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de plus ont un niveau de lecture de quatrième ou cinquième année, dont près de 30% de la population est analphabète ou à peine alphabétisée, dont le nombre d’analphabètes augmente chaque année d’environ deux millions, dont plus de 30% sont des diplômés du secondaire et 40% diplômés de collèges n’ont jamais lu un livre après avoir quitté l’école, dont 80% des familles américaines n’achèteront pas de livre cette année, dont la plupart de ces analphabètes ne prendront pas la peine de voter, dont ces analphabètes qui votent le feront en se basant sur les slogans sans valeur d’une propagande politique rassurante qui compense leur manque de capacités cognitives et de pensées critiques, et dont même ceux qui sont soi-disant alphabétisés se replient en masse sur les conséquences néfastes de vivre dans une culture basée sur l’image.

      « Pour l’ère présente, qui préfère le signe à la chose signifiée, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’essence… l’illusion seule est sacrée, la vérité profanée. »

      Ludwig Feuerbach (1804-1872)

      3

      Samedi 5 décembre

      10ème arrondissement, Paris, France

      Le Café de la rue Martel est le deuxième café du 10ème arrondissement que Malek Bennabi a visité depuis une semaine. Et comme au rendez-vous précédent, son contact Pierre était déjà assis à l’une des tables faisant semblant d’être distrait à jouer avec ce qui restait de son café et de son pain au chocolat. Sans montrer qu’ils se connaissaient, Malek se dirigea d’un pas nonchalant vers la table et fit un geste inquisiteur vers l’une des chaises vides avant de s’asseoir et de poser son sac en toile identique à celui de Pierre sous la table. Tous deux restèrent silencieux, et peu de temps après que Malek ait passé sa commande et qu’on lui servit un café noir, Pierre demanda l’addition à la serveuse et laissa huit euros dans la soucoupe en guise de paiement et de pourboire avant de se lever de la table et de ramasser le sac de Malek à la place du sien. Et sans même jeter un coup d’œil à Malek, il sortit nonchalamment du café.

      En buvant son café, Malek enregistra discrètement les autres clients pour voir s’il serait suivi lorsqu’il quitterait le café. En dépit de son manque d’intérêt à une telle possibilité en raison de son mépris sans réserve pour la plus grande et la plus puissante agence de renseignement de France, la Direction générale de la sécurité intérieure, Malek avait néanmoins toujours pris des précautions pour rester sous leur radar de sécurité. La DSGI prenait en charge des responsabilités étendues, notamment celle du contre-espionnage, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la cybercriminalité et la surveillance de groupes, organisations et phénomènes sociaux potentiellement menaçants.

      Son café terminé une quinzaine de minutes plus tard, Malek sortit du café et prit la direction sud dans la rue Martel, une rue un peu étroite lui permettant de prendre surveiller facilement de tout ce qui se passait autour de lui grâce aux lunettes de soleil de surveillance à vision arrière qu’il portait. Il tourna à gauche dans la rue Des Petites Ecuries, se dirigea vers la station métro du coin Château d’eau et prit un train de la ligne 4 vers Château Rouge du 18ème arrondissement, où il vivait dans un studio très modeste du quartier arabe juste à côté du Boulevard Barbès.

      Une fois dans l’appartement, Malek laissa tomber le sac en toile sur le sol, prit son iPhone de sa poche et regarda les photos qu’il avait prises de la pièce avant de sortir. Il prenait toujours quelques photos avant de sortir pour qu’à son retour il puisse vérifier que tout était resté intact et qu’il n’y avait aucun signe d’intrusion. Après s’être assuré que rien n’avait bougé et que les tiroirs laissés ouverts aléatoirement étaient exactement dans la même position, il effaça les photos, tira les rideaux de la fenêtre et alluma la lumière.

      Malek posa le sac sur la table, ouvrit la fermeture-éclaire et en sortit la grande enveloppe kraft qu’il savait qu’elle contenait 20 000 euros en billets de cinquante. Il sortit alors le colis ovale et le déballa pour révéler un fusil d’assaut VZ58 fabriqué en République tchèque – une arme à feu semi-automatique à tir sélectif, capable de tirer 800 coups par minute – avec une bandoulière, une réserve dépliable en acier et deux chargeurs en alliage léger avec une capacité de 30 cartouches. Après avoir soigneusement vérifié que le mécanisme était bien huilé et qu’il fonctionnait bien, il réemballa soigneusement l’arme dans son papier sulfurisé beige et le remit avec l’argent dans le sac qu’il allait remettre aux frères Aziz et Rashid Gharbi, à qui il avait déjà fourni un VZ58 similaire et deux chargeurs vides. A l’approche du jour prévu de l’attaque, il récupèrerait un autre sac contenant 120 cartouches de munitions, un téléphone portable intraçable, des fils électriques, des détonateurs et l’explosif plastique C-4 (RDX) qu’il savait avoir été recommandé dans le programme standard d’entraînement aux explosifs d’Al-Qaeda et qui était l’explosif de choix pour les attaques terroristes.

      Malek jeta un coup d’œil à sa montre pour voir qu’il avait encore assez de temps pour se rendre à son rendez-vous de treize heures avec les frères, des fanatiques déséquilibrés nés de parents immigrants algériens qu’il avait recrutés pour la prochaine mission. Les frères – issus d’un quartier défavorisé à la périphérie du 19ème arrondissement sans espoir de prendre part à la société française – étaient peu éduqués, souvent sans emploi, marginalisés et dépendants initialement de la petite délinquance avant de passer au trafic de drogue et au vol à main armée. Ils étaient devenus des terroristes potentiels après avoir été motivés et radicalisés par un personnage expert charismatique révolutionnaire dans une mosquée du 19ème arrondissement. Malek tenait toujours à les rencontrer au marché Barbès, idéalement situé sous la station de métro surélevée de la Ligne 2 La Chapelle sur le Boulevard du même nom. Etant souvent une enclave pour les arabes et les africains, l’agitation frénétique du marché des mercredis et samedi offrait un environnement idéal et sûr pour leurs rencontres furtives.

      Depuis son arrivée à Paris deux ans plus tôt avec un faux passeport de citoyen britannique né de parents algériens, une partie de la couverture de Malek était de travailler dans un bar de la rue Dunkerque du 18ème arrondissement. Sa maîtrise de l’arabe, sa connaissance crédible du Coran et son intérêt passionné pour la politique au Moyen-Orient, lui avaient permis de s’intégrer progressivement pour devenir fermement ancré dans la communauté arabe musulmane.

      Avant d’être envoyé à Paris en tant que ‘taupe’, Malek avait gagné une faveur en participant à un camp d’entraînement terroriste dirigé par Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) au Pakistan où des groupes d’une vingtaine d’hommes étaient formés. L’inscription à ces programmes d’entraînement militants était difficile, en particulier pour les étrangers qui étaient suspectés d’être des espions potentiels suite à des failles de sécurité sur le terrain résultant à des attaques de points stratégiques par des drones américains résultant à de nombreuses victimes, y compris des civils innocents. Pour ceux qui ont réussi le processus de sélection, chaque jour d’entraînement commençait invariablement par les prières du matin en direction de la Mecque, suivies d’un discours sur l’importance du djihad. Des exercices physiques et un entraînement opérationnel étaient ensuite dispensés au cours de la journée par des djihadistes chevronnés ou, à l’occasion, par des anciens membres de la Direction du renseignement interservices (ISI) du Pakistan. Les recrus apprenaient comment manipuler les armes, tels que les AK-47, les mitraillettes PK et les lance-grenades à fusée (RPG). On leur donnait également des instructions sur les tactiques d’attaque de convois militaires et comment planter des mines. Les élèves meilleurs que la moyenne, tel que Malek, recevaient une formation spécialisée supplémentaire pour la fabrication de bombes et la sécurité opérationnelle. Les séances de formation du soir étaient réservées à l’endoctrinement, qui comprenait des heures de visionnage de vidéos sur les atrocités occidentales commises contre les musulmans, afin de renforcer la motivation des recrues au djihad.

      De tous les différents mouvements

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