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Souverain, Rivale, Exilée . Морган Райс
Читать онлайн.Название Souverain, Rivale, Exilée
Год выпуска 0
isbn 9781640291904
Автор произведения Морган Райс
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Lukeman Literary Management Ltd
“Si on prend cette route, cela nous fera passer par le Passage des Monstres”, dit-elle. “Nous ferions peut-être mieux de tenter notre chance avec Felldust.”
Thanos secoua la tête. “S'ils nous voient, ils nous pourchasseront. Au moins, comme ça, nous aurons une chance de ne pas nous faire repérer.”
“Nous aurons aussi une chance de nous faire dévorer”, souligna la femme du Peuple des Os.
Thanos haussa les épaules. Il ne voyait aucune meilleure possibilité. Ils n'avaient ni le temps d'aller ailleurs ni de meilleur itinéraire à suivre. Ils pouvaient prendre ce risque ou attendre ici qu'Akila meure, et Thanos ne voulait pas abandonner son ami comme ça.
Ceres semblait être de la même opinion.
“Ce sera le Passage des Monstres. Hissons la voile !”
CHAPITRE CINQ
Ulren, la Deuxième Pierre, approcha de la tour à cinq faces avec la calme détermination d'un homme qui avait préparé tout ce qui allait se passer par la suite. Autour de lui, la poussière de la ville dansait en décrivant comme d'habitude ses sempiternels tourbillons, qui lui donnaient envie de tousser ou de se couvrir la bouche. Ulren ne fit ni l'un ni l'autre. C'était le moment d'avoir l'air fort.
Il y avait des gardes aux portes, comme toujours. Officiellement, ils étaient payés par les cinq Pierres mais, en vérité, c'étaient les hommes d'Irrien. Pour cette raison, ils croisèrent leurs piques comme pour le défier, lui, comme ils le faisaient toujours pour rappeler un peu leur infériorité à toutes les Pierres sauf la Première.
“Qui va là ?” cria l'un d'eux.
Ulren sourit en entendant cette question. “La nouvelle Première Pierre de Felldust.”
Il eut le temps de voir le choc dans leur regard avant que ses hommes n'émergent de la poussière et lèvent leurs arbalètes. Il n'avait ni la simple force musculaire d'Irrien ni les espions rusés de Vexa ni la richesse de Kas ni les amis nobles de Borion, mais il avait assez de chaque et, maintenant, finalement, il avait l'audace de s'en servir.
Il apprécia de voir les carreaux d'arbalète remplir la poitrine de plumes à ces gardes qui l'avaient fait attendre si souvent. C'était mesquin, mais c'était le moment de se laisser aller à la mesquinerie. C'était le moment où il allait pouvoir faire tout ce qu'il avait jamais voulu faire.
Il ouvrit la porte avec sa clé et pénétra à l'intérieur, dans la lumière de la tour. Quelle était donc cette ville où l'air de l'intérieur de la tour, enfumé par les lampes, était de meilleure qualité que l'air extérieur ? Cependant, aujourd'hui, même cela lui semblait délicieux.
“Ne traînez pas”, dit-il aux hommes et aux femmes qui suivirent. “Frappez vite.”
Ils se répandirent dans la tour, l'éclat de leurs armes terni par l'obscurité que laissaient les lampes. Quand des gardes arrivèrent d'un des couloirs, ils bondirent silencieusement en avant et frappèrent. Ulren ne s'arrêta pas pour regarder le sang et les morts. A ce moment, rien de tout cela ne comptait pour lui.
Il commença à monter par l'escalier en apparence infini qui menait à la salle d'en haut. Il l'avait fait si souvent et, à chaque fois, il s'était attendu à y être une créature inférieure, la deuxième ou la troisième ou moins encore dans une ville où seule comptait la place de la Première des Cinq Pierres.
Du point de vue d'Ulren, c'était ce que cette ville avait de cruellement drôle. Tout le monde se battait pour arriver au sommet, cinq hommes qui œuvraient de concert, mais tout le monde savait que la Première Pierre était le plus fort. Cela faisait tellement longtemps qu'Ulren complotait pour être la Première Pierre qu'il ne pouvait se souvenir d'une époque où il avait voulu être autre chose.
Il avait été prudent, même si la première place aurait toujours dû lui revenir. Il avait consolidé son pouvoir, commençant par les terres de sa famille mais en les agrandissant, s'occupant de ses ressources comme un jardinier aurait pu s'occuper d'une plante. Il avait été très patient, extrêmement patient. Il avait tellement comploté qu'il était sur le point de prendre son siège à la Première Pierre.
Alors, Irrien était arrivé et Ulren avait dû se montrer patient une fois de plus.
Alors qu'Ulren montait l'escalier, les tueries continuaient autour de lui. Les domestiques qui portaient les couleurs de la Première Pierre périrent, fauchés par ses hommes, sans hésitation ni remords. Felldust était une terre où même un esclave à l'apparence innocente pouvait avoir un poignard en main parce qu'il espérait monter dans la hiérarchie.
Un soldat surgit brusquement de l'ombre et Ulren se battit contre lui, cherchant à prendre l'avantage.
L'homme était fort, même si c'était peut-être seulement l'âge qui jouait en la défaveur d'Ulren. Maintenant, quand Ulren quittait le ring d'entraînement de sa maison, il se rendait compte qu'il avait mal et que les filles esclaves qui, auparavant, étaient venues à lui de leur plein gré devaient à présent dissimuler leurs regards de dégoût et de consternation. Il y avait des jours où il entrait dans certaines pièces puis arrivait tout juste à se souvenir pourquoi il s'était embêté à le faire.
Cela dit, il n'avait rien perdu de sa ruse. Il se tourna en se servant de la force de l'attaque de l'autre homme, accrocha son pied derrière la jambe de son assaillant et poussa avec la force qu'il avait. Le soldat trébucha puis tomba la tête la première dans l'escalier à colimaçon qui menait au sommet de la tour à cinq faces. Ulren laissa le soin à ses guerriers de l'achever. Il n'avait pas eu l'air faible et c'était déjà bien.
“Tout est en place dans le reste de la ville ?” demanda-t-il à Travlen, le prêtre qui avait quitté son ordre pour le suivre.
“Oui, mon seigneur. A l'instant même, vos guerriers s'attaquent aux derniers soutiens d'Irrien qui restent en ville. Plusieurs de ses entreprises ont proposé de se ranger de votre côté, tandis que, chez celles qui ne l'ont pas fait, on me dit que le massacre a été assez sanglant pour plaire aux dieux eux-mêmes.”
Ulren hocha la tête. “C'est bien. Acceptez tous ceux qui souhaitent se joindre à nous puis cherchez qui peut remplacer ceux qui les commandent. Je n'ai pas de temps à perdre avec les traîtres.”
“Oui, mon seigneur.”
“Dieux”, dit Ulren, “ces escaliers vont-ils se terminer un jour ?”
Un autre homme aurait pu envisager de déplacer le centre du pouvoir de Felldust dès qu'il en aurait eu le contrôle mais Ulren savait que ce n'était pas la meilleure des idées. Dans un pays comme celui-ci, la tradition était juste un moyen de plus de garder le contrôle.
Ils atteignirent le dernier étage, où les serviteurs et les esclaves coupaient des fruits, portaient de l'eau et satisfaisaient tous les caprices des autres Pierres. Ulren resta où il était pendant que ses guerriers se déployaient autour de lui.
“Y a-t-il ici des esclaves ou des serviteurs de la Première Pierre ?” demanda-t-il.
Certains avancèrent. Que pouvaient-ils faire d'autre ? Irrien les avait abandonnés ici. Peut-être voulait-il les retrouver là à son retour. Peut-être n'en avait-il simplement rien à faire. Ulren inspecta les hommes et femmes qui se tenaient là. Il imagina que, si Irrien avait été là, il aurait apprécié la peur qui se lisait sur leur visage. Il avait passé assez de temps en compagnie de la Première Pierre pour savoir exactement quelle sorte d'homme était son rival.
Ulren n'en avait tout simplement rien à faire. “Dorénavant, vous êtes tous mes esclaves. Mes hommes choisiront lesquels d'entre vous valent la peine d'être gardés et lesquels seront offerts en sacrifice aux temples.”
“Mais je suis un homme libre”, se plaignit un des serviteurs présents.
Ulren s'approcha de lui et le poignarda avec une lame