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       George Sand

      Un hiver à Majorque

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066088330

       NOTICE

       LETTRE D'UN EX-VOYAGEUR A UN AMI SÉDENTAIRE.

       PREMIÈRE PARTIE.

       I

       II.

       III.

       IV.

       V

       VI.

       VII.

       DEUXIÈME PARTIE

       I

       II.

       III.

       IV.

       LE COUVENT DE L'INQUISITION.

       V.

       COUVENT DE SAINT-DOMINIQUE,

       TROISIÈME PARTIE.

       I.

       II.

       III

       IV

       V

       Table des matières

      Ce livre porte sa date dans une lettre dédicace à mon ami François Rollinat, et sa raison d'être dans les réflexions qui ouvrent le chapitre IV; je ne saurais que les répéter: «Pourquoi voyager quand on n'y est pas forcé?» Aujourd'hui, revenant des mêmes latitudes traversées sur un autre point de l'Europe méridionale, je m'adresse la même réponse qu'autrefois à mon retour de Majorque: «C'est qu'il ne s'agit pas tant de voyager que de partir: quel est celui de nous qui n'a pas quelque douleur à distraire ou quelque joug à secouer?»

      GEORGE SAND.

      Nohant, 25 août 1855.

       D'UN EX-VOYAGEUR

       A UN AMI SÉDENTAIRE.

       Table des matières

      Sédentaire par devoir, tu crois, mon cher François, qu'emporté par le fier et capricieux dada de l'indépendance, je n'ai pas connu de plus ardent plaisir en ce monde que celui de traverser mers et montagnes, lacs et vallées. Hélas! mes plus beaux, mes plus doux voyages, je les ai faits au coin de mon feu, les pieds dans la cendre chaude et les coudes appuyés sur les bras râpés du fauteuil de ma grand'mère. Je ne doute pas que tu n'en fasses d'aussi agréables et de plus poétiques mille fois: c'est pourquoi je te conseille de ne pas trop regretter ton temps, ni ta peine, ni tes sueurs sous les tropiques, ni tes pieds glacés sur les plaines neigeuses du pôle, ni les affreuses tempêtes essuyées sur mer, ni tes attaques de brigands, ni aucun des dangers, ni aucune des fatigues que tous les soirs tu affrontes en imagination sans quitter tes pantoufles, et sans autre dommage que quelques brûlures de cigare à la doublure de ton pourpoint.

      Pour te réconcilier avec la privation d'espace réel et de mouvement physique, je t'envoie la relation du dernier voyage que j'ai fait hors de France, certain que tu me plaindras plus que tu ne m'envieras, et que tu trouveras trop chèrement achetés quelques élans d'admiration et quelques heures de ravissement disputés à la mauvaise fortune.

      Cette relation, déjà écrite depuis un an, m'a valu de la part des habitants de Majorque une diatribe des plus fulminantes et des plus comiques. Je regrette qu'elle soit trop longue pour être publiée à la suite de mon récit; car le ton dont elle est conçue et l'aménité des reproches qui m'y sont adressés confirmeraient mes assertions sur l'hospitalité, le goût et la délicatesse des Majorquins à l'égard des étrangers. Ce serait une pièce justificative assez curieuse: mais qui pourrait la lire jusqu'au bout? Et puis, s'il y a de la vanité et de la sottise à publier les compliments qu'on reçoit, n'y en aurait-il pas peut-être plus encore, par le temps qui court, à faire bruit des injures dont on est l'objet?

      Je t'en fais donc grâce, et me bornerai à te dire, pour compléter les détails que je te dois sur cette naïve population majorquine, qu'après avoir lu ma relation, les plus habiles avocats de Palma, au nombre de quarante, m'a-t-on dit, se réunirent pour composer à frais communs d'imagination un terrible factum contre l'écrivain immoral qui s'était permis de rire de leur amour pour le gain et de leur sollicitude pour l'éducation du porc. C'est le cas de dire avec l'autre qu'à eux tous ils eurent de l'esprit comme quatre.

      Mais laissons en paix ces bonnes gens, si échauffés contre moi; ils ont eu le temps de se calmer, et moi celui d'oublier leur façon d'agir, de parler et d'écrire. Je ne me rappelle plus, des insulaires de ce beau pays, que les cinq ou six personnes dont l'accueil obligeant et les manières affectueuses seront toujours dans mon souvenir comme une compensation et un bienfait du sort. Si je ne les ai pas nommées, c'est parce que je ne me considère pas comme un personnage assez important pour les honorer et les illustrer par ma reconnaissance; mais je suis sûr (et je crois l'avoir dit dans le courant de mon récit) qu'elles auront gardé aussi de moi un souvenir amical qui les empêchera de se croire comprises dans mes irrévérencieuses moqueries, et de douter de mes sentiments pour elles.

      Je ne t'ai rien dit de Barcelone, où nous avons passé cependant quelques jours fort remplis avant de nous embarquer pour Majorque. Aller par mer de Port Vendres à

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