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vont vers de Guiche.)

      DEUXIÈME MARQUIS.

      Les beaux rubans ! Quelle couleur, comte de Guiche ?

      Baise-moi-ma-mignonne ou bien Ventre-de-biche ?

      DE GUICHE.

      C’est couleur Espagnol malade.

      PREMIER MARQUIS.

      La couleur

      Ne ment pas, car bientôt, grâce à votre valeur,

      L’Espagnol ira mal, dans les Flandres !

      DE GUICHE.

      Je monte

      Sur scène. Venez-vous ?

      (Il se dirige, suivi de tous les marquis et gentilshommes, vers le théâtre. Il se retourne et appelle.)

      Viens, Valvert !

      CHRISTIAN, qui les écoute et les observe, tressaille en entendant ce nom.

      Le vicomte !

      Ah ! je vais lui jeter à la face mon…

      (Il met la main dans sa poche, et y rencontre celle d’un tire-laine en train de le dévaliser. Il se retourne.)

      Hein ?

      LE TIRE-LAINE.

      Ay !…

      CHRISTIAN, sans le lâcher.

      Je cherchais un gant !

      LE TIRE-LAINE, avec un sourire piteux.

      Vous trouvez une main.

      (Changeant de ton, bas et vite.)

      Lâchez-moi. Je vous livre un secret.

      CHRISTIAN, le tenant toujours.

      Quel ?

      LE TIRE-LAINE.

      Lignière…

      Qui vous quitte…

      CHRISTIAN, de même.

      Eh ! bien ?

      LE TIRE-LAINE.

      … touche à son heure dernière.

      Une chanson qu’il fit blessa quelqu’un de grand,

      Et cent hommes – j’en suis – ce soir sont postés !…

      CHRISTIAN.

      Cent !

      Par qui ?

      LE TIRE-LAINE.

      Discrétion…

      CHRISTIAN, haussant les épaules.

      Oh !

      LE TIRE-LAINE, avec beaucoup de dignité.

      Professionnelle !

      CHRISTIAN.

      Où seront-ils postés ?

      LE TIRE-LAINE.

      À la porte de Nesle.

      Sur son chemin. Prévenez-le !

      CHRISTIAN, qui lui lâche enfin le poignet.

      Mais où le voir !

      LE TIRE-LAINE.

      Allez courir tous les cabarets : le Pressoir

      D’Or, la Pomme de Pin, la Ceinture qui craque,

      Les Deux Torches, les Trois Entonnoirs, – et dans chaque,

      Laissez un petit mot d’écrit l’avertissant.

      CHRISTIAN.

      Oui, je cours ! Ah ! les gueux ! Contre un seul homme, cent !

      (Regardant Roxane avec amour.)

      La quitter… elle !

      (Avec fureur, Valvert.)

      Et lui !… – Mais il faut que je sauve

      Lignière !…

      (Il sort en courant. – De Guiche, le vicomte, les marquis, tous les gentilshommes ont disparu derrière le rideau pour prendre place sur les banquettes de la scène. Le parterre est complètement rempli. Plus une place vide aux galeries et aux loges.)

      LA SALLE.

      Commencez.

      UN BOURGEOIS, dont la perruque s’envole au bout d’une ficelle, pêchée par un page de la galerie supérieure.

      Ma perruque !

      CRIS DE JOIE.

      Il est chauve !…

      Bravo, les pages !… Ha ! ha ! ha !…

      LE BOURGEOIS, furieux, montrant le poing.

      Petit gredin !

      RIRES ET CRIS, qui commencent très fort et vont décroissant.

      Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha !

      (Silence complet.)

      LE BRET, étonné.

      Ce silence soudain ?…

      (Un spectateur lui parle bas.)

      Ah ?…

      LE SPECTATEUR.

      La chose me vient d’être certifiée.

      MURMURES, qui courent.

      Chut ! – Il paraît ?… – Non !… – Si ! – Dans la loge grillée. –

      Le Cardinal ! – Le Cardinal ? – Le Cardinal !

      UN PAGE.

      Ah ! diable, on ne va pas pouvoir se tenir mal !…

      (On frappe sur la scène. Tout le monde s’immobilise. Attente.)

      LA VOIX D’UN MARQUIS, dans le silence, derrière le rideau.

      Mouchez cette chandelle !

      UN AUTRE MARQUIS, passant la tête par la fente du rideau.

      Une chaise !

      (Une chaise est passée, de main en main, au-dessus des têtes. Le marquis la prend et disparaît, non sans avoir envoyé quelques baisers aux loges.)

      UN SPECTATEUR.

      Silence !

      (On refrappe les trois coups. Le rideau s’ouvre. Tableau. Les marquis assis sur les côtés,

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