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certainement le pourquoi de ma décision, vu que je lui ai expliqué par email il y a des années.

      – Et c’est ?

      – Pendant ma première leçon de conduite avec l’instructeur, une voiture a perdu le contrôle et nous a foncé dessus. L’impact m’a fait exploser l’airbag au visage, et je me suis fait mal à cause de la ceinture de sécurité. Mon père m’a emmenée à l’hôpital pour un coup du lapin. J’étais tellement choquée et effrayée que je n’ai plus voulu toucher un volant. Dès que je m’assois à la place du conducteur, je commence à trembler de façon incontrôlée m’expliqua-t-elle, encore plus tremblante, comme si elle revivait l’événement.

      – Eh, c’est fini. J’essayai de la tranquilliser, et m’approchai prudemment pour la prendre doucement dans mes bras.

      Alice recommença à pleurer, plus fort qu’avant, et me fit mal au cœur.

      – Tout va bien, je lui murmurai. Je lui caressais les cheveux et elle m’enlaça pour la première fois, comme si j’étais sa bouée de sauvetage.

      Je pouvais percevoir sa douleur et je ne comprenais que trop bien sa sensation de ne pas se sentir aimée par celle qui l’avait mise au monde.

      Depuis que ma mère était morte, mon père s’était raccroché à son travail et, si je n’avais pas eu mon frère aîné, personne ne se serait occupé de moi. Toutefois, ce sentiment de ne pas être accepté et aimé avait toujours été clair et évident pour moi. Au point de réagir avec colère et des gestes inconsidérés pour obtenir un minimum d’attention, et ne pas me sentir écrasé par l’attachement de mon père aux apparences, et par le faux paternalisme derrière lequel il se cachait.

      J’attendis qu’Alice revienne à elle et quand elle arrêta de pleurer, je la lâchai.

      – Excuse-moi. Je n’ai personne à qui me confier, même pas mon père. Je ne veux pas l’inquiéter… Et désolée si je m’en suis prise à toi ces derniers jours. Je n’aurais pas dû réagir de cette façon et te faire des sales coups.

      – Ce n’est pas grave. Je laissai couler juste pour la voir sourire de nouveau. Elle avait un joli sourire mais ne le montrait jamais.

      – On fait la paix ?

      – Dès que tu auras payé pour le coup de la douche rouge sang. Je n’ai pas encore compris comment tu as fait, je répondis, la faisant éclater de rire.

      – J’ai juste mis un tube entier de colorant alimentaire dans la pomme de douche. Maintenant que tu sais, on devient amis ? Elle cherchait à m’adoucir, avec une voix de petite fille, me regardant de ses splendides yeux vifs et malicieux.

      Je la taquinai, la faisant de nouveau rougir :

      – Tu as répondu à mon baiser avec trop d’ardeur pour que je te considère comme une amie. En plus, je ne te supporte pas.

      – Moi non plus je ne te supporte pas et je peux t’assurer que ce qu’il s’est passé n’arrivera plus.

      – Tu en es sûre ?

      – Complètement. C’était juste un moment de faiblesse à cause de l’alcool. J’étais saoule. La petite menteuse était de retour ! Comme si elle pouvait avouer juste une fois qu’elle avait cédé à la passion parce qu’au fond je lui plais !

      – Peut-être…

      – C’est la vérité.

      – Tu ne sais même pas ce qu’est la vérité, je lui murmurai à l’oreille en m’approchant. Mais je te garantis que je ferai mon possible pour te la faire sortir. Après, on verra si tu as encore le courage de me dire que m’embrasser était une erreur. Je lui en fis la promesse, me levai et sortis de l’eau. J’adorais les défis et Alice en était un de taille.

      – Pauvre naïf.

      – Tu regretteras de m’avoir provoqué.

      – Tu as commencé ! se défendit-elle, vexée.

      – Et tu m’as suivi de près je répliquai, la laissant stupéfaite. Elle savait que j’avais raison et ne pouvait pas dire le contraire.

      Je souris, satisfait.

      Je venais de gagner le premier round.

      J’appelai Ant, euphorique.

      – Appelle Logan et Ryo. Venez chez moi ce soir, on a une vengeance à planifier !

      – Easton, je t’en prie. Ne me dis pas que tu en veux encore à cette fille ?

      – Je veux lui montrer à qui elle a affaire.

      – Demain est le dernier jour que vous passerez ensemble, allez.

      – Justement, je dois en profiter.

      – C’est dingue que tout soit toujours un défi ou un pari pour toi, souffla Ant en raccrochant.

      5

       EASTON

      Le matin suivant, je me relaxais dans la cuisine devant une belle tasse de café fumant avec mes trois amis.

      – Tu es certain qu’Alice se réveille à cette heure-ci ? me demanda Ryo entre deux bâillements.

      – Oui, j’ai vu l’heure réglée sur son téléphone quand je l’avais.

      – J’espère vraiment parce que là, j’ai juste envie d’aller dormir dans un lit confortable. Ton divan-lit m’a donné mal au dos.

      – Au moins, tu as dormi. Je n’ai pas fermé l’œil parce que tu ronflais, se plaignit Logan.

      – Tais-toi !

      – Vous pouvez éviter de vous disputer maintenant ? Passer la nuit avec vous pour décider comment ruiner le dernier jour d’Alice dans cette maison m’a fichu un bon mal de tête, les arrêta Ant. Easton, je te trouve bien calme.

      – J’ai planifié ce moment toute la nuit et ce matin, j’ai dû entrer en cachette dans la chambre d’Alice. Avec tout ce que je lui ai préparé, je me demande encore comment elle ne s’est pas réveillée je répondis tranquillement. C’était le calme avant la tempête. J’attendais de voir Alice passer le seuil de la cuisine pour soit exploser de bonheur parce que ma vengeance avait fonctionné, soit de nervosité pour n’avoir pas réussi à me venger comme je le voulais.

      – De toute façon, si vous voulez partir, allez-y. Ce qui est fait est fait.

      – Ah, non ! Après m’être cassé la tête sur tous les pièges possibles, je suis curieux de voir le résultat, s’agita Ryo, impatient de savourer la victoire.

      J’allais répondre quand Alice arriva dans la cuisine.

      Elle était horrible à voir et furieuse, les cheveux hérissés et couverts de crème, qui avait dégouliné sur son front, les joues rougissantes, les yeux brillants de colère et larmoyants, et les lèvres gonflées et rougies.

      Pour couronner le tout, un faux rat en sang était attaché à son poignet gauche par un fil transparent et son short était mouillé entre ses cuisses.

      On éclata tous de rire.

      – Je devais m’y attendre. Vous êtes des enfoirés, s’exclama-t-elle rageuse. Mais elle avait dans le regard une étincelle d’amusement.

      Je la provoquai.

      – On n’a rien fait. Ne nous accuse pas si tu fais encore pipi au lit comme les enfants.

      – Ce n’est pas de l’urine. J’ai vérifié, rit doucement Alice malgré ses lèvres enflammées.

      – Tu devrais prendre plus soin de ton hygiène personnelle, renchérit Ant en ricanant.

      – Laisse-moi deviner. C’est ta faute, siffla-t-elle

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