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Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome II. Constantin-François Volney
Читать онлайн.Название Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome II
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Constantin-François Volney
Жанр Философия
Издательство Public Domain
Tel est le récit de Ktésias ou des livres anciens dont il s’autorise. On peut reprocher à quelques détails une exagération qui atténue la confiance; mais outre que la limite du possible et du vrai n’est pas aussi facile à tracer ici que l’on a voulu le croire, nous aurons encore l’occasion, dans un autre article, de prouver que l’exagération apparente vient surtout des fausses valeurs que l’on a attribuées aux mesures appelées stades, plèthres, orgyes, coudées; en ce moment nous nous bornons à remarquer qu’en général les circonstances ont une physionomie locale qui donne aux faits principaux un grand caractère de vérité78, et que, selon les règles de la critique historique, ce récit prouve réellement que c’est à Sémiramis qu’appartient la fondation de Babylone dans le sens strict du mot, puisque cette reine créa les ouvrages majeurs qui constituent une cité, ouvrages auxquels Babylone fut uniquement redevable de la splendeur commerciale et de la force militaire qui l’ont rendue si célèbre.
En récapitulant ces ouvrages, nous en trouvons 7 principaux:
1º Le grand mur d’enceinte et de fortification, ayant 360 stades de développement;
2º Un quai élevé sur chaque rive du fleuve;
3º Le pont composé de piles de pierres et de poutres tendues sur ces piles;
4º Deux châteaux placés aux issues du pont;
5º Un vaste bassin ou lac carré de 360 stades sur chaque côté;
6º Un boyau ou galerie par-dessous le fleuve;
7º Le temple de Bélus en forme de pyramide, où l’on montait par des rampes.
CHAPITRE III.
Récit de Bérose et de Mégasthènes.—Système chaldéen
IL est naturel de croire qu’avant la publication de l’histoire de Ktésias, les Grecs n’avaient que peu ou point de connaissance des ouvrages et du nom de Sémiramis: cet auteur doit donc être considéré comme le chef de l’opinion qui attribue à cette reine la fondation de Babylone, et cette opinion dut être dominante jusqu’au temps d’Alexandre. Mais lorsque la conquête de l’Asie par ce prince, et lorsque sa résidence à Babylone, qu’il affectionna, eurent mis les savans grecs en communication avec les prêtres du pays, avec ces Chaldéens si renommés pour leurs sciences, on vit s’élever une autre opinion indigène et babylonienne, contraire à celle des Assyriens de Ninive. La première trace se montre dans un fragment de Mégasthènes, historien grec, contemporain de Séleucus-Nicator, roi de Babylone jusqu’en l’année 282 avant Jésus-Christ, lequel envoya Mégasthènes, à titre d’ambassadeur, vers Sandracottus, l’un des rois de l’Inde résidant à Palybothra79. Eusèbe, dans sa Préparation évangélique, nous a conservé le passage qui suit, livre IX, chap. 41, pag. 457.
«Babylone fut bâtie par Nabukodonosor: au commencement (in principio) le pays entier était couvert d’eau et portait le nom de mer80; mais le dieu Bélus, ayant desséché la terre et assigné à chaque élément ses limites, environna de murs Babylone, puis il disparut81. Dans la suite, l’enceinte qui se distingue par des portes d’airain fut construite par Nabukodonosor; elle a subsisté jusqu’au temps des Macédoniens.»
Quelques phrases après, Mégasthènes ajoute:
«Nabukodonosor, devenu roi, entoura dans l’espace de quinze jours, la ville de Babylone d’un triple mur, et fit couler ailleurs les canaux appelés armakale et akrakan qui venaient de l’Euphrate; puis, en faveur de la ville de Siparis, il creusa un lac profond de 20 orgyes, ayant 40 parasanges de circuit; il y fit des écluses ou vannes, appelées régulatrices des richesses, pour l’arrosage de leurs champs. Il réprima aussi les inondations du golfe Persique, en leur opposant des digues, et les irruptions des Arabes, en construisant la forteresse de Térédon. Il orna son palais, en élevant un jardin suspendu qu’il couvrit d’arbres.»
Très-peu de temps après Mégasthènes, un savant de Babylone, Bérose82, né de famille, sacerdotale, professa la même opinion; et parce que ses prédictions astrologiques et ses écrits en divers genres le rendirent célèbre au point que les Athéniens lui érigèrent une statue dont la langue fut d’or, nous pensons que c’est à lui qu’il faut attribuer l’ascendant que cette nouvelle opinion acquit, selon l’expression de Quinte-Curce, chez la plupart des historiens (vel ut plerique credidere).
L’intéressant ouvrage de Bérose, intitulé Antiquités chaldaïques, étant perdu, c’est à l’historien juif Flavius Josephus que nous devons les fragmens relatifs à notre question. Voici ses paroles (Contra App., lib. I, § XIX):
«À l’égard de ce que les monumens chaldéens disent de notre nation, je prendrai à témoin Bérose, né lui-même Chaldéen, homme très-connu de tous ceux qui cultivent les lettres, à cause des écrits qu’en faveur des Grecs il a publiés dans leur propre idiome, sur l’astronomie et la philosophie des Chaldéens.»
«Bérose donc, qui a copié les plus anciennes histoires chaldéennes, présente absolument les mêmes récits que Moïse83 sur le déluge, sur la destruction des hommes qui en résulta; sur l’arche dans laquelle Noé, père de notre race, fut sauvé; sur la manière dont elle aborda aux montagnes d’Arménie; ensuite il énumère les descendants de Noé, assigne le temps de chacun d’eux, et arrive jusqu’à Nabopolasar, roi des Chaldéens et de Babylone.»
Ici Josèphe raconte en détail, d’après Bérose, comment Nabukodonosor, fils de Nabopol-asar, ayant battu le roi d’Égypte Néchos, fut tout à coup distrait de ses conquêtes par la mort de son père; comment, sur la nouvelle qu’il en reçut, il traversa le désert de Syrie à marches forcées pour se rendre à Babylone; comment, investi de l’autorité suprême à titre d’héritage, il distribua ses prisonniers syriens, phéniciens et juifs en divers lieux de la Babylonie, pour y être employés à divers ouvrages, et il ajoute comme propres paroles de Bérose84:
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