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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10. George Gordon Byron
Читать онлайн.Название Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10
Год выпуска 0
isbn http://www.gutenberg.org/ebooks/30994
Автор произведения George Gordon Byron
Жанр Зарубежная классика
Издательство Public Domain
«Offert à ma chère sœur Augusta, à ma meilleure amie, à celle qui m'a toujours aimé beaucoup plus que je ne le méritais, par le fils de son père, et son très-affectionné frère,
BYRON.»
Il y a des personnes qui veulent voir, dans le caractère particulier du génie de Byron, des traits frappans de ressemblance avec celui du tems où il a vécu; qui pensent que les grands événemens qui signalèrent la fin du dernier siècle, en donnant une nouvelle impulsion aux esprits, en les habituant aux idées libres et grandes, en ouvrant la carrière aux hommes entreprenans dans tous les genres, amenèrent naturellement la production d'un poète tel que Byron; qui, enfin, le considèrent comme le représentant de la révolution dans la poésie, aussi bien qu'un autre grand homme, Napoléon, en fut le représentant dans le gouvernement des états et la science de la guerre. Sans adopter cette opinion dans toute son étendue, il faut avouer que la liberté donnée à toutes les passions, à toutes les énergies de l'esprit humain, dans la grande lutte de cette époque, jointe au spectacle constant de ces vicissitudes épouvantables qui avaient lieu presque chaque jour sur le théâtre du monde, avait créé, dans tous les esprits, dans toutes les intelligences, un goût prononcé pour les impressions fortes, que les stimulans puisés aux sources ordinaires ne pouvaient plus contenter; on peut avouer encore qu'un asservissement abject aux autorités établies était tombé en discrédit, non moins en littérature qu'en politique, et que le poète dont les chants respireraient le plus complètement cet esprit sauvage et passionné du siècle, qui oserait sans règles et sans entraves s'avancer jusqu'aux dernières limites dans l'empire du génie, était plus sûr de rencontrer un public disposé à sympathiser avec ses nobles inspirations.
Il est vrai qu'à la licence sur les sujets religieux qui s'était débordée pendant les premiers actes de ce drame terrible, avait succédé pendant quelque tems une disposition d'esprit dans un sens diamétralement opposé. Non-seulement la piété, mais le bon goût s'étaient révoltés contre les plaisanteries et la dérision des choses saintes; et si Lord Byron, en traitant de tels sujets dans Childe-Harold, eût adopté ce ton de légèreté et de persiflage, auquel il est malheureusement descendu quelquefois dans la suite, toute l'originalité, toute la beauté de cet ouvrage n'eussent pu lui assurer un triomphe aussi prompt et si incontesté. Les sentimens religieux qui se sont développés dans toute l'Europe depuis la révolution française, comme les principes politiques nés du même événement, en rejetant toute la licence de cette époque, avaient conservé cependant son esprit de liberté et de recherche. Parmi les premiers résultats de cette piété ainsi agrandie et éclairée, est cette liberté qu'elle porte les hommes à accorder aux opinions et même aux hérésies des autres. Pour des personnes sincèrement religieuses, et par conséquent tolérantes, c'était sans doute un grave spectacle que celui d'un grand génie comme Byron, éclipsé par les ténèbres du scepticisme. Si elles avaient connu elles-mêmes auparavant ce que c'est que douter, elles éprouvaient une sympathie mélancolique pour lui; si au contraire elles étaient toujours demeurées tranquilles dans le port de la foi, elles jetaient un œil de pitié sur un malheureux encore en proie à l'erreur. En outre, quelqu'erronées que fussent alors ses idées en matière religieuse, il y avait dans son caractère et dans sa destinée quelques circonstances qui laissaient encore l'espoir qu'un jour plus pur pourrait luire pour lui. Son tempérament et sa jeunesse ne pouvaient faire craindre qu'il fût déjà endurci dans ses égaremens; on savait que, pour un cœur ulcéré comme le sien, il n'y avait qu'une source véritable de consolations: ainsi l'on espérait que l'amour de la vérité, si visible dans tout ce qu'il avait écrit, lui permettrait un jour de la découvrir.
Une autre, et l'une des causes qui, avec le mérite réel de son ouvrage, contribuèrent le plus puissamment à lui assurer le succès prodigieux qu'il obtint, fut sans doute la singularité de son histoire personnelle et de son caractère. La manière dont il avait fait son entrée dans le monde avait été assez extraordinaire pour exciter vivement l'attention et l'intérêt. Tandis que dans la classe à laquelle il appartenait, tous les autres jeunes gens de mérite s'y présentaient précédés des éloges et des espérances d'une foule d'amis, le jeune Byron y était entré seul, sans être annoncé, sans être attendu, représentant une ancienne maison dont le nom, long-tems enseveli dans les sombres solitudes de Newsteadt, semblait se réveiller en sa personne du sommeil d'un demi-siècle. Les circonstances qui suivirent la prompte vigueur de ses représailles sur ceux qui avaient attaqué sa gloire littéraire; sa disparition de la scène de son triomphe aussitôt qu'il eut vaincu, sans qu'il daignât attendre les lauriers qu'il avait mérités; son départ pour un voyage lointain, dont il laissait au hasard et au caprice le soin de fixer la durée et les limites: toutes ces circonstances successives avaient jeté un air aventureux sur le caractère du poète, et préparé les lecteurs à venir au-devant des impressions de son génie. En faisant une connaissance plus intime avec lui, loin de le voir tomber au-dessous de ce qu'ils avaient imaginé, ils découvrirent en lui de nouvelles singularités, de nouveaux motifs d'intérêt bien supérieurs à tout ce qu'ils avaient pu prévoir: tandis que la curiosité et la sympathie excitées par ce qu'il avait laissé transpirer de son histoire étaient encore enflammées davantage par le mystère qui environnait tout ce qu'il lui restait encore à raconter. Les pertes récentes qu'il avait faites, et qu'il avait si douloureusement ressenties, donnaient de la réalité aux idées que ses admirateurs s'étaient faites, et semblaient les autoriser à imaginer plus encore. Ce que l'on avait dit du poète Young, qu'il trouva l'art de faire partager ses chagrins particuliers au public, pourrait avec plus de force et de vérité s'appliquer aussi à Lord Byron.
Les avantages dont nous venons de parler agirent avec beaucoup de force dans le cercle de société avec lequel il se trouva immédiatement en contact, soutenus par d'autres qui eussent présenté assez d'attraction, surtout aux femmes, quand bien même il n'aurait pas possédé tant de grandes qualités. Sa jeunesse, la beauté noble et mâle de ses traits empreints d'une mélancolie gracieuse; la douceur de sa voix et de ses manières avec les femmes; la fierté qu'il déployait dans l'occasion avec les hommes; la singularité de tout ce que l'on rapportait de son genre de vie, si propre à exciter et à nourrir la curiosité: toutes ces petites circonstances, toutes ces habitudes concoururent à répandre promptement sa réputation. On ne saurait nier non plus que, parmi bien d'autres sources plus pures d'intérêt, l'on ne doive compter les allusions qu'il fait dans son poème à des passions heureuses; allusions qui n'étaient pas sans influence sur l'imagination d'un sexe qui se laisse vaincre avec moins de résistance par ceux que recommandent un plus grand nombre de succès antérieurs.
Il était convaincu, en partie peut-être par modestie que son rang était entré pour beaucoup dans les causes de la vogue de son livre. «J'en dois une grande partie, disait-il à M. Dallas, à mon titre de lord.» On serait d'abord disposé à croire qu'un charme de cette nature ne devrait opérer que sur des hommes d'un rang inférieur; mais ces paroles mêmes sont la meilleure preuve qu'il n'est point de classe où l'on sente et apprécie aussi vivement l'avantage d'être noble que dans la classe de ceux qui le sont. Il était naturel aussi que l'admiration de cette société pour le nouveau poète fût augmentée par le sentiment qu'il était sorti de son sein, et que leur ordre avait à la fin produit un homme de génie qui paierait amplement les arrérages de leur contribution dûs depuis si long-tems au trésor de la littérature anglaise.
Enfin, pour me résumer, si l'on considère tous les avantages que je viens d'énumérer, on pourra voir que jamais il n'a existé, et que probablement il n'existera jamais une intelligence aussi vaste, un génie aussi surprenant, aidé de tant de circonstances et de qualités qui captivent le monde et le jettent dans l'admiration. Aussi l'effet fut-il électrique; sa renommée ne passa pas par les gradations ordinaires, elle s'éleva et atteignit toute sa hauteur en un jour, comme un palais dans les contes de fées. Ainsi qu'il le dit lui-même dans ses Memoranda: «Je m'éveillai un matin et me trouvai un homme célèbre.» La première édition de son ouvrage fut enlevée en un moment; et comme les échos de sa renommée se multipliaient de tous côtés, les noms de Childe-Harold et de Lord Byron remplirent bientôt toutes les bouches. Les plus grands personnages vinrent s'inscrire à sa porte; et, parmi ceux-ci, plusieurs de ceux