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Essais d'un dictionnaire universel. Fournier Edouard
Читать онлайн.Название Essais d'un dictionnaire universel
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Fournier Edouard
Жанр Зарубежная классика
Издательство Public Domain
Ailé, ée. adj. qui a des ailes: Pegase est un cheval ailé. Les Poëtes appellent les oiseaux, les peuples ailez: Les papillons, les cigales sont des insectes ailez: Il y a des poissons ailez qui sont fréquens sur l'Ocean Athlantique.
En termes de Blason on appelle un oiseau ailé, quand ses ailes sont d'une autre émail que son corps. On appelle aussi ailé tout ce qui est peint avec des ailes, quoy que contre sa nature, comme un cerf ailé, un cœur ailé, des dragons, des serpens ailez, une main ailée, une tête de leopard ailée, une bande ailée, &c.
ALGEBRE. s. f. science qui sert à éclaircir, à étendre & à perfectionner l'Arithmetique, la Geometrie & toutes les sciences mathematiques. Quelques-uns l'ont définie, l'Arithmetique des nombres figurez, comme a fait Salignac de Bordeaux, qui en a fait un sçavant Traité. Elle considere les grandeurs, & s'applique aux nombres, aux lignes, aux figures, aux poids & aux vîtesses des mouvemens, tant en general qu'en particulier, en faisant abstraction de toutes matiéres: de sorte qu'on la pourroit appeller une Geometrie metaphysique. L'idée en a été prise sur la Régle qu'on appelle de fausse position en Arithmetique: car en operant sur une supposition incertaine, ou même fausse, elle fait connoître des veritez infaillibles & démontrées. Il y a deux especes d'Algebre: la premiere est la supputation des chiffres & des nombres avec des especes ou des lettres; la seconde est l'Analyse ou l'art de résoudre les questions, & de découvrir les veritez generales des Mathematiques. Ménage dérive ce mot de l'Arabe Algebra, qui signifie le rétablissement d'un os rompu, de la racine Giabarra, supposant que la principale partie de l'Algebre, est la consideration des nombres rompus: il y a apparence qu'il se trompe, & qu'il a pris l'origine d'un autre mot Espagnol Algebrista, qui signifie un Renoüeur de membres disloquez, que nous appellons en France un Balleüil: car la fraction n'a rien de commun avec l'Algebre, qui ne considere pas plus les nombres rompus que les entiers, & qui même exprime ses puissances par des lettres, qui ne sont pas susceptibles de fractions. Il est vray que le mot Algebre est un mot Arabe, mais il est primitif de la langue, & il luy a été donné par son auteur qui étoit Arabe. Cardan dit qu'il se nommoit Mahomet fils de Moïse, & il le met au 9. rang des 12. plus excellens hommes, qu'il a choisis dans l'Antiquité pour la subtilité de leur esprit. Mais Scriverius en attribuë l'invention à Diophante Auteur Grec, dont Regiomontanus a recueilli 13. livres, qui ont été commentez par Gaspard Bachet, sieur de Meziriac, de l'Academie Françoise.
Les notes de l'Algebre sont telles:
+ signifie plus: ainsi 9 + 3 veut dire 9 plus 3.
− signifie moins: ainsi 14 − 2 veut dire 14. moins 2.
= est la note de l'égalité: ainsi 9 + 3 = 14 − 2 veut dire, neuf plus trois est égal à 14. moins deux.
:: Les quatre points entre deux termes devant & deux termes aprés, marquent que les quatre termes sont en proportion géometrique: ainsi 6. 2 :: 12. 4. veut dire, comme 6 est à deux, ainsi 12 est à quatre.
÷÷ est la note d'une proportion continuë. ÷÷ 3. 9. 27. veut dire que trois est autant de fois dans neuf, comme neuf dans 27.
: Ces deux points au milieu marquent la proportion arithmetique entre ces nombres. 7. 3: 13. 9. veut dire, 7. surpasse 3. comme 13. surpasse 9.
÷ Cette note marque la proportion arithmetique continuë: ainsi ÷ 3. 7. 11. veut dire, 3 est surpassé de 7. autant que 7. par 11.
Deux lettres ensemble marquent une multiplication de deux nombres ou grandeurs: ainsi b d est le produit de deux nombres, comme 2. & 4. dont le premier s'appelle b, & l'autre d.
V signifie racine, ainsi V4, c'est à dire, la racine de 4, qui est 2, lequel multiplié par lui-même fait 4.
On dit proverbialement quand quelqu'un n'entend rien à quelque chose qu'il lit, ou qu'il écoute, que C'est de l'Algebre pour luy.
ALKALI. s. m. terme de Chymie & de Physique. C'est un sel vuide & poreux disposé à se joindre facilement à tous les acides. C'est par son moyen que les Chymistes rendent facilement la raison de la composition de tous les corps naturels, & la font voir par des experiences sensibles. Ils comparent ce sel à une terre vuide qui auroit été aux trois premiers jours du monde, avant qu'elle fut allumée par les rayons du soleil, qui s'étant incorporez dans cet Alkali, ont fait ensemble tous les corps sublunaires. L'acide donne les deux qualitez mâles, le chaud & le sec; & l'Alkali les feminines, le froid & l'humide: ce qui a donné lieu à plusieurs beaux Traitez des Philosophes modernes, entre autres d'Otho Takenius, qui dans son Hippocrates Chymicus en a écrit des premiers fort sçavamment; de Bernard Swalue Medecin, dans le Combat de l'Art & de la Nature; & aux Entretiens de François André Medecin de Caën, sur l'Acide & l'Alkali. Ce mot est Arabe, & vient de al, qui signifie sel, & de kali qui est une herbe que nous appellons soude. Et parce que son sel a la propriété d'absorber & de mortifier les acides, & de s'en impreigner plus facilement que les autres, on a appellé tous les sels de cette nature, sels Alkali, quelques-uns l'appellent autrement, alun Catin. Le tartre est le plus fort de tous les sels Alkali, & quand il est mêlé avec l'esprit de vitriol qui est un fort Acide, ils font une soudaine ébullition & coagulation, qui de liquides qu'ils étoient, font un corps solide. Les Philosophes proposent cette union comme un exemple general de la composition de tous les corps, qui se fait par les acides & les Alkali, à cause de la grande alteration qui arrive à la saveur & aux autres qualitez de ces sels unis. Il faut remarquer que leur effervescence & leur action cesse, lorsqu'ils se sont réciproquement pénétrez & rassasiez les uns des autres, car elle n'arrive plus par quelque addition qu'on puisse faire de l'un ou de l'autre, lors qu'ils sont proportionnellement unis. Ordinairement on appelle sels Alkali, tous les sels lexiviaux & artificiels qui se tirent des plantes.
ANTIMOINE. s. m. C'est un corps mineral qui approche de la nature des métaux, & que quelques-uns croyent en contenir tous les principes, parce qu'il se trouve prés des mines des uns & des autres, & sur tout dans celles d'argent & de plomb, & souvent il a sa mine propre. On l'appelle aussi Marchasite de plomb, & les Chymistes le nomment le Loup ou le Saturne des Philosophes, parce qu'il devore les autres métaux, quand on les fond ensemble, & qu'il les consume tous à la réserve de l'or. On l'appelle aussi Prothée, à cause de la diversité des couleurs qu'il prend par le moyen du feu. On le tient composé d'un double soulfre mineral, l'un métallique approchant de la pureté & de la couleur de celui de l'or, & l'autre terrestre & combustible semblable presque au soulfre commun; d'un mercure fuligineux & mal digeré, participant de la nature du plomb & d'un peu de sel terrestre. Il ressemble à de l'écume d'argent, & il a une couleur claire & luisante, il se dissout difficilement au feu, & plus facilement dans l'eau. Il est fragile comme le verre, & tient le milieu entre les métaux & les pierres, parce qu'il se fond comme le métail; mais il n'est pas ductile non plus que les pierres. Il y en a un mâle qui est plus sablonneux, & un autre femelle qui est plus pesant, plus brillant & plus friable. On le mêle avec d'autres métaux pour faire des miroirs, parce qu'il les rend capables d'un plus beau poli. On le mêle aussi pour faire des cloches, parce qu'il rend leurs sons plus clairs; on le mêle à l'étaim pour le rendre plus dur, plus blanc & plus sonnant: & enfin au plomb dans les fontes des caracteres d'Imprimerie, pour les rendre plus durs & plus unis. Il aide generalement à la fusion des autres métaux, & sur tout à celle des boulets de canon. On a crû qu'il pouvoit servir à une medecine universelle: car c'est en effet celui qui fournit le plus de remédes, & pour un plus grand nombre de maladies. Sa principale qualité est de provoquer le vomissement, & de purger par haut & par bas: ce qui en fait faire diverses préparations,