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Joseph Mallord William Turner (Londres, 1775 – 1851) A 15 ans, Turner exposait déjà une Vue de Lambeth. Il acquit très tôt la réputation d'un aquarelliste extrêmement habile. Disciple de Girtin et de Cozens, il montra par son choix et la façon de présenter ses thèmes une imagination pittoresque qui semblait le destiner à une brillante carrière d'illustrateur. Il voyagea, d'abord dans son pays natal et puis, à plusieurs occasions, en France, dans la vallée du Rhin, en Suisse et en Italie. Son intérêt commença toutefois à dépasser le cadre de l'illustration : l'idéal du paysage lyrique, dominant et inspirateur, se faisait jour, même dans des oeuvres où nous sommes tentés de ne voir rien d'autre qu'une imagination pittoresque. Son choix d'un unique maître du passé est éloquent, étudiant en profondeur toutes les toiles du Lorrain qu'il put trouver en Angleterre, les copiant et les imitant avec une extraordinaire perfection. Il ne se départit jamais de son culte pour le grand peintre. Il voulut que son Lever du soleil à travers la vapeur soit placé à la National Gallery aux côtés de deux chefs-d'oeuvre du Lorrain ; et c'est là que nous pouvons les y voir et juger du bien-fondé de ce fier et splendide hommage. Ce n'est qu'en 1819 que Turner se rendit en Italie, pour y retourner en 1829 et 1840. Sans aucun doute, Turner y ressentit des émotions et y trouva des sujets de rêverie qu'il transcrivit plus tard, dans les termes de son propre génie, en symphonies de lumière et de couleurs. La logique de la raison ne compte pas aux yeux de cette imagination nordique. Mais aucun Latin n'aurait possédé cette autre logique, monstrueuse à son goût, propre à l'Anglais consumé par un rêve solitaire et royal, indéfinissable et plein de merveilles, qui lui permettait d'abolir les frontières entre la vie (même la sienne) et les images qu'il créait. Le rêve du Latin, qu'il soit vénitien ou français, est un rêve de bonheur, à la fois héroïque et humain. L'ardeur y est tempérée par la mélancolie, et l'ombre y lutte avec la lumière. La mélancolie, même sous la forme où elle apparaît dans la création énigmatique et profonde d'Albrecht Dürer, n'a pas sa place dans le monde féerique et changeant de Turner : quelle place aurait-elle dans un rêve cosmique ? L'humanité est absente, sauf peut-être sous la forme de personnages de théâtre que nous regardons à peine. Une peinture de Turner nous fascine, et pourtant nous ne pensons à rien de précis, rien d'humain ; seulement à des couleurs inoubliables et aux spectres qui hantent nos imaginations. En réalité, l'humanité ne l'inspire que lorsqu'elle est liée à l'idée de mort, mais d'une mort étrange, une dissolution lyrique – comme le finale d'un opéra.

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Egon Schiele (Tulln, 1890 – Vienne,1918) L’oeuvre d’Egon Schiele est tellement singulière qu’elle résiste à toute catégorisation. Admis à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne dès l’âge de seize ans, ce fut un artiste extraordinairement précoce, dont le talent consommé pour le maniement de la ligne, plus que tout autre chose, conférait une tension expressive à toute son oeuvre. Profondément convaincu de sa propre importance en tant qu’artiste, Schiele réalisa plus de choses dans sa jeunesse, brutalement abrégée, que beaucoup d’artistes dans toute leur existence. Ses racines puisaient dans le Jugendstil du mouvement de la Sécession Viennoise. Comme toute sa génération, il tomba sous l’influence écrasante de l’artiste le plus illustre et charismatique de Vienne, Gustav Klimt. A son tour, Klimt reconnut le remarquable talent de Schiele et encouragea le jeune artiste, qui au bout de deux ans, rompait déjà avec la sensualité décorative de son mentor. Amorçant une intense période de créativité vers 1910, Schiele entama un intrépide exposé de la forme humaine – sans oublier la sienne – si pénétrant, qu’il est clair que l’examen auquel il se livrait était plus psychologique, spirituel et émotionnel, que physique. Il peignit plusieurs vues urbaines, paysages, portraits formels et sujets allégoriques, mais ce sont ses oeuvres sur papier, extrêmement candides, parfois ouvertement érotiques, et son penchant pour les modèles trop jeunes, qui rendirent Schiele vulnérable à la critique morale. En 1912, il fut soupçonné et emprisonné pour une série d’atteintes aux moeurs incluant le kidnapping, le viol et la débauche publique. Les accusations les plus graves (toutes sauf celle de débauche publique) furent abandonnées, mais Schiele passa environ trois semaines désespérées en prison. En Allemagne, les cercles expressionnistes offrirent un accueil tiède au travail de Schiele. Son compatriote, Kokoschka, réussissait beaucoup mieux dans ce domaine. Tandis qu’il admirait les artistes munichois du Blaue Reiter, par exemple, ceux-ci le repoussaient. Plus tard, pendant la Première Guerre mondiale, son oeuvre se fit mieux connaître et, en 1916, Schiele fut présenté dans un numéro de magazine expressionniste de gauche, basé à Berlin, Die Aktion, et on finit par l’apprécier. Il fut considéré très tôt comme un génie. Cela lui valut le soutien d’un petit groupe de collectionneurs et d’admirateurs très patients. Néanmoins, pendant plusieurs années, ses finances furent précaires. Il avait souvent des dettes et était parfois forcé d’utiliser du matériel bon marché, de peindre sur du papier d’emballage marron ou du carton, au lieu du papier et des toiles réservés aux artistes. Ce n’est qu’en 1918, qu’il connut son premier succès public notable à Vienne. Tragiquement, quelque temps plus tard, il fut emporté avec sa femme, Edith, par l’épidémie massive de grippe de 1918, qui venait de tuer Klimt et des millions d’autres victimes, et ils moururent à quelques jours d’intervalle. Schiele n’avait que vingt-huit ans.

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Tout à la fois influencé par les maîtres de l’Antiquité, le génie de Michel-Ange et la sculpture baroque, Auguste Rodin est l’un des artistes les plus reconnus de l’histoire. Bien qu’il soit considéré comme l’un des fondateurs de la sculpture moderne, Rodin n’a jamais critiqué la tradition classique. Nombre de ses sculptures furent critiquées et controversées en raison de leur sensualité ou de leur réalité crue. Ses œuvres les plus originales se détachaient des traditionnels thèmes mythologiques ou allégoriques pour étreindre le corps humain, célébrer l’individualisme et la matérialité. Ce livre dévoile la vie et la carrière de cet artiste en explorant ses œuvres majeures telles que La Porte de l’Enfer, Le Penseur et le fameux Baiser.

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Amedeo Modigliani (Livourne, 1884 – Paris, 1920) Amedeo Modigliani naquit en Italie en 1884 et mourut à Paris à l’âge de trente-cinq ans. Très tôt il s’intéressa à l’étude du nu et à la notion classique de la beauté idéale. En 1900-1901 il visita Naples, Capri, Amalfi et Rome, puis Florence et Venise, et étudia tout d’abord des chefs-d’oeuvre de la Renaissance. Il fut impressionné par les artistes du Trecento (XIVe siècle), parmi lesquels Simone Martini (vers 1284-1344), dont les silhouettes longues et serpentines, représentées avec une grande délicatesse de composition et de couleur et imprégnées d’une tendre tristesse, annonçaient la sinuosité et la luminosité manifestes dans l’oeuvre de Sandro Botticelli (vers 1445-1510). Ces deux artistes influencèrent clairement Modigliani, qui utilisa la pose de la Vénus de Botticelli dans La Naissance de Vénus pour son Nu debout (Vénus) (1917) et sa Femme rousse en chemise (1918), ainsi qu’une inversion de cette pose dans son Nu assis au collier (1917). A la dette de Modigliani à l’art du passé (silhouettes des Cyclades de la Grèce antique principalement) fut ajoutée l’influence de l’art d’autres cultures (africaines par exemple) et du cubisme. Les cercles et courbes équilibrés, bien que voluptueux, y sont soigneusement tracés et non naturalistes. On les retrouve dans l’ondulation des lignes et la géométrie des nus de Modigliani, tels le Nu Allongé. Les dessins des Caryatides lui permirent d’explorer le potentiel ornemental de poses qu’il eut été incapable de traduire en sculpture. Pour ses séries de nus, Modigliani emprunta les compositions de nombreux nus célèbres du grand art, dont ceux de Giorgione (vers 1477-1510), Titien (vers 1488-1576), Ingres (1780-1867), et Velázquez (1599-1660), en faisant abstraction toutefois de leur romantisme et de la lourdeur du décor. Modigliani appréciait également l’oeuvre de Goya (1746-1828) et d’Edouard Manet (1832-1883), qui avaient fait scandale en peignant des femmes de la vie réelle nues, rompant ainsi les conventions artistiques voulant que les nus soient placés dans des cadres mythologiques, allégoriques ou historiques.

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Gustav Klimt (Baumgarten, 1862 – Vienne, 1918) «Faire un autoportrait ne m'intéresse pas. Les sujets de peinture qui m'intéressent ? Les autres et en particulier les femmes… » Aucune référence au monde extérieur ne vient contrarier le charme des allégories, portraits, paysages et autres personnages que l'artiste peint. Des couleurs et des motifs d'inspiration orientale (Klimt a été très influencé par le Japon, l'ancienne Egypte et la Ravenne byzantine), un espace bidimentionnel dépourvu de profondeur et une qualité souvent stylisée de l'image, autant d'éléments utilisés par le peintre pour créer une oeuvre séduisante, où le corps de la femme s'expose dans toute sa volupté. A 14 ans, il obtient une bourse d'Etat pour entrer à la Kunstgewerbeschule (l'Ecole viennoise des Arts et Métiers). Très vite, ses talents de peintre et de dessinateur s'affirment. Ses toutes remières oeuvres lui valent un succès inhabituellement précoce. Sa première grande initiative date de 1879 : il crée cette année-là la Künstlerkompagnie (la compagnie des artistes) avec son frère Ernst, et Franz Matsch. A Vienne, la fin du XIXe siècle est une période d'effervescence architecturale. L'empereur François– Joseph décide, en 1857, de détruire les remparts entourant le coeur médiéval de la ville. Le Ring, financé par l'argent du contribuable, est alors construit : de magnifiques résidences y côtoient de superbes parcs. Ces changements profitent à Klimt et à ses associés, leur fournissant de multiples occasions de faire montre de leur talent. En 1897, Klimt, accompagné de quelques amis proches, quitte la très conservatrice Künstlerhausgenossenschaft (Société coopérative des artistes autrichiens) ; il fonde le mouvement Sécession et en prend la présidence. La reconnaissance est immédiate. Au-dessus du porche d'entrée de l'édifice, conçu par José Maria Olbrich est inscrite la devise du mouvement : «A chaque âge son art, à l'art sa liberté. » A partir de 1897, Klimt passa pratiquement tous ses étés sur l'Attersee, en compagnie de la famille Flöge. Durant ces périodes de paix et de tranquillité, il eut l'occasion de peindre de nombreux paysages qui constituent un quart de son oeuvre complète. Klimt exécute des croquis préparatoires à la plus grande partie de ses réalisations. Parfois, il exécute plus de cent études pour un seul tableau. Le caractère exceptionnel de l'oeuvre de Klimt tient peut-être à l'absence de prédécesseurs et de réels disciples. Il admirait Rodin et Whistler sans les copier servilement. En retour, il fut admiré par les peintres viennois de la jeune génération, tels Egon Schiele et Oskar Kokoschka.

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Vincent van Gogh (Groot-Zundert, Brabant, 1853 – Auvers-sur-Oise, 1890) La vie et l'oeuvre de Vincent van Gogh sont si étroitement liées qu'il est quasiment impossible de voir ses toiles sans y lire le récit de sa vie : van Gogh est en effet devenu l'incarnation du martyr souffrant et incompris de l'art moderne, l'emblème de l'artiste marginal. Le premier article, publié en 1890, donnait des détails sur la maladie de van Gogh. L'auteur de l'article voyait le peintre comme un «génie terrible et dément, souvent sublime, parfois grotesque, toujours à la limite du cas pathologique ». On sait très peu de choses sur l'enfance de Vincent. Á l'âge de 11 ans, il dut quitter le «nid humain », comme il le nommait lui-même, pour poursuivre sa scolarité dans divers internats. Le premier portrait nous montre van Gogh comme un jeune homme sérieux de dix-neuf ans. A cette époque, il avait déjà travaillé trois ans à La Haye et ensuite à Londres, dans la galerie Goupil & Co. En 1874, son amour pour Ursula Loyer s'acheva dans un désastre et un an plus tard, il fut transféré à Paris, contre son gré. A l'issue d'une discussion particulièrement violente au moment des fêtes de Noël 1881, son père, pasteur, ordonna à Vincent de partir. Avec cette ultime rupture, il abandonna son nom de famille, signant ses toiles d'un simple «Vincent ». Il se rendit à Paris et ne retourna jamais en Hollande. Á Paris il fit la connaissance de Paul Gauguin, dont il admirait énormément les peintures. L'autoportrait fut le principal sujet de Vincent de 1886 à 1888. En février 1888, Vincent quitta Paris pour Arles, et essaya de persuader Gauguin de le rejoindre. Les mois passés à attendre Gauguin furent les plus productifs de la vie de van Gogh. Il voulait montrer à son ami autant de toiles que possible et décorer la Maison jaune. Mais Gauguin ne partageait pas sa vision de l'art et rentra finalement à Paris. Le 7 janvier 1889, quatorze jours après son automutilation, Vincent quitta l'hôpital. Ignorant sa propre folie, il espérait se rétablir et oublier, mais en réalité, il y retourna deux fois cette année là. Au cours de son ultime séjour à l'hôpital, Vincent peignit des paysages dans lesquels il recréait le monde de son enfance. On dit que Vincent van Gogh se tira une balle dans la tempe dans un champ, mais décida de rentrer à l'hôtel et de se coucher. Le propriétaire informa le Dr Gachet et son frère, Theo ; ce dernier décrivit les derniers instants de sa vie qui prit fin le 29 juillet 1890 : «Je voulais mourir. Mais j'étais assis à son chevet, lui promettant que nous allions le guérir. […] », il répondit : «La tristesse durera toujours. »

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Pierre–Auguste Renoir (Limoges, 1841 – Cagnes-Sur-Mer, 1919) Pierre-Auguste Renoir naquit le 25 février 1841 à Limoges. En 1854, ses parents retirèrent l'enfant de l'école et le placèrent dans l'atelier des frères Lévy afin qu'il apprenne la peinture sur porcelaine. Son frère cadet, Edmond Renoir,racontait : «De ce qu'il usait des bouts de charbon sur les murs, on en conclut qu'il aurait du goût pour une profession artistique. Nos parents le placèrent donc chez un peintre en porcelaine. » Un des ouvriers de Lévy, Emile Laporte, pratiquait la peinture à l'huile pour son plaisir. Il proposa à Renoir d'utiliser ses toiles et ses couleurs. Et c'est récisément ainsi que naquit le premier tableau du futur impressionniste, qui fut montré très solennellement à Laporte dans la maison des Renoir. En 1862, Auguste Renoir réussit son examen d'entrée à l'École des Beaux-Arts. Il fréquente en même temps un atelier libre où enseigne le professeur Charles Gleyre. Le deuxième événement important de cette période de la vie de Renoir fut la rencontre, dans l'atelier Gleyre, de ceux qui devinrent ses meilleurs amis tout au long de sa vie et ses compagnons dans l'art. À un âge plus avancé, l'artiste déjà mûr eut la possibilité de voir des Rembrandt en Hollande, des Velàzquez, Goya et le Greco en Espagne, et des Raphaël en Italie. À l'époque où les amis se retrouvaient à la Closerie des Lilas, Renoir continuait de puiser son inspiration au Louvre : «Et pour moi, au moment de Gleyre, le Louvre c'était Delacroix. » La première exposition des impressionnistes devint, pour Renoir, le moment d'assertion de sa propre vision du peintre. Dans la vie de l'artiste, cette période fut marquée encore par un événement significatif : en 1873, il emménagea à Montmartre au numéro 35 de la rue Saint-Georges, où il vécut jusqu'en 1884. Il resta fidèle à Montmartre jusqu'à la fin de sa vie. Là, il trouva ses motifs de plein air, ses modèles et même sa famille. C'est justement dans les années 1870 que Renoir se fit des amis qui l'accompagnèrent jusqu'à la fin de ses jours. Le marchand Durand-Ruel devint l'un d'eux. Il commença à lui acheter des tableaux en 1872. L'été, comme toujours, Renoir peignait beaucoup, avec Monet, en plein air. Il venait à Argenteuil où Monet louait une maison pour sa famille. Avec eux travaillait parfois Edouard Manet. En 1877, à la troisième exposition des impressionnistes, Renoir présenta plus de vingt peintures. C'étaient des paysages exécutés à Paris, sur la Seine, en dehors de la ville et dans le jardin de Claude Monet ; des études de visages de femmes et des bouquets de fleurs ; les portraits de Sisley, de l'actrice Jeanne Samary, de l'écrivain Alphonse Daudet et de l'homme politique Spuller ; il y avait aussi La Balançoire et le Bal au Moulin de la Galette. Dans les années 1880, Renoir connut enfin le véritable succès. Il travaillait sur des commandes de riches financiers, de la propriétaire des Grands Magasins du Louvre, du sénateur Goujon. Ses peintures furent exposées à Londres, à Bruxelles, à la septième exposition internationale chez Georges Petit (1886). Dans sa lettre adressée à Durand-Ruel, à New York, il écrit : «L'exposition de Petit est ouverte et elle a pas mal de succès, diton. Car c'est difficile de savoir soi-même ce qui se passe. Je crois avoir fait un pas dans l'estime publique, petit pas. Mais c'est toujours ça ».

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Harmensz van Rijn Rembrandt (Leyde, 1606 – Amsterdam, 1669) Tout chez Rembrandt est un mystère complet, son esprit, son caractère, sa vie, son œuvre et sa méthode de peinture. Mais ce que nous pouvons deviner de sa nature profonde à travers sa peinture et les incidents triviaux ou tragiques de sa vie malheureuse (son penchant pour le faste le poussa à la faillite), dont les infortunes ne s'expliquent pas complètement, révèle une effervescence de ses idées et de ses sentiments, des impulsions contradictoires émergeant des profondeurs de son être comme la lumière et l'ombre de ses toiles. Malgré cela, rien dans l'histoire de l'art ne nous donne une plus profonde impression d'unité que ses peintures, bien que composées d'éléments très hétéroclites aux significations les plus complexes. On a le sentiment que son esprit, génial, brillant et libre, audacieux et ignorant toute servitude, qui le mena aux plus nobles considérations et aux plus sublimes rêveries, jaillissait de la même source que ses émotions. C'est de là que provient cette composante tragique qu'il imprima à tout ce qu'il peignait, quel que fût le sujet. Son œuvre était donc inégale, car le sublime, qui était le propre d'un homme tel que lui, n'est pas une chose quotidienne. C'est comme si cette personnalité singulière, étrange, attirante et presque énigmatique à la fois avait été lente à se développer, ou du moins à connaître sa pleine dimension. Que Rembrandt ait possédé un talent précoce et une vision originale du monde, ses dessins de jeunesse et ses premiers autoportraits des années 1630 le prouvent assez. En peinture, cependant, il ne trouva pas immédiatement la méthode pour exprimer les choses encore incompréhensibles qu'il avait à dire, la technique audacieuse, globale et personnelle que nous admirons dans ses chefs-d'œuvre de la maturité et de la vieillesse, mais qui, en dépit de sa subtilité, fut jugée brutale et contribua certainement à l'éloigner de son public. Il adopta d'abord un style sophistiqué très similaire à la manière des «Petits Maîtres » de son pays. Toutefois, à ses débuts et au temps de ses premiers succès, l'éclairage joua un rôle majeur dans sa conception de la peinture et il en fit le principal instrument d'investigation des arcanes de sa vie intérieure. Il lui révéla la poésie de la physionomie humaine lorsqu'il peignit le Philosophe en méditation, ou La Sainte Famille, si délicieusement absorbée dans sa modeste intimité, ou l'ange Raphaël quittant Tobias. Mais bientôt il exigea plus, et La Ronde de nuit marqua immédiatement l'apothéose de sa réputation. Peu à peu, il évolua en s'éloignant du naturalisme des premières heures et des clairs-obscurs abrupts, arrondissant les angles et se tournant vers un monde plus coloré. Il songea aux grands vénitiens et emprunta leurs sujets pour produire une forme d'art né d'une vie intérieure et d'une émotion profonde. Les sujets mythologiques et religieux étaient traités comme ses portraits. Car tout ce qu'il puisait dans la réalité et même dans les œuvres des autres, il le transmutait immédiatement en sa propre substance.

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Pablo Picasso (Málaga, 1881 – Mougins, 1973) Picasso naquit en Espagne et l’on dit même qu’il commença à dessiner avant de savoir parler. Enfant, il fut nstinctivement attiré par les instruments de l’artiste. Il pouvait passer des heures de joyeuse concentration à dessiner des spirales pourvues d’un sens qu’il était seul à connaître. Fuyant les jeux d’enfants, il traça ses premiers tableaux dans le sable. Cette manière précoce de s’exprimer contenait la promesse d’un rare talent. Nous nous devons de mentionner Málaga, car c’est là, le 25 Octobre 1881, que Pablo Ruiz Picasso naquit et qu’il passa les dix premières années de sa vie. Le père de Picasso était lui-même peintre et professeur à l’école des Beaux-Arts de la ville. Picasso apprit auprès de lui les rudiments de la peinture académique. Puis il poursuivit ses études à l’académie des Arts de Madrid mais n’obtint jamais son diplôme. Picasso, qui n’avait pas encore 18 ans, avait atteint le point culminant de sa rébellion, répudiant l’esthétique anémique de l’académisme et le prosaïsme du réalisme. Tout naturellement, il se joignit à ceux qui se qualifiaient de modernistes, c’est à dire, les artistes et les écrivains non-conformistes, ceux que Sabartés appelait «l’élite de la pensée catalane » et qui se retrouvaient au café des artistes Els Quatre Gats. Durant les années 1899 et 1900, les seuls sujets dignes d’être peints aux yeux de Picasso étaient ceux qui reflétaient la vérité ultime : le caractère éphémère de la vie humaine et l’inéluctabilité de la mort. Ses premières oeuvres, cataloguées sous le nom de «période bleue » (1901-1904), consistent en peintures exécutées dans des teintes bleues, inspirées par un voyage à travers l’Espagne et la mort de son ami Casagemas. Même si Picasso lui-même insistait fréquemment sur la nature intérieure et subjective de la période bleue, sa genèse et, en particulier, ce monochromatisme bleu, furent des années durant, expliqués comme les résultats de diverses influences esthétiques. Entre 1905 et 1907, Picasso entra dans une nouvelle phase, appelée la «période rose » caractérisée par un style plus enjoué, dominé par l’orange et le rose. A Gosal, au cours de l’été 1906, le nu féminin prit une importance considérable pour Picasso – une nudité dépersonnalisée, aborigène, simple, comme le concept de «femme ». La dimension que les nus féminins allaient prendre chez Picasso dans les mois suivants, précisément durant l’hiver et le printemps 1907, s’imposa lorsqu’il élabora la composition de son impressionnante peinture connue sous le titre des Demoiselles d’Avignon. S’il est vrai que l’art africain est habituellement considéré comme le facteur déterminant du développement d’une sthétique classique en 1907, les leçons de Cézanne sont quand à elles perçues comme la pierre angulaire de cette nouvelle progression. Ceci est lié tout d’abord à une conception spatiale de la toile comme une entité composée, soumise à un certain système de construction. Georges Braque, dont Picasso devint l’ami à l’automne 1908 et avec lequel il mena le cubisme à son apogée en six ans, fut surpris pas les similitudes entre les expériences picturales de Picasso et les siennes. Il expliquait que le «principal objectif du Cubisme était la matérialisation de l’espace. A l’issue de sa période cubiste, dans les années 1920, Picasso revint à un style plus figuratif et se rapprocha du ouvement surréaliste. Il représenta des corps difformes et monstrueux mais d’une manière très personnelle. Après le bombardement de Guernica en 1937, Picasso réalisa l’une de ses oeuvres les plus célèbres, symbole des horreurs de la guerre. Dans les années 1960, son art changea à nouveau et Picasso commença à regarder de plus près les grands maîtres, s’inspirant dans ses tableaux des oeuvres de Velázquez, Poussin, Goya, Manet, Courbet, Delacroix. Les dernières oeuvres de Picasso étaient un mélange de styles, devenant plus colorées, expressives et optimistes. Picasso mourut en 1973, dans sa villa de Mougins. Le symboliste russe Georgy Chulkov écrivit : «La mort de Picasso est une chose tragique. Pourtant, combien ceux qui croient pouvoir imiter Picasso ou apprendre de lui sont en vérité aveugles et naïfs. Apprendre quoi ? Ces formes ne correspondent à aucune émotion existant hors de l’Enfer. Mais être en Enfer signifie anticiper la mort, et les Cubistes ne s’intéressent guère à ce genre de connaissance infinie. »

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Claude Monet (Paris, 1840 – Giverny, 1926) Pour Claude Monet, le qualificatif d'impressionniste est toujours resté un sujet de fierté. Malgré tout ce que les critiques ont pu écrire sur son oeuvre, Monet n'a cessé d'être véritablement impressionniste jusqu'à la fin de sa très longue vie. Il l'a été par conviction profonde, et peut-être a-t-il sacrifié à son impressionnisme beaucoup d'autres possibilités que lui offrait son immense talent. Monet n'a pas peint de compositions classiques avec des personnages, il n'est pas devenu portraitiste, bien que tout cela fût compris dans sa formation professionnelle. Il s'est choisi, en fait, un seul genre, celui du paysage, et il y a atteint un degré de perfection auquel aucun de ses contemporains n'a pu parvenir. Pourtant, le garçonnet avait commencé par dessiner des caricatures. Puis Boudin lui conseilla d'abandonner la caricature et d'opter pour le paysage : c'est que la mer et le ciel, les animaux, les gens et les arbres sont beaux justement dans l'état où les a créés la nature, c'est-à-dire entourés d'air et de lumière. C'est en effet de Boudin que Monet hérita la conviction de l'importance du travail en plein air, conviction qu'il transmit plus tard à ses amis impressionnistes. Monet ne voulut pas entrer à l'École des Beaux-Arts. Il préféra fréquenter une école privée, l'Académie Suisse, fondée par un ancien modèle, quai des Orfèvres, près du pont Saint-Michel. On pouvait y dessiner et peindre un modèle vivant pour une somme modique. C'est là que Monet rencontra le futur impressionniste Camille Pissarro. C'est ensuite dans l'atelier de Gleyre, que Monet rencontra Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille. Il parlait aussi à ses amis d'un autre peintre qu'il avait également trouvé en Normandie. Il s'agissait de l'étonnant Hollandais Jongkind. «Il fut à partir de ce moment mon vrai maître », disait Monet. «C'est à lui que je dois l'éducation définitive de mon oeil ». Ces paysagistes normands, Boudin et Jongkind, se rangent au nombre des maîtres directs des impressionnistes. En 1871-1872, les paysages de Monet ne se distinguaient pas encore par une grande richesse de coloris ; ils rappelaient plutôt les tonalités de la peinture des artistes de Barbizon ou les marines de Boudin. Il composait une gamme de coloris sur la base de tons marron-jaune et bleu-gris. En 1877, lors de la troisième exposition des impressionnistes, Monet présenta, pour la première fois, une série de tableaux : sept vues de la gare Saint-Lazare. Il les choisit parmi les douze toiles peintes dans la gare. Ce motif, dans l'oeuvre de Monet, est dans la ligne non seulement du Chemin de fer de Manet et de ses propres paysages, avec trains et gare, à Argenteuil, mais aussi de la tendance qui commença à se manifester avec l'apparition des chemins de fer. Un beau matin, il réveilla Renoir avec un cri de victoire : «J'ai trouvé, la gare Saint-Lazare ! Au moment des départs, les fumées des locomotives y sont tellement épaisses qu'on n'y distingue à peu près rien. C'est un enchantement, une véritable féerie ». Il n'avait pas l'intention de peindre la gare Saint-Lazare de mémoire ; il voulait saisir les jeux de lumière du soleil sur les nuages de vapeur qui s'échappaient des locomotives. En 1883, Monet avait acheté une maison dans le village de Giverny, à proximité de la petite ville de Vernon. À Giverny, les séries devinrent une des principales méthodes de travail en plein air de Monet. Quand un journaliste, venu de Vétheuil pour interviewer Monet, lui demanda où se trouvait son atelier, le peintre répondit : «Mon atelier ! Mais je n'ai jamais eu d'atelier, moi, et je ne comprends pas qu'on s'enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui, pour peindre, non ». Montrant d'un geste large la Seine, les collines et la silhouette de la petite ville, il déclara : «Voilà mon atelier, à moi » Dès la dernière décennie du XIXe siècle, Monet commença à aller à Londres. Il commençait tous les tableaux à Londres, d'après nature, mais en terminait beaucoup, ensuite, à Giverny. Un ami de Monet, l'écrivain Octave Mirbeau, écrit que Monet avait accompli un miracle : à l'aide de couleurs, il avait réussi à reconstituer sur la toile une matière quasi insaisissable, à reproduire la lumière solaire, en l'enrichissant d'une quantité infinie de reflets. Claude Monet fut le seul parmi les impressionnistes à avoir mené jusqu'au bout une étude presque scientifique des possibilités de la couleur ; il est peu probable qu'on eût pu aller plus loin dans cette direction.