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! je me fâchai.

      – Je m’en fous !

      J’explosai.

      – Tu n’es qu’une brute !

      – Encore un mot et je te noie !

       C’en est trop !

      – Cette fois tu ne vas pas t’en tirer comme ça !

      Je courus vers la maison, furibonde.

      Toute la nuit, j’avais cherché un moyen de lui faire payer, et le moment était arrivé.

      Je pris le tube de gel de colorant alimentaire rouge que j’avais volé le matin dans la réserve et me rendis dans la chambre d’Easton.

      Comme moi, il avait une salle de bain privative.

      Sans me faire remarquer, j’entrai et commençai à dévisser la pomme de douche avec un petit tournevis, comme mon père me l’avait appris.

      Je remplis les trous de sortie d’eau avec le gel, refermai et retournai à la cuisine.

      Poussée par mon désir de vengeance, j’ouvris le freezer avec colère et attrapai un pot de glace au chocolat.

      J’en versai une bonne portion dans un grand bol, ajoutai un peu d’eau chaude pour faire fondre la glace et quand j’eus obtenu une espèce de crème liquide, allai vers la piscine où je trouvai Easton qui séchait au soleil sur un transat en papotant avec Logan.

      – Oh, merde ! Easton… essaya de l’avertir son ami, mais top tard. La coulée de chocolat avait déjà atterri sur ses épaules et son dos.

      – Essaie encore de toucher à mes affaires et la prochaine fois, ce ne sera pas du chocolat mais quelque chose de plus désagréable et agressif ! je le menaçai enragée.

      Quand Easton se leva, ses yeux bleus réduits à deux fentes fixés sur les miens, je sentis un instant la terre trembler sous mes pieds. Il était vraiment en colère, mais c’était son calme apparent qui me fit frémir.

      – Tu devrais aller prendre une douche. Tu mets du chocolat partout. Excuse-moi mais on dirait que tu t’es fait dessus. Ce n’est pas un beau à voir, je réussis à dire, la voix ferme, tandis que ses amis éclataient de rire et affirmaient qu’en effet ça ne ressemblait pas à du chocolat mais à la crise de diarrhée d’un condor.

      – C’est ça ta vengeance ? siffla Easton à voix basse en prenant un peu de crème pour me l’étaler de la main sur la joue, le cou et la poitrine. Je le laissai faire, indifférente et souriante.

      – Non, ça c’est l’entrée, je répondis, avant qu’il ne puisse se rendre dans sa chambre pour se nettoyer.

      Je savais qu’il devrait prendre une douche. Il ne pouvait quand même pas se jeter dans la piscine avec toute cette saleté sur lui.

      Il ne me restait qu’à attendre, à profiter de cette pause pour ramasser mon livre adoré désormais trempé et irrécupérable.

      Ses amis prirent leurs distances et se mirent à discuter. Apparemment, ils ne savaient pas s’ils devaient venir me parler, rester silencieux en attendant leur ami ou s’en aller.

      À peine cinq minutes plus tard, Easton arriva.

      Des gouttes rouges coulaient de sa tête et rayaient son visage, ses épaules… Tout le corps, et la serviette de bain attachée à sa taille.

      Ses trois amis pâlirent et essayèrent de lui demander s’il allait bien mais il vint vers moi.

      Il était furibond, ses yeux lançaient des éclairs et sa mâchoire se contractait nerveusement.

      – Ne me dis rien. Tu as glissé en entrant dans la douche. Tu t’es cogné la tête et maintenant tu saignes. Quel maladroit ! je réussis à dire sans exploser de rire. – Tu es affreux à voir ! On te dirait sorti d’un film d’horreur !

      – Tu penses que tu vas t’en tirer comme ça ?

      Arrogante, je lui rappelai :

      – Non, mais je suis sûre que cette fois tu as compris pourquoi mon compagnon ne s’inquiète pas le moins du monde pour moi. Comme tu le constates, je me débrouille très bien seule.

      – Je te donne un conseil : tant que tu logeras ici, ne dors pas, reste concentrée, ne marche sans te retourner toutes les trois secondes, parce que je serai là, à attendre un faux pas, une distraction, pour t’atteindre. Tu vas regretter le jour où tu as décidé d’accepter l’offre de mon père, me menaça-t-il avant de retourner à la maison se laver. Probablement dans une autre salle de bain.

      – Tu as déconné. Easton ne pardonne pas, m’arrêta Logan quand il vit que je retournais aussi vers la maison.

      – Moi non plus.

      – Tu te crées des ennuis. Tu n’as pas idée du pouvoir qu’Easton a ici. Tout le monde le connaît et reste loin de lui. Personne n’oserait lui faire la plus infime critique, ajouta Ant.

      – Je veux seulement qu’il me laisse tranquille.

      – Et tu penses y arriver comment ? Avec des blagues de troisième primaire ?

      – C’est lui qui a commencé ! Ou vous avez oublié ce qu’il m’a fait quand je suis arrivée ?

      Mal à l’aise et désolé pour son ami, Ant essaya de m’expliquer :

      – On s’en souvient tous mais la vérité, c’est qu’Easton n’avait rien contre toi mais contre son père qui lui a imposé cette nouvelle famille, entre toi et ta mère. Il n’en voulait pas. Il ne veut personne.

      – Moi non plus je ne veux pas d’une autre famille. Je n’aime pas être ici. Je serais déjà partie si ce n’était pas la seule possibilité que j’aie d’aller à l’université, j’avouai, fatiguée par la tension accumulée.

      – Vous vous attaquez tous les deux aux mauvaises personnes. Je te conseille de lui parler quand il reviendra. Je suis sûr qu’il t’écoutera si tu arrives à contrôler ton petit caractère.

      – Je ne pense pas qu’Easton voudra m’écouter maintenant.

      – Trouve le moyen. La créativité ne te manque pas, me dit Ryo en partant, suivi des autres.

      

       ***

      

      

      

       EASTON

      

      Je ne voulais pas l’admettre mais j’étais choqué.

      Je ne m’attendais pas à ce que cette fille aille aussi loin. D’abord la coulée de chocolat fondu et puis la douche rouge sang.

      Je savais que ma proximité l’effrayait, la rendait inquiète et vulnérable. J’étais convaincu qu’elle céderait et la morsure dans son cou ce matin m’avait indiqué qu’elle était plus timide et sensible que prévu. Ses joues avaient rougi et son corps avait frémi quand je la tenais contre moi. Elle n’était pas indifférente à ma présence mais il était évident qu’elle tenait à ce que je ne le remarque pas.

      Je pensais la tenir et au contraire…

      Quel crétin d’avoir sous-estimé son obstination et son désir de m’éloigner d’elle.

      Néanmoins, plus elle s’entêtait à mettre de la distance, et plus j’en faisais pour la réduire.

      C’était comme un bras de fer.

      Il fallait seulement découvrir qui gagnerait.

      Ces pensées en tête, je décidai qu’il

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