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rel="nofollow" href="#ulink_44932ef0-8314-524a-9f66-07a57f740b4e">69 Dans sept des dix plus grandes villes d'Ukraine, les conseils de députés d'ouvriers et de soldats soutenaient la Rada Centrale comme organe légitime de gouvernement. L'évidence suggère que la majorité des quelques 320 conseils urbains pouvaient réellement construire une Ukraine indépendante, attestant d'une claire évolution dans l'opinion de la classe ouvrière sur la question nationale. Le soutien à la réélection [de la Rada, ndt] fut particulièrement puissant dans les villes des gouvernorats du Nord et dans les soviets de Kyiv, Kremenchuk, Kharkiv, Luhansk, Kherson, Ekaterinoslav, Odessa et Mykolaiev. Cf. Hamretsʹky, Yu, ‘Stavlennya Rad robitnychykh i soldatsʹkykh deputativ Ukrayiny u period dvovladdya do pytanʹ natsionalʹno-vyzvolʹnoho rukhu, Ukrayinsky istorychny zhurnal, 1966, № 7,

      [NdT : le « groupe de Poltava » du parti bolchevik s'est lié ensuite, en 1918, au dirigeant bolchevik Mikolai Srkypnik, qui sera dirigeant de l'Ukraine soviétique de 1923 à son suicide en 1933.]

       [NdT : ce récit, dans le texte et les notes, montre comment la Rada Centrale, d'organe soviétique paysan et ouvrier dominé par l'intelligentsia, que la plupart des bolcheviks en Ukraine eux-même n'envisageaient pas de renverser, mais de transformer, devient un organe réactionnaire. C'est à cette transformation que correspond la place croissante de l'aventurier Semion Petlioura, tristement célèbre, dans le nationalisme ukrainien. Selon l'auteur, l'attitude non unitaire de la plupart des bolcheviks en Ukraine (sauf le comité de Poltava et le courant de Serhii Mazlakh et Vasyl Shakhray cités note 67 ) et l'orientation ignorante de la question nationale de leur centre à Petrograd a largement facilité cette évolution, qui fut peut-être une véritable transformation, de la Rada Centrale : voilà une piste à creuser.

      Par ailleurs, « République populaire ukrainienne » est le terme sous lequel les nationalistes ukrainiens aujourd'hui se réfèrent à la République de la Rada. On voit ici qu'elle était aussi le mot-d'ordre des bolcheviks et, d'autre part, l'expression anglaise traduite de l'ukrainien par l'auteur est People's Republic of Ukraine, qui doit plutôt se traduire en français par « République des Peuples d'Ukraine », un pluriel qui renvoie à une conception non exclusive, non ethnique ni linguistique, de la nation ukrainienne.]

       [NdT : l'équipe dirigeante des bolcheviks en Ukraine entre la révolution d'Octobre et la guerre civile semble avoir été dominée par le couple militant formé d'Eugénia Bosch et Iouri Piatakov, tous deux chefs militaires et guérilléros de valeur. Ils formaient clairement une opposition de gauche à Lénine, liée à Boukharine, opposé au traité de Brest-Litovsk et considérant que les mouvements d'émancipation nationaux sont en général réactionnaires.]

       [NdT : d'après la bibliographie, Skorovstansky semble avoir été un pseudonyme du bolchevik indépendantiste Vasyl Shakhray, qui fut commissaire du peuple (ministre) à Kharkyv.

       Dans cette partie de l'article et par cette importante citation, après avoir pris le contrepied de l'historiographie officielle aussi bien soviétique qu'ukrainienne à propos de la Rada Centrale qui n'était pas encore « bourgeoise » en 1917, l'auteur s'oppose à une peinture en noir et blanc qui ferait du conseil des commissaires du peuple de Kharkiv une pure manipulation russe : au départ, lui non plus n'était pas réductible à cela et il était, de facto et avec ses limites, le premier gouvernement soviétique national ukrainien.

       Le soulèvement dont il est ici question est celui des usines et d'un régiment de Kyiv le 12 (29) janvier 1918. Les insurgés unissent ceux qui voulaient rénover la Rada mais n'y croient plus, et ceux qui voulaient la renverser au profit du conseil des commissaires récemment formé à Kharkiv. Absolument tous les ouvrages disponibles en français qui mentionnent ce soulèvement en font un mouvement purement bolchevik, ce qui permet ensuite de mettre en place un schéma simple et binaire puisque la répression fut menée par Petlioura (conseillé par les « services » français) et fit sans doute 1500 morts, inaugurant les massacres de la guerre civile en Ukraine, marquant une cassure importante dans le cours des évènements. Quelques jours plus tard, le 26 janvier (8 février) l'armée rouge conduite par le SR de gauche Mouraviev prend Kyiv, avec un soutien populaire quelle ne retrouvera sans doute plus jamais ici : 400 « officiers » seront exécutés. Le cycle des massacres a commencé. Nous apprenons donc ici que ce soulèvement n'était pas bolchevik, mais fut initié par la récente scission du POSDU, le POSDU (Gauche). La suite de l'article ne revient pas sur le devenir ultérieur de ce parti.]

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