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la bouteille qu’elle lui avait offerte plus tôt dans la journée. Au moins, il n’avait pas gâché le bon cru. C’était un vin qu’il fallait savourer et non pas descendre en quelques gorgées. Une fois le café prêt, elle lui amena une tasse. Il était noir, comme Nash l’aimait. « Tiens, dit-elle en lui tendant la tasse. Bien noir pour une bonne dose d’énergie. Enfin, peut-être pas autant d’énergie qu’une demi-bouteille de whisky. »

      Il renifla le café et lui rendit la tasse. « Ramène-moi le whisky. Aucune chance que je boive ça sans une bonne dose d’alcool dedans. »

      Elle lui reprit la tasse en soupirant et la posa sur la table basse qui faisait face au canapé, puis s’assit à ses côtés. « Plus de whisky pour toi. Dis-moi plutôt ce qui ne va pas. »

      La voix de Gauvain résonnait encore dans la pièce. Nash lançait des insultes à la télévision. Leilia prit la télécommande et l’éteignit. Ça ne servait à rien de le provoquer davantage. Elle savait très bien qu’il détestait Gauvain, Tristan et Perceval. C’étaient les stars du lycée, tandis que Nash faisait partie des marginaux. Mais au cours des dernières années, il était devenu incroyablement séduisant. Elle préférait ses cheveux blonds et ses yeux bleu clair qui laissaient deviner son intelligence. Nash était un génie. Il développait des logiciels grâce auxquels il était devenu riche. Il aurait pu s’acheter une belle villa, mais préférait son petit studio au-dessus de la boutique Serendipity Lane tenue par ses cousines.

      « Qu’est-ce qui te rend heureuse ? lui demanda-t-il. Tu ne rêves pas d’autre chose que de ton vignoble et ton magasin de vin ? »

      Elle replaça l’une de ses belles mèches de cheveux blonds derrière son oreille. Cela faisait un an qu’il se laissait pousser les cheveux. Ils étaient presque assez longs pour faire une queue de cheval. Leilia le préférait avec les cheveux longs. « Je crois qu’on ne sait jamais vraiment ce qu’on veut. Mais oui, je suis heureuse. J’adore le vignoble et la boutique. »

      « Mais tu ne veux pas… Je ne sais pas. Plus ? »

      « Tu veux dire un mari et une famille ? Peut-être même une maison avec un jardin et un chien ? » Elle haussa les épaules. « Un jour, peut-être. Si je trouve la bonne personne. »

      Il garda le silence quelques secondes. « La bonne personne, » marmonna-t-il enfin. Nash se frotta les yeux. « Je crois que je vais aller me coucher. »

      Leilia ne le contredit pas. Elle s’étonnait qu’il ait encore les yeux ouverts et qu’il n’ait pas vomi après tout le whisky qu’il avait bu. « Bonne idée. Je vais t’aider à te lever.

      – Non, ça va aller. » Il se leva, chancela un instant puis se rassit en tombant. « Ok, j’ai peut-être besoin d’un peu d’aide. »

      Elle se leva en riant et lui tendit la main. « Allez, mon grand. » Nash réussit à se redresser avec son aide. Il passa ses bras autour d’elle et tituba jusqu’à son lit. « On va t’enlever cette chemise.

      – Tu essayes de me déshabiller pour abuser de moi ?

      – Jamais de la vie ! » Elle rougit. Elle avait longtemps admiré en secret le torse musclé de Nash, mais elle ne voulait pas lui avouer.

      « Vas-y, si tu veux. Ça ne me dérange pas, » dit-il. Elle déboutonna sa chemise et lui enleva. « Ça serait même plutôt marrant. » Ses paupières se fermèrent et il se laissa tomber sur le lit.

      Leilia remit ses jambes sur le lit pour qu’il soit plus confortable et le couvrit avec une couverture. Elle avait fait quelques pas en direction de la porte quand il l’appela. « Ne t’en va pas, la supplia-t-il. Reste avec moi. »

      Ses yeux avaient une lueur inconnue. La supplier ne lui ressemblait pas. Elle n’aimait pas la pointe de tristesse qui transparaissait dans sa voix. « D’accord, répondit-elle. Je reste jusqu’à ce que tu t’endormes.

      – C’est mieux que rien, » bredouilla-t-il.

      Leilia s’installa à côté de lui et posa la tête sur son épaule. Tout semblait si naturel. Ça n’était pas la première fois qu’ils se trouvaient dans ce genre de situation. Mais cette fois, cela lui semblait plus intime. Il passa son bras autour d’elle et la serra plus fort contre lui. « Je t’aime, » dit-il d’une voix à peine perceptible. Il pressa ses lèvres contre les siennes pendant un court instant. « Je t’ai toujours aimée. »

      Le cœur de Leilia s’arrêta une seconde. Il parlait évidemment de leur amitié, non ? Sinon, c’est que le destin les avait réunis ce soir. Elle et l’homme qu’elle aimait. Il n’était pas trop tôt.

      CHAPITRE 5

      Un rayon de soleil traversa la fenêtre pour se poser sur le visage de Nas. Ses paupières semblaient en feu. Il se sentait incapable du moindre mouvement, seuls les battements inlassables de sa migraine occupaient son esprit. Il commençait à regretter le whisky. En essayant de bouger, il sentit quelque chose ou quelqu’un blotti contre lui. Nash redoutait d’ouvrir les yeux pour découvrir une autre erreur qu’il regretterait plus tard.

      « Je sais que tu es réveillé, » dit Leilia. Sa voix était encore engourdie. « Ta respiration a changé. »

      Qu’est-ce que Leilia faisait dans son lit. Que s’était-il passé la nuit dernière ? Sa mémoire était embuée. Il se rappelait seulement de regarder un Gauvain arrogant à la télé et de boire du whisky à même la bouteille. « Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. » Sa voix était rauque et sa gorge sèche.

      « C’est le revers de tes excès, » fit Leilia avec un léger gloussement.

      Seul le rire de Leilia avait le pouvoir de soulager ses muscles endoloris. « Sages paroles que j’aurais aimé connaître avant d’ouvrir la bouteille de whisky. Maintenant, je dois payer le prix de ma stupidité. » Nash soupira. « J’ai besoin d’un café. » Mais il n’avait aucune envie de bouger. D’abord à cause de ses courbatures, mais aussi parce qu’elle était blottie contre lui. Un étrange mélange de paradis et d’enfer.

      Peu importe ce qui l’avait conduite à se retrouver dans son lit, il se donna pour mission de reproduire l’heureuse surprise. D’ordinaire, la chance ne souriait pas vraiment à sa relation avec Leilia. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai. Elle faisait partie de sa vie, en tant qu’amie. Mais il en voulait plus.

      « Moi aussi j’en veux bien, dit-elle. Je vais nous chercher deux tasses. Repose-toi encore un peu. » Leilia allait se dégager de son étreinte lorsqu’il la serra contre lui. Il voulait savourer ce moment aussi longtemps que possible.

      « Attends, dit-il. On est bien là. » Leilia ne parlait pas, elle voulait seulement rester entre ses bras. Comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Il ouvrit les yeux et les plongea dans les siens. Ses yeux bleus la dévoraient. « Il s’est passé quelque chose hier soir ? » Ils étaient tous les deux habillés. Même s’il n’avait plus sa chemise, Leilia portait encore sa jupe et son haut. Ils n’avaient pas pu aller plus loin qu’un baiser ou un câlin. Au fond de lui, Nash espérait qu’ils n’avaient rien fait de tout ça. Il voulait savourer leur premier baiser et s’en souvenir pour toujours.

      « Comme quoi ? dit-elle, perplexe.

      – Je n’ai rien fait de stupide ? » Il retint son souffle en attendant sa réponse. Il priait pour ne rien avoir fait, mais ses souvenirs étaient si flous qu’il se préparait au pire.

      « A part boire jusqu’à plus soif, tu veux dire ? » Elle fit non de la tête. « Non, rien de grave. Enfin… » Elle se mordilla la lèvre inférieure, laissant ses paroles en suspens.

      « Crache le morceau, Strange. » Il passa la main dans ses boucles soyeuses. Il était reconnaissant de cette simple caresse.

      Elle pencha la tête et demanda « Tu m’aimes ? »

      La question lui coupa le souffle. Il ne s’y attendait

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