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eux étaient énormes. Ils n’auraient pas de seconde chance dans cette vie. Les princesses dont ils avaient besoin pour gagner le jeu étaient hors de leur portée. Les dragons qui vivaient en eux les consumeraient s’ils ne trouvaient pas un moyen de gagner.

      Même si Corin avait envie d’une sacrifiée, il n’avait aucun moyen d’en obtenir une. Les Valkyries avaient défendu aux humains mâles d’offrir leurs vierges longtemps auparavant. Cardi avait été la dernière à être sacrifiée. Ce n’était pas les hommes qui l’avaient offerte en sacrifice en échange de pierres précieuses. C’était les Valkyries qui l’avaient apportée elles-mêmes. La raison pour laquelle elles avaient enfreint leur propre règle n’était toujours pas très claire pour Corin. Mais il y avait peu de chance pour qu’elles recommencent.

      On frappa un coup à la porte tout en bas. Aucune des créatures vivant derrière le Voile ne s’aventurerait au château des dragons au milieu de la nuit. Sauf si elle avait envie de finir comme en-cas nocturne. Seul un groupe de créatures était plus haut dans la chaîne alimentaire que les dragons.

      — J’y vais, dit Corin en se levant.

      Ilia ne daigna même pas lever les yeux de son jeu. Corin attrapa le sac laissé par son frère jumeau aîné et descendit les escaliers. Les pierres précieuses cliquetèrent à l’intérieur du sac à chacun de ses pas. Corin soupçonnait que la livraison de ce soir serait importante.

      Le coup frappé à la porte venait de l’arrière du château. De l’autre côté de la montagne, à sa base, il existait un passage entre les mondes. L’endroit était invisible à l’œil nu. Mais si quelqu’un, d’un côté ou de l’autre, s’en approchait, un flot d’énergie le submergeait.

      Les dragons ne s’aviseraient pas d’emprunter ce passage. Non seulement parce que c’était interdit, mais aussi parce que, bien qu’ils soient l’une des espèces les plus fortes de ce côté-ci du Voile, ils n’étaient pas taillés pour survivre dans le monde des humains. La plupart des fées étaient revenues de ce côté-ci du Voile, se plaignant de la pollution, de quelque chose appelé pesticides, et d’un trou dans le ciel qui laissait passer les rayons du soleil les plus dangereux.

      Et malgré cela, les humains étaient la création préférée de la Déesse ?

      Corin ouvrit la porte arrière du château pour découvrir un dragon sur le seuil. Les écailles de ce dragon étaient du même brun que la terre, pas de l’une des nuances des joyaux qui se trouvaient dans les mines sous le château. Ce dragon n’était pas l’un des frères de Corin, mais l’un de ses ancêtres.

      Les dragons descendaient de l’une des créations favorites de la Déesse appelée dinosaure. Lorsque la Déesse s’était amusée avec la composition génétique des dinosaures, les premiers dragons étaient nés. Comme c’était le cas pour beaucoup de Ses créations, Elle avait entrepris de façonner les dragons à Son image et avait placé un homme dans le ventre de la bête. Et puis, comme avec la plupart de Ses créations, Elle avait perdu tout intérêt pour le projet et était partie s’amuser avec une autre espèce.

      Les dragons étaient tout ce qui restait de ces lézards géants. Personne ne savait pourquoi ils avaient disparu de la surface de la Terre. Bien que Corin ait lu des théories humaines farfelues à propos de rochers tombés du ciel.

      Il y avait de l’intelligence dans le regard du dragon sur le seuil de la porte, mais aucune volonté propre. C’était un dragon de pure race, pas un métamorphe. Il n’y avait pas d’homme à l’intérieur de cette créature.

      À une époque, Corin avait eu pitié du fait que les dragons de pure race n’avaient aucun contrôle sur leur propre vie. Ils étaient esclaves des autres. À présent, il les enviait de n’avoir aucune aspiration à être davantage que ce qu’ils étaient.

      La plupart du temps.

      De larges sacoches pendaient des flancs de la bête. Le chargement incluait l’armure bleu clair de la Valkyrie. La bête, qui avait autrefois été utilisée comme arme de guerre pour récupérer les mâles tombés au combat, avait été réduite à l’état de bête de somme.

      La femme en question glissa du dos du dragon avec un saut périlleux et un grand salut. À la place de son armure, elle portait un bout de tissu sur lequel était écrit Hooters. Au lieu de porter une protection sur les jambes, elle portait ce que Corin avait appris qu’on nommait un micro-short. Un vêtement dans lequel Kimber avait défendu à Cardi de se pavaner dans le château.

      — Hé, Cory.

      Corin détestait qu’on raccourcisse son nom. Mais il ne contredit pas l’une des filles de la Déesse.

      — Salutations, Morrigan.

      — C’est bon, mec. Tu peux m’appeler Morri.

      Corin n’aimait pas non plus le terme mec. Ça sonnait un peu trop comme un autre mot humain pour désigner des excréments. Mais, à nouveau, on ne contredisait pas une Valkyrie.

      Morrigan déposa l’une des larges sacoches avec un bruit sourd. Le dessus du sac s’ouvrit sous le choc, révélant son contenu. À l’intérieur, il y avait un stock de chemises aux couleurs vives et criardes, des shorts élastiques avec des jupes en dentelle attachées, et des pièces tubulaires molles appelées chaussettes. Corin détourna le regard de bouts de tissu triangulaires connectés dont il avait appris qu’ils s’appelaient soutiens-gorges. Des bouteilles de Coca-Cola Original s’entrechoquaient à côté de boîtes de bonbons Nerds et de paquets de Hot Pockets.

      — C’est le vingt-et-unième siècle, là-bas, dit la Valkyrie. La mode des années 80 est de plus en plus difficile à trouver vu que ceux de la génération X sont maintenant des grands-parents avec poignées d’amour et bourrelets. Mais, évidemment, la Madge de cinquante ans se balade encore les fesses à l’air de temps en temps. Tu savais qu’elle partait toujours en tournée ?

      La plupart du temps, Corin n’avait aucune idée de ce dont la Valkyrie ou la jeune humaine sous leur protection parlaient. Il hochait simplement la tête et s’éclipsait discrètement de la conversation et de la pièce.

      — Kimber est parti au repaire des loups avec Cardi. Mais il m’a laissé votre paiement.

      Corin tendit le sac de pierres précieuses en échange de la sacoche et se prépara à opérer une retraite rapide. Le bavardage n’était pas son fort.

      Les yeux de la Valkyrie étincelèrent en examinant les diamants à l’intérieur du sac. Bien que les Valkyries soient les créatures les plus fortes du Voile, les pierres précieuses étaient leur seule faiblesse. En dehors de l’utilisation de leur force brute, c’était comme ça que les dragons maintenaient leur rang de deuxièmes dans ce jardin de créatures surnaturelles.

      Pour atteindre les pierres précieuses, il fallait à la fois le feu et les fortes griffes acérées des dragons. Aucune autre créature derrière le Voile ne possédait ces deux forces. C’était pour cette raison que les joyaux étaient une denrée rare.

      Malheureusement, les dragons n’étaient pas réputés pour partager leur trésor. Corin songea que le poids du sac de pierres précieuses de Kimber était un prix énorme pour des choses aussi frivoles. Mais les dragons étaient réputés pour faire des folies pour leurs sacrifiées.

      Lorsque Corin se retourna pour s’en aller, un mouvement dans une autre sacoche attira son attention. Il savait que ça devait être un humain mâle. Les Valkyries se rendaient de l’autre côté du Voile, dans le monde des humains, et retiraient la lie de l’humanité de la mêlée pour les emmener au Valhalla, un endroit pire que les boyaux de l’enfer.

      Morrigan avait fait un beau coup de filet, ce soir. Il y avait deux sacoches sur le dos du dragon. L’une s’agitait, la puanteur de mort flottant à travers le tissu jusqu’au nez de Corin. L’autre sac demeurait immobile.

      — À la prochaine fois, dit Corin en chargeant le sac de babioles sur son dos et en se tournant vers la

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