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al-Saadi entra dans son studio puis alla vers la bibliothèque pour éteindre la chaîne stéréo qui jouait de la musique classique douce. Laurent se retourna et posa ses yeux sur l'objet actuel de son affection. À la vue de son visage, il savait qu'elle était en contrariée.

      « Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ? Que puis-je faire pour te remonter le moral ?

      — Rien, par contre tu peux te préparer pour un voyage. Nous partons pour New York rencontrer mes avocats. Ils veulent discuter du testament de mon frère Amir.

      — Voilà qui est étrange. N'as-tu pas hérité de tous les biens d'Amir à sa mort?

      — Non, j'ai continué à toucher mon allocation, comme d'habitude. Pour une raison que j'ignore, la plupart de ses biens ont été placés en fidéicommis. Il y a une disposition selon laquelle le contenu du testament ne serait révélé qu'à une certaine date. D'après les commissaires, le moment est venu de divulguer les dispositions du testament.

      — Pourquoi maintenant ? C'est inhabituel.

      — Avec Amir, tout est inhabituel. Ce que je peux supposer, c'est qu'il ait légué quelque chose à sa fille Aara quand cette dernière aura atteint un certain âge. Avec un peu de chance, je vais pouvoir enfin disposer des quelques propriétés en Europe. »

      Laurent se leva et l'embrassa sur le front.

      « Je serais heureux de t'accompagner, mon amour.

      — Retiens tes affections, Laurent. Nous nous envolons ce soir. J'ai déjà demandé à mon personnel de préparer mon appartement à Manhattan.

      — Voilà qui ressemble à un excellent plan d'évasion. Je commençais à m'ennuyer.

      — Je suis sûre que tu peux trouver de quoi te divertir. Fais tes bagages.

      — Tes désirs sont des ordres, ma chérie » dit-il en plongeant le nez vers sa poitrine récemment augmentée. Les chirurgiens esthétiques argentins étaient les meilleurs.

      Fadime esquiva l'étreinte et se dirigea vers la porte.

      « Je dois récupérer quelques affaires pour le voyage. Je serai de retour dans une heure ou deux. Je suggère de manger quelque chose avant d’embarquer. Je déteste la nourriture d'avion. »

      Laurent était retourné à ses écrans d'ordinateur qui affichaient un résumé de ses investissements. Il pensait aussi à son ennemie jurée — Tess. Il était persuadé qu'elle et Jake avaient quelque chose à voir avec ce matériel nucléaire saisi à Kobuleti. Ils arrivaient toujours à déjouer ses complots. Un jour, il aurait sa vengeance.

      À Julliard, Tess et Jake entrèrent dans une petite salle de réunion pour y rencontrer Sofiya Mazur, la professeure principale d'Aara, célèbre professeure de piano ukrainienne de l'Académie Nationale de Musique d'Ukraine. C'était une amie qui leur était chère et elle était aussi la prof de Tess. Tess avait eu recours à l'influence de son père qui avait accordé une dotation importante à Julliard pour faire venir Sofiya à New York comme membre distingué de la faculté.

      Après des salutations chaleureuses, Sofiya passa aux choses sérieuses.

      « Tess, comme vous me l'avez demandé, j'ai guidé la progression de votre belle-fille Aara. Après quelques problèmes initiaux, elle a fait de grands progrès. Elle a une grande mémoire et elle apprend de nouveaux morceaux vite. Sa force est sa sensibilité. Elle adore Chopin et, comme ce compositeur, elle sait décliner un éventail infini d'émotions, ce qui est signe d'une délicatesse merveilleuse. Sa dextérité est excellente et elle maîtrisera tous les niveaux de difficultés au clavier très bientôt. »

      Tess sourit.

      « Il y a un mais.

      — Vous m'avez dit qu'Aara envisageait de devenir pianiste de concert professionnelle. Cela requiert un répertoire varié et la capacité d'interpréter de nombreux compositeurs. Aara est timide et elle est réticente à s'attaquer à de la musique plus enjouée telle que celle de Brahms ou de Liszt. Ce n'est pas une question de compétence ni de capacité. C'est juste qu'il va falloir qu'elle s'y mette si elle veut devenir artiste. De plus, elle est anxieuse quand elle doit jouer devant un public. Elle s'en sort bien quand elle fait partie d'un ensemble mais son rôle au piano exige souvent qu'elle fasse des solos. Elle hésite à prendre les devants et il va falloir travailler dessus. L'année prochaine, elle devra donner des concertos pour piano avec orchestre et il faut qu'elle développe plus de maturité et de confiance. J'ai pensé que vous pourriez être une bonne influence pendant les vacances scolaires. Vous-même jouez des morceaux difficiles avec bravoure et intrépidité. Peut-être, pourriez-vous travailler avec Aara pendant ces vacances. Encore une fois, j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une question de capacité mais d'affinité avec certains styles de musique. »

      Tess réfléchit quelque temps.

      « Bien, pourquoi pas. Je vais voir avec Aara quels morceaux nous pourrons travailler ensemble. Elle devrait être prête pour le prochain semestre.

      — Excellent. Tenez-moi au courant si vous avez des questions. »

      En se dirigeant vers la sortie, Jake fit part de ses doutes.

      « Tess, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée qu'Aara s'entraîne avec toi. Quand il s'agit de musique, vous êtes à l'opposé l'une de l'autre. Tu dois t'assurer de la mener en douceur et non de la diriger comme un soldat. Elle est très sensible et pourra ne pas bien prendre que tu lui dises comment jouer.

      — J'en suis consciente, Jake. Je dois juste y aller doucement et l'encourager à jouer des morceaux auxquels elle s'intéresse un peu moins. »

      Jake n'était toujours pas certain que Tess sache s'en tenir au plan, mais il savait que ce n'était pas le bon moment pour en parler. Il héla un taxi.

      6. Argent et Petits Caractères

      Laurent et Fadime atterrirent à l'aéroport de JFK à New York et passèrent les formalités de douane. Leurs bagages avaient déjà été récupérés par des porteurs orchestrés par le chauffeur de limousine, portant une pancarte au nom de Fadime. Ils montèrent en voiture. Le chauffeur se fraya adroitement un chemin à travers la circulation et, bientôt, il déposa ses passagers devant un élégant appartement au sud de Central Park. Le lendemain, peu après le petit déjeuner, Fadime partit rencontrer ses avocats. Laurent avait des réunions de son côté.

      Quand Fadime revint en milieu de journée, Laurent l'emmena déjeuner dans un restaurant chic sur Spring Street dans le West Village. En attendant leurs plats, il lui demanda comment s'était déroulée sa rencontre au bureau de ses avocats. Fadime était contrariée et n'aborda le sujet qu'après avoir pris un Martini sec.

      « Je ne peux pas le croire, commença-t-elle. Amir a laissé toute sa fortune à Aara quand elle aura atteint son dix-huitième anniversaire. Tout, l'argent, les maisons, les investissements. Il ne m'a même pas nommée exécuteur testamentaire.

      — Mais sûrement, tu ne manques pas d'argent, souligna Laurent, essayant de calmer sa colère.

      — Il m'a laissé une rente confortable mais apparemment il ne me faisait pas assez confiance pour gérer le reste de ses actifs. J'aurais pu avoir quelque influence sur Aara si j'étais sa tutrice mais j'ai fait l'erreur de laisser Tess et Jake l'adopter. Et maintenant, ils sont à même de contrôler cet argent. »

      Laurent feuilleta les documents que Fadime avait apportés avec elle.

      « Ce testament a l'air tout à fait inattaquable. Il établit clairement que la totalité de la fortune ira à Aara quand elle aura dix-huit ans. »

      Fadime demanda un autre Martini.

      « C'est scandaleux. Si j'avais connu les intentions d'Amir, je n'aurais pas laissé Aara partir.

      — Pourquoi avais-tu laissé Tess et Jake

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