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D’Artagnan a connu déjà que Mme Bonacieux avait conduit le duc Buckingham au Louvres. Là, le duc, plein de l’amour, avait une rencontre avec la reine, pendant lequel il avait demandé quelque chose appartenant à la reine comme souvenir. La reine lui avait donné les ferrets de diamants[168]. Mais le cardinal avait appris que le duc visitait la reine, de plus, il savait que les ferrets étaient sortis avec lui. Lorsque le cardinal avait ses propres comptes avec la reine à cause du refus de cette dernière de devenir sa maîtresse[169], il avait décidé d’informer le roi de cette visite secrète. Le roi était en colère, et pour recevoir la preuve de l’infidélité de la reine, le cardinal lui avait conseillé:

      – Sire, n’oubliez pas de dire à Sa Majesté, qu’au bal prochain qui sera à l’hôtel de ville[170] vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants[171].

      Quand la reine avait appris tout ça, elle était désespérée. Elle avait demandé à sa lingère Mme Bonacieux de trouver immédiatement un messagier qui irait à Londre[172] pour rendre les ferrets de diamants au Louvre.

      Et maintenant Mme Bonacieux a trouvé cet homme dévoué. D’Artagnan rayonnait de joie et d’orgueil. Ce secret qu’il possédait, cette femme qu’il aimait, la confiance et l’amour, faisaient de lui un géant[173].

      Quand d’Artagnan est parti, Mme Bonacieux le suivait des yeux avec un long regard d’amour.

      Chapitre XII

      Le coeur de d’Artagnan débordait de joie. Une occasion se présentait à lui où il y avait gloire à acquérir et argent à gagner. De plus, cette occasion venait de le rapprocher d’une femme qu’il adorait.

      Premièrement, d’Artagnan s’est rendu droit chez M. de Tréville. Le jeune homme lui a raconté qu’il allait en mission et que l’honneur et peut-être la vie de la reine dépendaient de son succès. De Tréville a compris l’importance de la mission. Il était prêt à obtenir de M. des Essarts un congé pour d’Artagnan[174]. De plus, le capitaine lui a conseillé de ne pas partir seul. Comme d’Artagnan avait trois amis fidéles parmi les mousquetaires, de Tréville a envoyé à chacun d’eux un congé de quinze jours.

      Après cette visite d’Artagnan a trouvé ses trois amis et leur a demandé de l’accompagner dans ce voyage dangereux.

      – Pouvez-vous m’expliquer ce que signifient ce congé et cette lettre que je viens de recevoir? lui a dit Athos étonné.

      – Eh bien, ce congé et cette lettre signifient qu’il faut me suivre, Athos, a répondu d’Artagnan.

      – Pour le service du roi?

      – Du roi ou de la reine: ne sommes-nous pas serviteurs de Leurs Majestés[175]?

      – Pour quel pays partons-nous? a demandé Porthos.

      – Pour Londres, messieurs, a dit d’Artagnan.

      – Et qu’allons-nous faire à Londres?

      – Voilà ce que je ne puis vous dire, messieurs, et il faut vous fier à moi.

      – Mais, puisque nous risquons de nous faire tuer[176], a dit Porthos, je voudrais bien savoir pourquoi, au moins?

      – Le roi a-t-il l’habitude de vous rendre des comptes[177]? Non; il vous dit tout bonnement: «Messieurs, on se bat en Gascogne ou dans les Flandres; allez vous battre», et vous y allez.

      – D’Artagnan a raison, a dit Athos, allons nous faire tuer où l’on nous dit d’aller. D’Artagnan, je suis prêt à te suivre.

      – Et moi aussi, a dit Porthos.

      – Et moi aussi, a dit Aramis, aussi bien, je ne suis pas fâché de quitter Paris. J’ai besoin de distractions.

      – Eh bien, vous en aurez, des distractions, messieurs, soyez tranquilles, a dit d’Artagnan.

      – Et maintenant, quand partons-nous? a dit Athos.

      – Tout de suite, a répondu d’Artagnan, il n’y a pas une minute à perdre.

      Chapitre XIII

      À deux heures du matin, nos quatre aventuriers sont sortis de Paris par la barrière Saint-Denis.

      Aux premiers rayons du jour[178], leurs langues se sont déliées[179]; avec le soleil, la gaieté est revenue: c’était comme avant un combat, le coeur battait, les yeux riaient. L’aspect de la caravane était formidable. Les valets suivaient les mousquetaires, armés jusqu’aux dents[180].

      Tout allait bien jusqu’à Chantilly, où les mousquetaires sont arrivés vers les huit heures du matin. Il était temps pour le déjeuner.

      Nos amis ont trouvé une auberge. Ils sont entrés dans la salle commune et se sont mis à table. Un gentilhomme était assis à cette même table et déjeunait. Il a commencé une conversation, et nos voyageurs ont répondu.

      Mais quand tout était prêt pour le départ, l’étranger a propose à Porthos de boire à la santé du cardinal. Porthos a demandé au gentilhomme de boire à son tour à la santé du roi.

      L’étranger a répondu qu’il ne connaissait d’autre roi que Son Éminence. Porthos l’a appelé ivrogne; l’étranger a tiré son épée.

      – Vous avez fait une sottise, a dit Athos, mais ça n’importe pas maintenant: tuez cet homme et venez nous rejoindre le plus vite que vous pourrez[181].

      Nos amis ont compris que quelques-uns d’entre eux resteraient en route, parce que les hommes du cardinal feraient tous les efforts pour les empêcher. Le succès de la mission était de première importance[182], et au moins l’un d’eux devait arriver à Londres.

      Donc tous trois sont remontés à cheval et ont continué leur chemin.

      Près de Beauvais on a rencontré huit ou dix hommes. La route était dépavée en cet endroit, et ces hommes avaient l’air d’y travailler en y creusant des trous[183].

      Quand Aramis leur a dit quelque mots rudes, les hommes ont commencé à se moquer des voyageurs. Voyant que Athos a poussé son cheval contre l’un d’eux, ils ont pris ses mousquets cachés. Une balle a traversé l’épaule d’Aramis.

      – C’est une embuscade, a dit d’Artagnan, en route!

      Les amis ont réussi à échapper. Ils ont galopé encore pendant deux heures.

      Enfin Aramis, qui était blessé, a déclaré qu’il ne pouvait aller plus loin. On l’a descendu à la porte d’un cabaret, et on lui a laissé Bazin, son valet.

      D’Artagnan, Athos et ses valets sont arrivés à Amiens à minuit, et ils sont descendus à l’auberge du Lis d’Or[184].

      La nuit était assez tranquille, mais le matin, quand Athos voulait payer pour le déjeuner, l’hôte a pris l’argent, l’a tourné et retourné dans ses mains, et tout à coup il a crié que la pièce était fausse.

      – Drôle! a dit Athos, je vais te couper les oreilles!

      Au même moment, quatre hommes armés jusqu’aux dents sont entrés par les portes et se sont jetés sur Athos.

      – Je

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<p>168</p>

les ferrets de diamants – алмазные подвески

<p>169</p>

avait ses propres comptes avec la reine à cause du refus de cette dernière de devenir sa maîtresse – имел свои счеты с королевой из-за ее отказа стать его любовницей

<p>170</p>

l’hôtel de ville – ратуша

<p>171</p>

comment lui vont ses ferrets de diamants – к лицу ли ей алмазные подвески

<p>172</p>

qui irait à Londre – который отправился бы в Лондон

<p>173</p>

faisaient de lui un géant – придавали ему исполинские силы (дословно: делали из него исполина)

<p>174</p>

à obtenir de M. des Essarts un congé pour d’Artagnan – получить у г-на Дезэссара отпуск для д’Артаньяна

<p>175</p>

Leurs Majestés – Их Величества

<p>176</p>

puisque nous risquons de nous faire tuer – раз уж мы рискуем быть убитыми

<p>177</p>

Le roi a-t-il l’habitude de vous rendre des comptes? – Разве король имеет обыкновение давать вам отчет?

<p>178</p>

aux premiers rayons du jour – с первыми лучами солнца

<p>179</p>

leurs langues se sont déliées – их языки развязались

<p>180</p>

armés jusqu’aux dents – вооруженные до зубов

<p>181</p>

venez nous rejoindre le plus vite que vous pourrez – присоединитесь к нам, как только сможете

<p>182</p>

le succès de la mission était de première importance – наиболее важным был успех миссии

<p>183</p>

ces hommes avaient l’air d’y travailler en y creusant des trous – эти люди делали вид, что чинят дорогу, на самом же деле копали в ней ямы

<p>184</p>

l’auberge du Lis d’Or – гостиница «Золотая лилия»