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où les collines s’élevaient.

      — Le tueur devait être posté quelque part entre ces deux chênes, dit-elle. Mais il a bien nettoyé la zone. Nous n’avons trouvé aucune trace de lui.

      Il devait y avoir une vingtaine de pieds entre les deux bosquets. Larson et son équipe avait fait du bon travail pour délimiter la zone.

      — Quel temps faisait-il ? demanda Riley.

      — Très clair, dit Larson. Une lune gibbeuse presque jusqu’à l’aube.

      Riley sentit un picotement lui chatouiller le dos. Elle recevait toujours ce signal familier quand elle était sur le point de pénétrer réellement dans une scène de crime.

      — J’aimerais aller voir par moi-même, dit-elle.

      — Bien sûr, dit Larson. Je vous y emmène.

      Riley ne sut comment lui dire qu’elle voulait y aller toute seule.

      Heureusement, Bill parla à sa place.

      — Laissez l’agent Paige y aller sans vous. C’est son truc.

      Larson hocha la tête d’un air appréciateur.

      Riley traversa le terrain vague. A chaque pas, son picotement s’intensifia.

      Enfin, elle se retrouva entre les arbres. Elle comprit immédiatement pourquoi l’équipe de Larson n’avait pas réussi à trouver l’emplacement exact. Le terrain était très irrégulier et il y a avait des petits arbustes partout. Rien qu’entre les deux arbres, il y avait une demi-douzaine d’excellents emplacements pour s’accroupir ou s’allonger et tirer un coup de feu très propre en direction des casernes.

      Riley commença à marcher de long en large entre les arbres. Elle savait qu’elle ne cherchait pas quelque chose que le tueur aurait pu laisser derrière lui – pas même des empreintes. Larson et son équipe n’auraient rien raté.

      Tout en prenant de profondes inspirations, elle s’imagina ici aux petites heures de la matinée. Les étoiles venaient juste de disparaître et la lune jetait encore des ombres tout autour.

      Elle sentit quelque chose, de plus en plus fort – la présence du tueur.

      Riley prit de longues inspirations et se prépara à pénétrer dans son esprit.

      CHAPITRE DIX

      Riley s’imagina dans la peau du tueur. Qu’avait-il ressenti, pensé et observé en venant ici à la recherche du parfait endroit pour tirer ? Elle voulait devenir le tueur, autant qu’il était possible, pour le retrouver. Elle en était capable. C’était son don.

      D’abord, elle savait qu’elle devait trouver l’endroit.

      Elle chercha comme il avait dû chercher.

      Tout en déambulant, elle sentit un mystérieux appel magnétique.

      Elle était attirée par un saule rouge. D’un côté du buisson, il y avait de la place entre les branches et le sol. Il y avait un creux à cet emplacement.

      Riley s’accroupit et examina le sol avec attention.

      La terre était lisse.

      Trop lisse, pensa Riley.

      Partout ailleurs, le terrain était plus irrégulier.

      Riley sourit.

      Le tueur avait fait tellement attention à nettoyer après son passage qu’il en avait trahi sa position exacte.

      Imaginant la scène par une nuit bien éclairée, Riley baissa les yeux vers la pente et vers le terrain vague devant les casernes.

      Elle imagina ce que le tueur avait vu – la silhouette lointaine du sergent Worthing sortant par la porte de derrière.

      Riley sentit un sourire se former sur le visage du tueur.

      Elle l’entendit penser…

      « Pile à l’heure ! »

      Et maintenant, comme le tueur l’avait prévu, le sergent allumait une cigarette et s’adossait au mur.

      C’était le moment. Il fallait être rapide.

      Le ciel commençait à s’éclaircir là où le soleil allait se lever.

      Comme l’avait probablement fait le tueur, Riley s’allongea dans le creux de terrain. Oui, c’était l’emplacement idéal, la forme parfaite pour un tueur armé d’un fusil de précision.

      Comment était l’arme entre ses mains ?

      Riley n’avait jamais manipulé de fusil M110 mais, quelques années plus tôt, elle s’était entrainée avec le modèle précédent, le M24. Chargé et assemblé, le M24 pesait seize livres. Riley avait lu que le M110 n’était pas beaucoup plus léger.

      S’il utilisait en plus une visée nocturne, l’arme devait peser lourd.

      Riley imagina ce qu’il voyait à travers la lunette. L’image du sergent Worthing était granuleuse.

      Ce n’était pas un problème pour un vrai sniper. C’était même un tir facile. Pourtant, Riley sentait que le tueur n’était pas satisfait.

      Qu’est-ce qui l’ennuyait ?

      A quoi pensait-il ?

      Puis une pensée lui vint…

      « J’aimerais bien voir sa tête. »

      Riley comprit avec un sursaut.

      Le meurtre était personnel. C’était un acte de haine, ou au moins de mépris.

      Mais il n’allait pas repousser l’échéance sous prétexte qu’il n’était pas satisfait. Il pouvait bien se passer de voir l’expression sur le visage de sa proie.

      Elle sentit la résistance quand elle pressa la détente, puis le brusque recul du fusil quand la balle fusa.

      C’était un coup de feu loin d’être assourdissant. Le silencieux et le cache-flamme avaient dû atténuer le bruit et l’éclair.

      Le tueur craignait-il d’avoir été entendu ?

      Juste un instant, Riley en était certaine. Il avait abattu deux autres hommes de la même distance et personne n’avait rien entendu. Ou s’ils avaient entendu les coups de feu, personne n’y avait pensé à deux fois.

      Que faisait le tueur maintenant qu’il avait tiré ?

      Il continue de regarder à travers la visée, se dit Riley.

      Il suivit avec sa visée le mouvement du corps qui s’affaissait contre le mur, jusqu’à s’accroupir maladroitement.

      Une fois encore, le tueur pensa…

      « J’aimerais bien voir sa tête. »

      Comme le tueur avait dû le faire, Riley se releva. Elle imagina le tueur en train de nettoyer le sol pour effacer sa trace, puis repartir comme il était venu.

      Riley poussa un soupir de satisfaction. Sa tentative de se glisser dans la tête du tueur lui avait appris plus encore qu’elle ne l’espérait.

      Du moins, elle avait une intuition maintenant.

      Elle pensa à ce que le colonel Larson avait dit sur le fait que les meurtres soient des attentats terroristes.

      « Ces temps-ci, c’est notre hypothèse par défaut. »

      L’intuition de Riley lui disait que cette hypothèse était fausse. Mais elle n’était pas prête à le dire à ses collègues. Etant donné les circonstances, Larson avait raison de suivre la piste du terrorisme. C’était une question de procédure. Pendant ce temps, Riley faisait mieux de garder son intuition pour elle – du moins, tant qu’elle n’aurait pas de preuves.

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