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L'Agent Zéro . Джек Марс
Читать онлайн.Название L'Agent Zéro
Год выпуска 0
isbn 9781640299511
Автор произведения Джек Марс
Серия Un Thriller d’Espionnage de L'Agent Zéro
Издательство Lukeman Literary Management Ltd
Son interrogateur fit non de la tête, avant d’enfoncer son poing osseux dans le plexus de Reid. Une nouvelle fois, l’air sortit complètement de ses poumons. Pendant une longue minute, Reid fut incapable de respirer, avant d’y parvenir enfin dans un souffle haletant. Sa poitrine le brûlait vivement. De la sueur perla sur ses joues, brûlant au passage sa lèvre fendue. Sa tête pendait mollement, le menton entre les clavicules, alors qu’il tentait de combattre une vague de nausée.
“Votre nom,” répéta calmement l’interrogateur.
“Je… Je ne sais pas ce que vous voulez me faire dire,” soupira Reid. “Je ne sais pas qui vous cherchez. Mais ce n’est pas moi.” Est-ce qu’il perdait la tête ? Il était pourtant sûr de n’avoir rien fait pour mériter un tel traitement.
L’homme au kufi se pencha de nouveau en avant, relevant cette fois gentiment le menton de Reid avec ses deux doigts. Il lui tourna la tête, forçant Reid à le regarder dans les yeux. Ses fines lèvres s’étiraient en un sourire à moitié grimaçant.
“Mon ami,” dit-il, “la situation va beaucoup, beaucoup empirer avant de s’améliorer.”
Reid déglutit et sentit un goût de cuivre au fond de sa gorge. Il savait que le sang est un vomitif. L’équivalent de deux tasses le ferait vomir, et il se sentait déjà nauséeux et étourdi. “Écoutez-moi,” implora-t-il. Sa voix était tremblante et apeurée. “Les hommes qui m’ont capturé, ils sont venus au 22 Ivy Lane, chez moi. Je m’appelle Reid Lawson. Je suis professeur d’histoire européenne à l’Université de Columbia. Je suis veuf et j’ai deux filles…” Il s’arrêta net. Jusqu’ici, ses ravisseurs n’avaient donné aucun indice de leur connaissance ou non de l’existence des filles. “Si ce n’est pas ça que vous cherchez, alors je ne peux rien pour vous. Je vous en prie. C’est la vérité.”
L’interrogateur le fixa du regard un long moment, sans cligner des yeux. Puis il aboya brusquement quelque chose en arabe. Reid tressaillit en entendant le bruit soudain.
Le verrou venait de s’ouvrir à nouveau. Par-dessus l’épaule de l’homme, Reid entrevoyait à peine les contours de l’épaisse porte en train de s’ouvrir. Elle semblait faite en une sorte de métal, du fer ou de l’acier certainement.
Il réalisa que cette pièce était conçue comme une cellule de prison.
Une silhouette apparut dans l’embrasure de la porte. L’interrogateur cria quelque chose d’autre dans sa langue natale et la silhouette s’évanouit. Il décocha à Reid un sourire grimaçant. “Nous verrons bien,” dit-il simplement.
Il y eut un grincement de roues, puis la silhouette réapparut, poussant cette fois un chariot en acier sur le sol bétonné de la pièce. Reid reconnut son convoyeur comme étant la brute silencieuse et puissante qui était venue chez lui, avec son éternel air renfrogné.
Sur le chariot, se trouvait une machine archaïque, un boîtier marron avec une douzaine de boutons et de cadrans, ainsi que d’épais fils noirs branchés sur un côté. De l’autre côté, s’étirait un rouleau de papier blanc avec quatre fines aiguilles appuyées dessus.
C’était un polygraphe, probablement aussi vieux que Reid lui-même. En tout cas, il s’agissait d’un détecteur de mensonges. Il poussa un soupir, à moitié soulagé. Au moins, ils allaient voir qu’il disait la vérité.
Ce qu’ils feraient de lui ensuite… Il ne voulait même pas y penser.
L’interrogateur se mit à enrouler les capteurs Velcro autour de deux des doigts de Reid, posant un brassard sur son biceps gauche et deux cordons autour de sa poitrine. Il se rassit, sortant un crayon de sa poche et se collant la gomme rose dans la bouche.
“Vous savez ce que c’est,” dit-il simplement. “Vous savez comment ça marche. Si vous dites quoi que ce soit qui ne répond pas honnêtement à mes questions, nous vous frapperons. C’est bien compris ?”
Reid acquiesça. “Oui.”
L’interrogateur enclencha le commutateur et régla les boutons de la machine. La brute renfrognée se tenait derrière son épaule, camouflant la lumière qui venait de la lampe d’examen, et regardant en direction de Reid.
Les fines aiguilles dansèrent légèrement sur le rouleau de papier blanc, laissant quatre tracés noirs. L’interrogateur gribouilla quelque chose sur la feuille avant de tourner de nouveau son regard froid vers Reid. “De quelle couleur est mon chapeau ?”
“Blanc,” répondit calmement Reid.
“De quelle espèce êtes-vous ?”
“Humaine.” L’interrogateur établissait des bases pour les questions à venir : en général, quatre ou cinq vérités connues afin de pouvoir détecter les mensonges potentiels.
“Dans quelle ville vivez-vous ?”
“New York.”
“Où êtes-vous maintenant ?”
Reid prit un ton presque moqueur. “Sur une… sur une chaise. Je ne sais pas.”
L’interrogateur inscrivait par intermittence des marques sur le papier. “Quel est votre nom ?”
Reid fit de son mieux pour garder une voix posée. “Reid Lawson.”
Les trois hommes observaient la machine. Les aiguilles continuaient de bouger, imperturbables. Il n’y avait pas de pics ou de creux significatifs dans les lignes qui se dessinaient.
“Quel est votre emploi ?” demanda l’interrogateur.
“Je suis professeur d’Histoire de l’Europe à l’Université de Columbia.”
“Depuis combien de temps êtes-vous professeur à l’université ?”
“Treize ans,” répondit Reid avec franchise. “J’ai été professeur assistant pendant cinq ans, puis professeur adjoint en Virginie pendant six années de plus. Je suis désormais professeur associé à New York depuis deux ans.”
“Êtes-vous déjà allé à Téhéran ?”
“Non.”
“ Êtes-vous déjà allé à Zagreb ?”
“Non !”
“ Êtes-vous déjà allé à Madrid ?”
“N—oui. Une fois, il y a quatre ans à peu près. C’était pour un congrès, je représentais l’université.”
Les aiguilles restaient stables.
“Vous voyez ?” Reid avait tellement envie de hurler qu’il luttait pour garder son calme. “Vous vous êtes trompés de personne. Je ne sais pas qui vous cherchez, mais ce n’est pas moi.”
L’interrogateur souffla par les narines, mais ce fut sa seule réaction. La brute serra ses mains devant lui, faisant ressortir ses veines sur sa peau.
“Avez-vous déjà rencontré un homme du nom de Cheikh Mustafar ?” demanda l’interrogateur.
Reid secoua la tête. “Non.”
“Il ment !” Un homme grand et maigre entra dans la pièce : l’un des deux autres hommes qui l’avaient assailli chez lui, le même qui lui avait demandé son nom en premier. Il avança à grandes enjambées, son regard hostile dirigé sur Reid. “On peut tromper cette machine. Nous le savons bien.”
“Il y aurait des signes,” répondit calmement l’interrogateur. “Un langage corporel, de la sueur, des signes vitaux… Tout laisse ici à penser qu’il dit la vérité.” Reid ne put s’empêcher de penser qu’ils parlaient en anglais pour qu’il puisse comprendre.
Le grand