que, par l’effet du bouclement que nous signalons ici, le mur s’est incliné au-dessus vers l’intérieur, et qu’il a ainsi serré le second plancher, ses parements s’étant placés, par leur inclinaison même, perpendiculairement à la direction courbe des poutres supérieures, comme je vous le marque en M, en exagérant l’effet pour bien vous le faire saisir.

      Fig. 12.

      «Vous voyez que chaque détail mérite attention et qu’il faut se rendre compte de tout dans les constructions.

      «En toutes choses, on n’apprend à éviter le mal qu’en l’analysant et cherchant ses causes, en constatant ses effets; c’est pourquoi, pour devenir un bon constructeur, il ne suffit pas de se familiariser avec les règles de la construction qui ne peuvent prévoir tous les cas; il faut voir beaucoup, beaucoup observer, constater les points défectueux dans les bâtisses anciennes; de même, les médecins n’arrivent-ils à définir une bonne constitution physique qu’en étudiant les maladies et leurs causes. Nous n’apprécions ce qui est bon le plus souvent que par la connaissance du mal, si bien qu’en l’absence du mal, nous pouvons admettre que le bon existe. Un vieux maître architecte qui, quand j’avais à peu près votre âge, voulait bien m’aider de ses conseils, me disait souvent: «Mon ami, je puis vous dire ce qu’il faut éviter dans l’art de bâtir; quant à vous expliquer en quoi consiste le bon et le beau, c’est affaire à vous de le trouver. Si vous êtes né architecte, vous saurez bien le découvrir; sinon, tout ce que je pourrais vous montrer, les exemples que je placerais sous vos yeux ne vous donneraient pas du talent.» Et le maître parlait sagement. La vue des plus belles œuvres d’architecture peut fausser l’esprit des étudiants si, en les leur montrant, on ne leur explique pas comment leurs auteurs sont arrivés à les faire belles, parce qu’ils ont évité de tomber dans telles et telles fautes.

      «Mais en voilà assez pour votre rédaction de ce jour. Mettez ces croquis au net, en regard de votre texte, et nous verrons cela ce soir.»

      CHAPITRE VI

      COMME QUOI M. PAUL EST INDUIT À ÉTABLIR CERTAINES DIFFÉRENCES ENTRE LA MORALE ET LA CONSTRUCTION

      Lorsque le soir, le compte rendu rédigé par Paul fut lu en famille, M. de Gandelau interrompit la lecture à cette phrase infidèlement reproduite: «Le bien n’est que l’absence du mal.»

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      1

      Échelle de proportion. Le texte explique suffisamment l’emploi de l’échelle dans le tracé architectonique, pour qu’il ne soit pas nécessaire de s’étendre sur l’utilité de ce moyen pratique. On entend aussi par échelle, les proportions relatives d’un édifice. Certains membres de l’architecture donnent l’échelle de l’ensemble. Ainsi, une balustrade ne pourrait dépasser la hauteur d’appui ou lui être inférieure; elle donne alors l’échelle de la bâtisse, c’est-à-dire qu’elle indique la dimension réelle de l’ensemble, en prenant pour point de comparaison la hauteur de l’homme.

      2

      Élévation. On désigne par ce mot, en architecture, le géométral d’une façade; en terme propre, la projection verticale.

      3

      Mur. On dit: mur goutterot, pour désigner celui qui porte un chéneau et reçoit la chute d’un comble; mur pignon, pour désigner celui qui clôt la charpente d’un comble; mur de refend, pour désigner celui qui, à l’intérieur d’un bâtiment, sépare les pièces, reçoit la portée des planchers et les tuyaux de cheminée.

      4

      Solive. Pièce de bois posée horizontalement pour former plancher et recevoir l’aire sur laquelle on pose les carrelages ou les parquets. Les solives de bois ne sauraient avoir, sans fléchir, une portée de plus de cinq mètres. Leur équarrissage et leur espacement sont déterminés par leur portée et la charge qu’elles doivent subir.

      5

      Noyau. Pile ou colonne autour de laquelle gironnent les marches de l’escalier.

      6

      Giron. Est la largeur d’une marche d’escalier. Giron droit. S’entend pour une marche d’égale largeur dans sa longueur. Giron triangulaire désigne une marche étroite au collet et s’élargissant du côté du mur de cage. On dit: les marches d’un escalier ont peu de giron, quand leur pas est court; ont beaucoup de giron, quand leur pas est long (voyez Pas).

      7

      A,

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<p>29</p>

Lien. Pièce de bois en écharpe qui réunit l’arbalétrier au poinçon, ou une poutre horizontale à un poteau.