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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10. George Gordon Byron
Читать онлайн.Название Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10
Год выпуска 0
isbn http://www.gutenberg.org/ebooks/30994
Автор произведения George Gordon Byron
Жанр Зарубежная классика
Издательство Public Domain
»De votre seigneurie,
»Le très-humble et très-obéissant serviteur.
BYRON.
»P. S. Je ne suis pas sans quelque crainte que votre seigneurie ne me juge un peu trop partial envers ces hommes-là, et à demi briseur de mécaniques, moi-même.»
C'eût été sans doute l'ambition de Lord Byron, de se faire un nom à la tribune comme dans le monde poétique; mais la nature semble ne pas permettre au même homme d'acquérir plusieurs genres de gloire à la fois. Il s'était préparé pour cette discussion, et comme l'ont fait la plupart des meilleurs orateurs, lors de leurs premiers essais, non-seulement il avait composé, mais il avait écrit d'avance la totalité de son discours. Sa réception fut des plus flatteuses; plusieurs des nobles orateurs de son côté lui adressèrent de grands complimens de félicitation. Lui-même fut on ne peut plus enchanté de son succès; on verra dans le récit suivant, de M. Dallas, à quel innocent orgueil il se livra dans cette occasion.
«Quand il quitta la grande chambre, j'allai à sa rencontre dans le passage; il était rayonnant de joie, et paraissait fort agité. Ne présumant pas qu'il me tendrait la main, je tenais mon parapluie de la droite, de sorte que, dans mon empressement de serrer la sienne dès qu'il me la tendit, je le fis d'abord de la gauche. «Quoi! s'écria-t-il, votre main gauche à un ami, dans une telle occasion!» Je lui montrai mon parapluie pour excuse, et, le changeant aussitôt de main, je lui présentai la droite qu'il pressa et secoua avec force. Il était dans l'enchantement, il me répéta plusieurs des complimens qu'on lui avait faits, et me cita un ou deux pairs qui avaient témoigné le désir de faire sa connaissance. Il finit par me dire, toujours en parlant de son discours: mon cher, voilà la meilleure préface que je puisse vous donner pour Childe-Harold.»
Ce discours en lui-même, tel qu'il nous est donné par M. Dallas, d'après le manuscrit du noble orateur, est plein de force et de mordant, et cette même sorte d'intérêt que l'on éprouve à la lecture des vers de Burke, on peut l'éprouver en lisant les essais peu nombreux de Byron dans l'éloquence oratoire.
Je trouve, dans son Memorandum, les remarques suivantes relatives à ses essais d'éloquence parlementaire, et surtout à son premier discours.
«Le goût de Shéridan pour moi, qu'il fût vrai ou simplement une mystification, je le devais à mes Poètes anglais et les Journalistes écossais. (Je dois croire cependant qu'il était sincère, car lady Caroline Lamb et d'autres personnes m'ont assuré lui avoir entendu exprimer la même opinion avant et après qu'il m'eût connu.) Il m'a dit plusieurs fois qu'il ne se souciait pas de la poésie (de la mienne du moins), qu'il n'aimait mes Poètes anglais que parce qu'il y voyait quelque chose qui annonçait que je deviendrais un grand orateur; si je voulais m'exercer et m'occuper des affaires parlementaires. Il ne cessa de me le répéter jusqu'à la fin; et je me rappelle que mon professeur Drury avait de moi la même idée quand j'étais enfant, mais je ne m'en suis jamais senti la vocation ni l'envie. J'ai parlé une fois ou deux, comme font tous les jeunes pairs: c'est une sorte d'entrée dans la vie publique; mais la dissipation, un peu de mauvaise honte, des opinions hautaines et réservées m'ont empêché de renouveler l'expérience. Une autre raison, c'est le peu de tems que je suis resté en Angleterre depuis ma majorité, en tout pas plus de cinq ans. Je n'avais cependant pas lieu d'être découragé, surtout à mon premier discours (je n'ai parlé que trois ou quatre fois en tout); mais peu de jours après parut Childe-Harold, et personne ne songea plus à ma prose, pas même moi; elle devint pour moi un objet secondaire et négligé; cependant, quelquefois je serais curieux de savoir si j'y aurais réussi.»
On peut voir, dans une lettre à M. Hodgson, quelles impressions avait faites sur lui le succès de son premier discours.
LETTRE XC
5 mars 1812.
Mon Cher Hodgson,
«Nous ne sommes pas responsables de nos discours tels qu'ils paraissent dans les journaux; ils y sont toujours donnés d'une manière incorrecte: cela a été surtout le cas cette fois-ci, à cause des débats de la Chambre des Communes pendant cette même soirée. Le Morning-Post aurait dû dire dix-huit ans. Cependant vous trouverez mon discours, tel que je l'ai prononcé, dans le Parliamentary-Register, dès qu'il paraîtra. Comme vous l'avez pu voir dans les journaux, lord Holland et lord Granville, et surtout le dernier, m'ont fait de fort beaux complimens dans leurs discours; et lord Eldon m'a répondu ainsi que lord Harrowby. J'ai reçu depuis, personnellement, et par l'intermédiaire de mes amis, de magnifiques éloges des ministériels… oui, des ministériels, aussi bien que de ceux de l'opposition. Je ne vous citerai que sir E. Burdett. Il dit, probablement parce qu'il rentre dans ses idées, que c'est le meilleur discours prononcé par un lord; Dieu sait depuis combien de tems. Lord Holland m'a dit que je les battrais tous, si je voulais persévérer; et lord Granville a remarqué que la construction de quelques-unes de mes périodes rappelait beaucoup la manière de Burke!! Il y a là de quoi donner de la vanité. J'ai dit les choses les plus violentes avec une sorte d'impudence modeste, insulté tout le monde, mis le lord chancelier d'assez mauvaise humeur; et pourtant, si j'en dois croire mes rapports, ma réputation n'en a pas du tout souffert. Pour mon débit, il a été assez élevé et assez facile, peut-être un peu trop théâtral. Je ne saurais, dans ces journaux, me reconnaître moi-même, ni qui que ce soit.............. .......................
»Mon poème paraît samedi. Hobhouse est ici, je lui dirai d'écrire. Ma pierre est partie pour le présent; mais je crains d'en avoir pour la vie. Nous parlons tous d'une visite à Cambridge.
»Tout à vous,»
BYRON.
Sous la même date, il adressa à lord Holland un exemplaire de son ouvrage, avec la lettre suivante, pleine de candeur et des plus nobles sentimens.
LETTRE XCI
5 mars 1812.
Milord,
«Puis-je espérer que votre seigneurie voudra bien accepter un exemplaire de l'ouvrage ci-joint? Vous avez si complètement prouvé la vérité du premier vers de la strophe de Pope: Le pardon appartient à l'injure, que je me hâte de saisir cette occasion de donner un démenti au vers suivant. Si je n'étais bien convaincu que tout ce qui, dans ma jeunesse, s'est échappé d'une tête follement irritée, a fait sur votre seigneurie aussi peu d'impression qu'il en méritait, je n'aurais pas le courage (peut-être donnerez-vous à mon action un nom plus sévère et plus juste), de vous offrir un in-4° du même auteur. J'ai appris avec peine que votre seigneurie souffrait de la goutte: si mon livre peut vous faire rire de lui-même ou de son auteur, il aura du moins servi à quelque chose; s'il pouvait vous faire dormir, je m'en estimerais plus heureux encore; et puisque certains personnages facétieux ont dit, il y a plusieurs siècles, que les vers sont de franches drogues, je vous offre les miens comme de faibles assistans de l'eau médicinale.
»J'espère que vous me pardonnerez cette bouffonnerie comme les autres, et me croirez, avec le plus profond respect,
»De votre seigneurie,
»Le très-affectionné et obligé serviteur,»
BYRON.
Deux jours après son discours à la Chambre Haute, parut Childe-Harold 17; et l'impression qu'il fit sur le public fut aussi instantanée que profonde et durable. Le génie seul pouvait assurer la continuité