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un pas vers Stephania pour la réconforter autant que possible mais, avant qu'il ait pu l'atteindre, elle s'enfuit du belvédère en se couvrant le visage des deux mains, en pleurs.

      Le roi se leva, visiblement irrité.

      “Rejette-la, mon fils”, dit-il d'une voix soudain froide et dure qui gronda dans tout le belvédère, “et tu finiras au cachot.”

      CHAPITRE CINQ

      Ceres fonça dans les rues de la cité sans savoir où elle allait jusqu'au moment où elle sentit qu'elle ne tenait plus sur ses jambes et que ses poumons la brûlaient tellement qu'ils risquaient d'éclater, et quand elle se sentit absolument sûre que l'esclavagiste avait perdu sa trace.

      Finalement, elle s'effondra par terre dans une ruelle, au milieu des ordures et des rats, les bras entourés autour des jambes, ses joues brûlantes inondées de larmes. Comme son père était parti et comme sa mère voulait la vendre, elle n'avait personne vers qui se tourner. Si elle restait dans les rues et dormait dans les ruelles, elle finirait par mourir de faim ou de froid quand viendrait l'hiver. Ce serait peut-être la meilleure solution.

      Pendant des heures, elle resta assise à pleurer, les yeux bouffis, l'esprit embrouillé par le désespoir. Où aller, maintenant ? Comment gagner de l'argent pour survivre ?

      Vers la fin de la journée, elle décida finalement de rentrer à la maison, de s'introduire dans la cabane, prendre les quelques épées qui s'y trouvaient encore et les vendre au palais. De toute façon, ils l'y attendaient aujourd'hui. De cette façon, elle aurait de l'argent pour au moins quelques jours et ça lui laisserait le temps de trouver un meilleur plan.

      Elle récupérerait aussi l'épée que son père lui avait donnée et qu'elle avait cachée sous le plancher de la cabane. Cela dit, elle ne la vendrait pas, c'était hors de question. Elle ne renoncerait pas au cadeau de son père avant d'être à l'article de la mort.

      Elle rentra chez elle en trottinant et en prenant soin de ne pas croiser de visages familiers ou le chariot de l'esclavagiste sur sa route. Quand elle atteignit la dernière colline, elle se glissa derrière la rangée de maisons et dans le champ, puis traversa la terre desséchée sur la pointe des pieds en cherchant sa mère du regard.

      Elle se sentit soudain coupable quand elle se souvint de la violence avec laquelle elle avait battu sa mère. Elle n'avait jamais voulu lui faire de mal, en dépit de sa cruauté, en dépit de son cœur brisé et irréparable.

      Quand elle arriva derrière leur cabane, elle jeta un coup d’œil par une fente dans le mur. Voyant qu'elle était vide, elle entra dans la sombre cahute et rassembla les épées. Cependant, alors qu'elle allait soulever la planche sous laquelle elle avait caché l'épée, elle entendit des voix venir de dehors.

      Quand elle se leva et jeta un coup d’œil par un petit trou dans le mur, elle vit, horrifiée, sa mère et Sartes avancer vers la cabane. Sa mère avait un œil au beurre noir et une contusion à la joue. Maintenant qu'elle voyait que sa mère était en vie et bien portante, Ceres sourit presque en se souvenant que c'était elle qui l'avait mise dans cet état. Toute sa colère refit surface quand elle se souvint que sa mère voulait la vendre.

      “Si je te prends à faire passer de la nourriture à Ceres, je te fouette, tu comprends ça ?” dit sa mère d'un ton sec alors qu'elle passait à côté de l'arbre de la grand-mère de Ceres avec Sartes.

      Sartes ne répondit pas et sa mère le gifla au visage.

      “Tu comprends, garçon ?” dit-elle.

      “Oui”, dit Sartes, les yeux baissés, une larme à l'œil.

      “Et si jamais tu la revois, ramène-la à la maison que je lui donne la raclée qu'elle n'oubliera jamais.”

      Ils recommencèrent à avancer vers la cabane et Ceres sentit son cœur se mettre soudain à battre à toute vitesse. Elle serra les épées et se précipita vers la porte de derrière aussi rapidement et aussi discrètement que possible. Juste au moment où elle sortait, la porte de devant s'ouvrit brusquement et Ceres s'appuya contre le mur extérieur et écouta, pendant que les blessures infligées par les griffes de l'omnichat lui piquaient le dos.

      “Qui va là ?” dit sa mère.

      Ceres retint son souffle et ferma les yeux.

      “Je sais que tu es là”, dit sa mère en attendant. “Sartes, va vérifier la porte de derrière. Elle est ouverte.”

      Ceres serra les épées contre sa poitrine. Elle entendit les pas de Sartes qui avançait vers elle, puis la porte s'ouvrit avec un grincement.

      Sartes écarquilla les yeux quand il la vit et il eut le souffle coupé.

      “Y a-t-il quelqu'un là-bas ?” demanda sa mère.

      “Euh … non”, dit Sartes dont les yeux se remplirent de larmes quand il croisa le regard de Ceres.

      Ceres articula silencieusement un “merci” et Sartes lui fit signe de partir.

      Elle hocha la tête et, le cœur lourd, partit furtivement vers le champ. La porte de derrière de la cabane se ferma avec un claquement. Ceres reviendrait chercher son épée plus tard.

*

      Ceres s'arrêta aux portes du palais en sueur, affamée et épuisée, les épées à la main. Les soldats de l'Empire qui montaient la garde reconnurent sans problème la fille qui livrait les épées de son père et la laissèrent passer sans lui poser de questions.

      Elle traversa hâtivement la cour pavée puis se dirigea vers le cottage en pierre du forgeron, situé derrière une des quatre tours. Elle entra.

      Debout à côté de l'enclume devant le fourneau crépitant, le forgeron martelait une lame éclatante, les habits protégés contre les étincelles volantes par son tablier en cuir. Il avait l'air préoccupé et Ceres se demanda ce qui n'allait pas. C'était un homme d'âge moyen jovial, plein d'énergie et qui s'inquiétait rarement.

      Sa tête chauve et suante accueillit Ceres avant qu'il ne remarque son entrée.

      “Bonjour”, dit-il quand il la vit, lui faisant signe de la tête de placer les épées sur l'établi.

      Elle traversa à grands pas la pièce chaude et enfumée et posa les épées, dont le métal cliqueta en rentrant en contact avec la surface de bois brûlé et abîmé.

      Le forgeron secoua la tête, visiblement préoccupé.

      “Que se passe-t-il ?” demanda Ceres.

      Le forgeron leva des yeux soucieux.

      “Tomber malade aujourd'hui, fallait le faire”, murmura-t-il.

      “Bartholomew ?” demanda-t-elle en constant que le jeune gardien des armes des seigneurs de guerre n'était pas ici comme à l’accoutumée, frénétiquement occupé à préparer les quelques dernières armes avant le début de l'entraînement.

      Le forgeron s'arrêta de marteler et leva les yeux d'un air vexé en plissant ses sourcils touffus.

      Il secoua la tête.

      “Et un jour d'entraînement, par-dessus le marché”, dit-il. “Et pas n'importe quel jour d'entraînement.” Il plongea la lame dans les charbons ardents du fourneau et essuya son front dégoulinant avec la manche de sa tunique. “Aujourd'hui, les membres de la famille royale vont s'entraîner contre les seigneurs de guerre. Le roi a trié sur le volet douze membres de la famille royale qui devront s'entraîner pour les Tueries. Les trois meilleurs y prendront part.”

      Ceres comprenait sa préoccupation. Il était responsable des gardiens d'armes et, s'il n'en fournissait pas, il risquait de perdre son travail. Des centaines de forgerons n'attendaient que cette occasion pour le remplacer à son poste.

      “Le roi ne va pas être content s'il nous manque un gardien d'armes”, dit-elle.

      Il s'appuya des mains sur ses cuisses épaisses et secoua la tête. Juste à ce moment, deux soldats de l'Empire entrèrent.

      “Nous venons récupérer les armes”, dit l'un d'eux en regardant

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