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Читать онлайн.MAXIME.
Monsieur, j'ai fait, à la mémoire de celle que j'avais connue trop tard, un serment que je tiendrai. J'ai juré de ne jamais commettre aucune action dont aurait pu rougir la sainte qui fut ma mère.
LAUBEPIN.
Je suis tranquille; à demain.
MAXIME.
A demain… (Seul.) Intendant!.. allons, frère, courage!
FIN DU PREMIER TABLEAU
IIe TABLEAU
Un riche salon d'été, largement ouvert sur une terrasse ornée de statues et de grands vases: une balustrade ferme, dans le fond, cette terrasse, d'où l'on descend par un escalier de deux ou trois marches dans une autre partie des jardins. A gauche une fenêtre, un piano. – A droite une table couverte de livres et de journaux, jardinières, vases pleins de fleurs, un brasero allumé.
SCENE I.
M. DE BEVALLAN, LE DOCTEUR DESMARETS, MADAME LAROQUE, MARGUERITE, MADEMOISELLE HELOUIN, MADAME AUBRY.
Au lever de rideau, quelques jeunes filles en toilette d'été se promènent sur la terrasse, M. de Bévallan cause et rit avec elles. Le docteur Desmarets lit un journal: Madame Laroque, enveloppée de fourrures et entourée de coussins en velours et en tapisserie, est assise à droite, lisant et approchant sa main de temps à autre de la flamme du brasero. Marguerite, assise près de sa mère, fait de la tapisserie. Mademoiselle Hélouin arrange des fleurs dans un vase. Madame Aubry, assise à gauche, tricote.
BEVALLAN, après un cri de joie poussé par les jeunes filles qui battent des mains, entre dans le salon. – Aux jeunes filles en dehors.
Mesdemoiselles, c'est entendu!.. (Dans le salon.) Mesdames, ces demoiselles désirent faire un tour de valse sur la terrasse.
MADAME LAROQUE.
Comment? en plein soleil, comme cela?
BEVALLAN.
Oui, Madame, attendu que les fleurs ne craignent pas le soleil. (Mettant ses gants et s'approchant de Marguerite.) Mademoiselle Marguerite, oserai-je vous demander?..
MARGUERITE.
Oh! moi, je crains le soleil… Je vous remercie, je préfère jouer. (Elle se lève et se dirige vers le piano.)
BEVALLAN, comme elle passe près de lui, lui dit à demi-voix.
Toujours barbare! (A mademoiselle Hélouin qui arrange des fleurs.) Et vous, Mademoiselle, puis-je espérer…?
MADEMOISELLE HELOUIN.
Volontiers. (Elle prend le bras de Bévallan.)
BEVALLAN, à demi-voix.
Toujours charmante! (Haut, se dirigeant vers la terrasse.) Allons, Mesdemoiselles, allons! (Marguerite commence à jouer la valse. Bévallan, mademoiselle Hélouin et les jeunes filles tourbillonnent et disparaissent.)
MADAME LAROQUE.
Avez-vous vu ma nouvelle serre, docteur?
DESMARETS, se levant1 [1. Marguerite au piano, madame Aubry, Desmarets, madame Laroque.].
Non, Madame.
MADAME LAROQUE.
Ah! Eh bien, mais il va falloir que je vous montre cela… si je puis me traîner jusque-là.
DESMARETS.
Comment, vous traîner?.. mais vous êtes éblouissante de santé, ce matin, vous êtes fraîche comme la rosée!
MADAME LAROQUE.
Fraîche… c'est-à-dire que je suis gelée… C'est une chose extraordinaire… Depuis vingt ans que j'ai quitté les Antilles et que je suis en France, je n'ai pas encore pu me réchauffer.
DESMARETS.
Tant mieux! Madame, tant mieux! Le froid converse!.. (Passant à gauche.) Et vous, madame Aubry, voyons… la santé?
MADAME AUBRY, dolente.
Oh! toujours bien faible, docteur… j'ai eu des vertiges tout le matin.
DESMARETS.
Tant mieux! parfait, cela! signe de force!
MADAME AUBRY, confidentiellement.
Oh! le chagrin me mine, voyez-vous, docteur. On me traite si indignement ici.
DESMARETS.
Encore! comment ça?
MADAME AUBRY.
Vous n'avez pas vu encore ce matin au déjeuner… du potage froid… pas de chaufferette… toutes les indignités possibles… je suis voir le jouet des domestiques… et songez donc, docteur, quand on a été dans ma position, quand on a mangé dans de l'argenterie à ses armes!.. Ah! on ne sait pas tout ce que je souffre dans cette maison… et on ne le saura jamais, car quand on a de la fierté on souffre sans se plaindre; aussi je me tais, docteur, mais je n'en pense pas moins.
DESMARETS, impatienté.
C'est cela, Madame, n'en parlons plus. Et croyez-moi, buvez frais… cela vous calmera.
MADAME AUBRY.
Ah! rien ne me calmera, docteur… rien que la mort!
DESMARETS.
Eh bien, Madame, quand vous voudrez! (Les danseurs reparaissent en ce moment. Desmarets se retournant.) Ce diable de Bévallan est infatigable… Après avoir couru à cheval tout le matin, le voilà… (Tout à coup la danse s'interrompt: les jeunes filles poussent un cri et s'arrêtent. On aperçoit au fond Maxime, il porte un album sous le bras et un petit sac de voyage à la main, et paraît assez embarrassé de sa contenance. Alain l'accompagne.)
SCENE II.
LES MEMES, MAXIME, ALAIN.
MARGUERITE, se levant, de sa place.
Eh bien, qu'est-ce qu'il y a donc?
ALAIN, s'avançant seul pendant que Maxime attend au fond.
Madame, c'est M. Odiot, le nouvel intendant.
MADAME LAROQUE, qui s'est soulevée pour regarder Maxime.
Comment?.. ça?
ALAIN.
Oui, Madame, à ce qu'il dit1 [1. Marguerite revient prendre sa place à côté de sa mère.].
MADAME LAROQUE.
Faites entrer. (Pendant qu'Alain va chercher Maxime et le débarrasse de son sac.) Ah çà, comprend-on ce Laubépin, qui m'annonce un garçon d'un certain âge, très-simple, très-mûr, et qui m'envoie un monsieur comme ça?
BEVALLAN.
Il est positif que voilà un intendant… original.
MADEMOISELLE HELOUIN, à gauche, qui observe Maxime, avec surprise, à part.
Mais c'est le marquis de Champcey… je l'ai vu dix fois à la pension… (Maxime entre et salue2 [2. Mademoiselle Hélouin, madame Aubry, Maxime. – Desmarets, Bévallan, un peu en arrière. – Madame Laroque, Marguerite.].)
MADAME LAROQUE.
Pardon… vous êtes, Monsieur…?
MAXIME.
Odiot, Madame.
MADAME LAROQUE, n'en revenant pas.
Maxime Odiot, le régisseur, l'intendant que monsieur Laubépin…?