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avait été la partie la plus facile. Les gens ne se formaliseraient pas par sa présence partout ailleurs dans le donjon, et n’oseraient de toute façon pas interroger la noble épouse du nouvel ami du roi, mais Geneviève doutait que cela puisse fonctionner devant les portes des cellules.

      Elle se tenait maintenant face à l’entrée, où un grand garde était assis sur un tabouret, les clés à la ceinture et une épée à la hanche. Geneviève devait trouver un moyen de l’éloigner de cette porte, et à ce moment-là, rien ne lui vint. Qu’est-ce qui pourrait bien faire bouger un homme à qui l’on avait ordonné de rester à son poste ?

      La réponse était évidemment que rien n’y parviendrait. Il n’y avait aucun moyen subtil de le faire, aucun moyen de le distraire de son poste discrètement et de se glisser derrière lui. La seule option était la plus directe, et si elle la choisissait, ses intentions deviendraient évidentes. Elle n’aurait plus aucune chance de pouvoir rester dans ce château. Geneviève était-elle vraiment prête à tout abandonner et à fuir, alors qu’elle avait peut-être encore une chance d’en savoir plus afin d’aider à gagner cette guerre.

      — Et qu’arrivera-t-il à Garet si je ne fais rien ? se murmura-t-elle.

      Elle connaissait aussi la réponse à cette question. Elle avait vu ce que le roi était capable de faire subir à ses opposants, et ne doutait pas qu’il pensait ce qu’il avait dit au sujet de la torture. Elle devait faire sortir le frère de Royce, même si cela compromettait sa position actuelle.

      Ce serait peut-être même à son avantage. Geneviève pourrait rejoindre les forces de Royce si elle ramenait Garet. Ce serait la preuve qu’elle était de leur côté, et Royce pourrait enfin comprendre qu’elle se souciait de leur sort.

      — Rien ne m’est plus important, dit Geneviève à voix basse.

      Elle s’avança alors vers le garde à la porte des oubliettes. Il la regarda avec la lenteur paresseuse d’un homme qui n’avait nullement l’intention de bouger s’il n’avait pas à le faire.

      — Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-il.

      — Que voulez-vous ma Dame, le corrigea Geneviève en adoptant la voix la plus hautaine dont elle était capable. Qu’est-ce qui t’a fait croire que nous étions égaux ?

      Il lui était assez facile de paraître suffisante : elle n’avait qu’à penser à la façon dont Altfor aurait agi. Cela suffit à élargir les yeux du garde sous l’effet de la peur, ou du moins de la surprise.

      — Rien, ma Dame. Pardonnez-moi, ma Dame.

      — Tais-toi et ouvre-moi la porte, dit Geneviève. Je viens voir un des prisonniers.

      — Je suis désolé, ma Dame, dit le garde. Mais je ne dois laisser entrer personne pour voir les prisonniers. Pas sans la permission du…

      — Du roi ? interrompit Geneviève. Elle arbora le sourire le plus méprisant possible. Le roi qui en ce moment même est le plus proche ami de mon mari ? Le roi avec qui j’ai parlé plus de fois la veille que tu ne le pourras de ton vivant ?

      — Ma Dame, implora l’homme. Il se leva, mais sembla quand même hésiter.

      — Je veux parler à l’un des prisonniers, dit Geneviève. Le nouveau, Garet, c’est tout. Je n’ai ni l’intention de me livrer à la torture, ni d’exiger que tu l’escortes à la porte pour le libérer. Je veux lui parler. Il me connaît et il m’en dira bien plus qu’à n’importe qui d’autre. Penses-tu que le roi voudra entendre que tu as fait obstacle à quelque chose visant à nous obtenir des informations ?

      Geneviève pouvait voir la peur sur le visage de l’homme. Elle ressentit une sorte de pouvoir à son expression, et dans ce que de simples mots étaient capables d’accomplir. Il se hâta de s’approcher de la porte, de la déverrouiller à l’aide d’une clé, puis d’une autre, soulevant une lourde barre avant d’ouvrir la lourde porte pour révéler les profondeurs sombres qui s’y trouvaient. Il y avait une bougie sur un support près de la porte. Le gardien la souleva et l’offrit à Geneviève. Elle la prit, s’approchant de l’homme, assez près pour qu’elle puisse sentir son haleine fétide.

      Assez près pour que sa main puisse attraper son trousseau de clés.

      — Qu’est-ce que vous…

      — Je vais devoir entrer dans la cellule avec lui, dit Geneviève. Je sortirai quand j’aurai fini. À moins que tu n’y voies une objection ?

      Il était évident qu’il avait plusieurs, mais il n’osa pas en faire part.

      — Il est dans la cellule du fond, ma Dame.

      Geneviève le dépassa avant qu’il n’ait le courage de dire quoi que ce soit. Elle se mit en route dans les profondeurs des oubliettes, se déplaçant rapidement, sachant qu’elle n’aurait qu’un temps limité avant que le garde ne se rende compte qu’il devrait probablement vérifier si elle était effectivement autorisée à descendre ici. Bientôt, il penserait à demander au roi ; il le voulait probablement déjà ; et Geneviève ne pouvait qu’espérer que cela lui prenne le plus longtemps possible avant qu’il n’ait le courage d’abandonner son poste pour le faire.

      Geneviève descendit dans les oubliettes, par un escalier sinueux et glissant, dans des endroits couverts de moisissure, alors qu’elle était sûre d’entendre de l’eau s’égoutter quelque part près d’elle. Elle entendait plus que cela également : des cris venaient de quelque part plus fond, et elle espéra qu’il ne s’agissait pas de ceux de Garet.

      Geneviève ne voyait rien au-delà du petit cercle de lumière que la bougie lui offrait. La lumière était sombre et vacillante, et ne lui permettait de voir que quelques mètres de couloir de pierre. Il y avait des portes de chaque côté, en chêne et avec des trappes de fer placées à hauteur des yeux pour que le geôlier puisse surveiller les prisonniers.

      Il y avait probablement des prisonniers dans plusieurs des cellules, et une partie d’elle-même souhaitait pouvoir tous les libérer, mais elle savait qu’il n’y aurait aucun moyen de le faire. Elle pourrait peut-être faire sortir Garet, surtout si elle pouvait trouver un endroit pour se cacher avec lui jusqu’au retour du messager de sa sœur. Il n’y avait cependant aucune chance qu’elle puisse faire sortir autant de prisonniers de cet endroit.

      Elle se rendit jusqu’à la dernière cellule, soulagée de ne pas avoir eu à chercher dans chacune d’entre elles pour essayer de trouver Garet. Geneviève n’était pas sûre de pouvoir supporter de voir toutes les personnes qu’ils avaient capturées et torturées.

      Elle fut bientôt devant la dernière cellule du couloir, levant sa bougie pour regarder par le vasistas. Sa lumière n’était pas suffisante pour voir les choses clairement, mais elle pouvait voir qu’il y avait bien quelqu’un, éclairé un peu plus par la lumière entrant par l’ouverture si étroite. Il était blotti, à moitié enveloppé dans une cape que Geneviève pensait être celle de Garet. C’était suffisant pour faire naître l’espoir dans son cœur.

      — Garet ? appela-t-elle. Garet, c’est Geneviève.

      Il ne répondit pas, mais ni lui ni ses frères n’avaient voulu lui parler quand elle était retournée les voir dans le château du vieux duc. Ils pensaient qu’elle les avait trahis, qu’elle avait trahi Royce. Garet pensait probablement qu’elle était là pour le compte d’Altfor.

      — Garet, s’il te plaît, parle-moi. Je peux t’aider.

      Geneviève fouilla dans les clés qu’elle avait prises au gardien. Il lui fallut plusieurs tentatives pour trouver la bonne, et pour entendre le déclic de la serrure quand la porte se déverrouilla. Geneviève entra dans la cellule, espérant que Garet verrait qu’elle était seule ; espérant qu’il serait prêt à essayer de s’échapper même s’il ne croyait pas encore qu’elle était là pour l’aider.

      — Garet, je sais que tu penses que je suis du côté d’Altfor,

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